Mort d'Anne-Cécile Pinel: ses parents espèrent que le dossier sera repris par le pôle "cold cases"

Anne-Cécile Pinel avait 23 ans lorsqu'elle a disparu en Croatie, en 2014. - DR - Michel et Ghislaine Pinel
Les années passent, pas la colère. Cinq ans après la découverte des restes d'Anne-Cécile Pinel en Croatie, ses parents Michel et Ghislaine gardent l'espoir de comprendre ce qui est arrivé à leur fille, mais déplorent la lenteur des investigations et les non-lieu successifs.
Si le dossier a été clos en Croatie, où la jeune femme était partie voyager avec des amis, le flou entoure toujours les circonstances de sa mort. "On n'est pas allé au bout de l'enquête. On reste avec des interrogations", souffle auprès de RMC Crime Michel Pinal, qui a la sensation que les autorités françaises ne prennent pas au sérieux le dossier de sa fille.
"Ce qui est frustrant, c'est le nombre d'années qui passent. Nous ne rajeunissons pas."
Elle disparaît lors d'un festival de musique électronique
Ce devait être son premier festival. En juillet 2014, la jeune femme originaire de Saint-Paul-sur-Isère de 23 ans, qui suit une formation pour travailler dans la production d'appartements, décide de partir en van en Croatie pour participer à un festival de musique électronique et découvrir le pays au cours d'un roadtrip. "C’était une personne qui allait au bout des choses qu’elle entreprenait", se souviennent ses parents.
Le 21 juillet, au dernier soir du festival, elle disparaît soudainement. "Des gens, des Français qui étaient là-bas, se sont inquiétés de ne pas voir Anne-Cécile sur le site. Ils ont prévenu la sécurité sur place, mais on leur a dit qu'il fallait attendre 48 heures avant d'aller voir les gendarmes étant donné qu'elle était adulte", raconte Michel Pinel.
Face à l'absence prolongée de la jeune femme, une enquête est finalement ouverte en Croatie. Mais les recherches s'éternisent: impossible de retrouver le corps d'Anne-Cécile. "En Croatie, la justice ne fonctionne pas comme chez nous. On ne peut pas porter plainte contre X", détaillent aujourd'hui les parents, expliquant les lenteurs des investigations. "Une fois qu’ils ont commencé les procédures, à la mi-septembre 2014, ils ont laissé entendre que si on devait retrouver quelque chose, ce serait retrouvé par des promeneurs."
Ses restes retrouvés trois ans plus tard
Effectivement, ce n'est qu'en janvier 2018 qu'un groupe de chasseurs tombe sur des ossements. On fait alors le rapprochement avec la disparition de la jeune femme, et les analyses ADN confirment qu'il s'agit bien de sa dépouille. On constate également que la victime avait reçu un coup sur la tête.
Malgré tout, cette découverte importante n'empêche pas le juge d'instruction français en charge de l'affaire en France de rendre un non-lieu, afin de "laisser l'enquête suivre son cours en Croatie", rappellent les Pinel.
Au total, trois non-lieu seront prononcés et chaque fois annulés après le pourvoi en appel des parents. "Ils ne tenaient pas du tout la route. Les enquêtes n’ont pas été menées à leur terme, les résultats décrits dans le non-lieu relèvent d’un grand roman", dénonce le père de la victime. L'an dernier, un nouveau juge a été nommé.
Un dossier négligé en France?
Mais depuis le début de la procédure, Michel et Ghislaine ne parviennent pas à se départir de l'idée selon laquelle le dossier a largement été négligé par les autorités françaises.
"En Croatie, le directeur de la police de Zagreb avait demandé des compléments d’information à l'un des juges d'instruction français, et il n’a jamais eu de réponse. Malgré tout ce qu’on a pu nous dire, que [la coopération] fonctionnait bien entre les pays, les Français ne sont pas prêts de collaborer avec d’autres pays."
"Le premier juge nous avait dit qu'il ne voyait pas l'intérêt d'envoyer des enquêteurs français là-bas, si ce n'est pour faire du tourisme judiciaire", raconte Ghislaine Pinel.
Du sang retrouvé dans le fourgon
En Croatie, faute d'éléments supplémentaires, les enquêteurs en viennent à conclure qu'il s'agit sûrement d'un accident: la jeune femme serait montée sur un pylône avant de perdre l'équilibre et de se tuer en tombant. Malgré tout, aucun élément concret ne vient étayer cette hypothèse, d'autant que du sang est retrouvé dans le fourgon d'Anne-Cécile et que ses affaires sont retrouvées dans une maison à l'opposé de l'endroit où les ossements ont été découverts, comme le souligne Le Progrès.
"Il n'y a pas eu d'autopsie en France, malgré le fait qu'on l'ait demandé. Nous avons aussi demandé que l'on reprenne les analyses dans le fourgon", détaillent les parents.
Neuf ans après les faits, Michel et Ghislaine Pinel ont demandé au pôle cold case de Nanterre de reprendre le dossier de la mort de leur fille. "C'est un nouvel espoir, certainement. Le dossier d'Anne-Cécile réunit tous les éléments pour être reçu comme un cold case. Les juges de Nanterre sont formés pour ce type d'enquête, ils ont les moyens et la possibilité d'aller en Croatie et de voir avec leurs homologues croates ce qu'il s'est passé."