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Trente-cinq ans plus tard, le meurtre des "fiancés de Fontainebleau" reste une énigme

Des gendarmes et militaires lors des recherches suite à la disparition de Gilles Naudet et Anne-Sophie Vandamme, le 1er décembre 1988.

Des gendarmes et militaires lors des recherches suite à la disparition de Gilles Naudet et Anne-Sophie Vandamme, le 1er décembre 1988. - PIERRE VERDY / AFP

Gilles Naudet et Anne-Sophie Vandamme ont été tués en octobre 1988. Depuis, un suspect a été jugé mais acquitté, laissant les proches des victimes sans réponse.

C'est un dossier qui a conservé tous ses mystères. Alors que l'affaire des "fiancés de Fontainebleau" - aussi appelée des "disparus de Fontainebleau" - aura 35 ans mardi, la justice n'a pas été rendue depuis l'assassinat de Gilles Naudet et d'Anne-Sophie Vandamme en 1988. Et ce malgré l'identification d'un suspect, acquitté en 2001 au bénéfice du doute.

Le 10 janvier 1989, des chasseurs tombent sur les corps d'une femme, d'un homme et d'un chien, empilés les uns sur les autres dans la forêt de Fontainebleau, en Seine-et-Marne. Prévenues, les autorités interviennent et identifient les victimes: il s'agit d'un couple vivant à Saint-Mandé et recherché depuis le 31 octobre dernier. Seule leur voiture avait jusqu'ici été retrouvée.

Ce jour-là, Gilles Naudet et Anne-Sophie Vandamme, tous deux âgés de 25 ans, semblent s'être volatilisés alors qu'ils sont partis pique-niquer, accompagnés de leur chien. Depuis, des battues avaient été menées dans le secteur pour retrouver leur trace, sans succès.

Dix ans d'investigations infructueuses

Immédiatement, comme le relate Marianne, cette soudaine découverte dans un endroit où de nombreuses recherches ont déjà été menées et la disposition des corps des victimes, de toute évidence tuées par balle, mettent la puce à l'oreille des enquêteurs. Ils sont notamment trop bien conservés pour être restés à l'extérieur pendant presque trois mois.

"Quand madame Naudet [la mère de Gilles Naudet, ndlr] a vu les photos des corps, elle a remarqué que l’anorak de son fils était propre, comme s’il sortait de chez le teinturier", commente auprès de nos confrères Christian Porte, un journaliste d'investigation, auteur d'un livre sur l'affaire.

Malgré ces éléments, l'enquête piétine et nul ne sait qui pouvait en vouloir au couple, qui devait se marier dans les mois à venir. Tout juste imagine-t-on qu'il s'agit d'un accident de chasse, ou encore que Gilles Naudet a pu être confondu avec le fils d'Hosni Moubarak, le président égyptien de l'époque.

L'affaire est prescrite depuis 2011

Il faudra attendre 10 ans pour que les investigations rebondissent, grâce au témoignage inattendu d'une femme. Auprès des enquêteurs, elle déclare que le fils de son amie, âgé de 17 ans au moment des faits, a avoué le double meurtre.

Placé en garde à vue en 1999, le jeune homme reconnaît avoir tué Gilles Naudet et Anne-Sophie Vandamme en octobre 1988 aux côtés de son père et d'un ami de ce dernier, puis il s'emmêle entre plusieurs versions. Face au juge d'instruction, il se rétractera finalement en affirmant que les policiers qui l'ont interrogé lui ont extorqué des aveux par la violence.

Son procès s'ouvre malgré tout en 2001. Lors de l'audience, il maintiendra son innocence, et sera finalement acquitté au bénéfice du doute. Depuis, l'affaire est prescrite. "Judiciairement, il n'y a plus grand chose à faire dans cette enquête. Mais moralement, on peut essayer de trouver qui et pourquoi", explique Christian Porte, cette fois auprès d'Europe 1.

Elisa Fernandez