RMC Crime
Cold Cases

"J'ai toujours pensé à un crime gratuit": l'ex-procureur Jacques Dallest se confie sur la tuerie de Chevaline

L'entrée du village de Chevaline. La tuerie a eu lieu non loin de là.

L'entrée du village de Chevaline. La tuerie a eu lieu non loin de là. - -

L'ancien magistrat a accordé un entretien à La Dépêche, à l'occasion du onzième anniversaire de ce cold case.

Onze ans se sont écoulés depuis le 5 septembre 2012, laissant l'un des plus grands mystères français sans réponse. Malgré les nombreux actes d'enquête réalisés depuis des années, la tuerie de Chevaline, en Haute-Savoie, s'est depuis longtemps greffée à la longue liste des affaires non élucidées en France.

À l'occasion de cet anniversaire, l'ancien procureur de Grenoble Jacques Dallest, spécialiste de ces enquêtes et auteur de Cold cases, un magistrat enquête, évoque auprès de nos confrères de La Dépêche ce quadruple meurtre d'une famille anglo-irakienne et d'un cycliste comme un dossier "exceptionnel par sa complexité".

"Le travail a été fait en multipliant les vérifications sur la piste familiale, celle d’un héritage qui se passe mal, du complot intrafamilial ou d’espionnage… Des investigations ont été menées en Angleterre et aux Etats-Unis, sans résultat. Ce travail a pris beaucoup de temps", explique l'ancien procureur.

"Une tuerie pour rien, irrationnelle"?

Pourtant, plutôt qu'un assassinat avec un mobile bien précis, Jacques Dallest avoue avoir réfléchi à une autre piste pour expliquer le quadruple meurtre. "J’ai toujours pensé que l’on avait affaire à des crimes gratuits. Une tuerie pour rien, irrationnelle. On peut imaginer l’implication d’un individu au profil de survivaliste, bon tireur qui s’exerçait au tir dans le coin et qui surgit de cette forêt, l’arme à la main", évoque-t-il.

Pour lui, la scène de crime n'a rien d'un "guet-apens", à en croire l'arme utilisée par le tueur, "une arme inhabituelle dans ce type d'exécutions, (...) pouvant appartenir à un collectionneur".

L'arme en question, un Luger semi-automatique, n'a pour sa part jamais été retrouvée. Alors qu'elle pourrait constituer la clé de l'énigme, elle demeure encore aujourd'hui introuvable, empêchant les enquêteurs de remonter jusqu'à son propriétaire.

Entre les mains des juges du pôle de Nanterre

L'an dernier, le dossier de la tuerie de Chevaline a atterri sur le bureau des juges du pôle de Nanterre dédié aux crimes sériels et non élucidés, qui travaillent en collaboration avec les gendarmes de la section de recherches de Chambéry, explique encore Jacques Dallest. Une excellente nouvelle pour l'affaire, selon l'ex-magistrat.

"C’est un travail de très longue haleine. Tout est fait pour arriver à une résolution. Les techniques évoluent, la méthodologie des magistrats et leur investissement sont des atouts supplémentaires."

"On peut espérer un rebondissement à la faveur d’un nouveau témoignage, d’une nouvelle expertise", conclut-il toujours auprès de La Dépêche.

Elisa Fernandez