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Cold Cases

Pôle "cold cases": 28 ans après les faits, le dossier d'une femme morte brûlée dans sa voiture, réexaminé

Marie-Michèle Calvez avait été retrouvée morte dans sa voiture, en 1994 dans le Finistère.

Marie-Michèle Calvez avait été retrouvée morte dans sa voiture, en 1994 dans le Finistère. - Google Street View

De nouveaux témoignages ont émergé depuis la reprise de l'enquête par le pôle de Nanterre, annonce l'avocat de la soeur de la victime, Marie-Michèle Calvez.

Un meurtre finistérien parmi les affaires étudiées par le Pôle dédié aux crimes sériels et non élucidés de Nanterre. Au mois de décembre, le pôle "cold cases" a accepté de reprendre le dossier de Marie-Michèle Calvez, rapporte l'avocat des parties civiles Didier Seban auprès de RMC Crime, confirmant une information du Télégramme.

Cette femme de 40 ans avait été retrouvée morte, calcinée dans sa voiture le 22 septembre 1994 à Guilvinec dans le Finistère. Son meurtrier n'a jamais été retrouvé. Et si l'enquête est restée ouverte pendant 28 ans, c'est en grande partie grâce à la détermination de la sœur de Marie-Michèle, Catherine.

"Elle n'a jamais rien lâché. Elle a toujours été dans le combat, relancé la justice, médiatisé l'affaire", résume Me Didier Seban. "C'est une blessure qui ne se referme jamais puisqu'on ne sait toujours pas qui est derrière le meurtre."

Une voiture calcinée, un corps dans le coffre

En pleine nuit, ce 22 septembre, des pêcheurs remarquent depuis la berge un véhicule en flamme sur un terrain vague, près d'une ancienne conserverie. À l'intérieur du coffre, les secours découvriront les restes d'un corps calciné.

Grâce à la plaque d'immatriculation du véhicule, les enquêteurs de la section de recherches de Rennes remonteront jusqu'à la propriétaire de la voiture: Marie-Michèle Calvez, 40 ans et vivant à Plonéour-Lanvern. Par ailleurs, celle-ci n'a plus donné signe de vie depuis le 21 septembre, et l'autopsie pratiquée sur le cadavre confirme qu'il s'agit bien d'elle.

Et les services d'enquête acquièrent rapidement une certitude: ce n'est ni un accident, ni un suicide, mais bien un assassinat. "C'était criminel, il n'y avait pas de débat", résume Didier Seban.

L'enquête se resserre sur l'entourage

Commerciale dans le milieu des assurances, Marie-Michèle est réputée pour être une redoutable professionnelle. "Il fallait passer avant Marie, sinon c’était râpé", racontait un ancien concurrent auprès du Monde.

Célibataire, elle vivait seule dans une maison héritée de ses parents. Un médecin qu'elle avait pour amant sera un temps soupçonné, puisqu'ils avaient rendez-vous le soir du meurtre. D'après son récit, Marie-Michèle ne s'est pourtant jamais présentée au rendez-vous. Aucune charge ne sera finalement retenue contre lui, racontent encore nos confrères.

Même si l'hypothèse de l'intervention d'un tueur en série de passage dans le Finistère à ce moment-là doit être étudiée par le pôle de Nanterre, selon l'avocat, la théorie d'un tueur de proximité a jusque-là été privilégiée. Dans l'entourage proche de la victime, les interrogatoires se multiplient.

Un voisin suspect, mais relâché

Comme le rappelle Didier Seban, il y a bien eu un autre suspect, à l'époque: un voisin de Marie-Michèle qui aurait pu avoir des sentiments pour elle: "Il avait fait un malaise, avait formulé des demi-aveux."

"Je ne suis pas un monstre, je l’ai juste retenue, je n’ai pas été violent", dira-t-il aux enquêteurs, comme le relatent nos confrères du Monde.

Mais à sa sortie de l'hôpital, il revient sur ses propos en déclarant les avoir formulés alors qu'il n'était pas dans son état normal. Aucune charge ne sera retenue contre lui non plus.

De nouveaux témoignages

Pour que le dossier soit repris à Nanterre, Didier Seban dit avoir fourni une demande longue de dix pages, mettant en avant des vérifications à faire sur des analyses ADN, des personnes que la victime fréquentait à l'époque du meurtre, mais aussi sur les tueurs en série passés en Bretagne à la même période. Autant d'éléments qui ont finalement convaincu le pôle "cold cases" de se saisir du dossier.

"On a commencé à recevoir des témoignages depuis la mise en lumière de l'affaire", déclare encore Didier Seban.

Jamais refermée, l'enquête autour du meurtre de Marie-Michèle Calvez était le dernier dossier criminel aux mains du tribunal judiciaire de Quimper, qui aujourd'hui n'est plus en charge de ce type d'affaires.

Elisa Fernandez