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Films et séries criminels

"Désignés coupables": 17 ans après, le calvaire de Florence Cassez raconté sur Netflix

Florence Cassez au moment de son arrestation en 2005

Florence Cassez au moment de son arrestation en 2005 - -

Florence Cassez a été condamnée à plusieurs dizaines d'années de prison au Mexique, avant d'être finalement libérée. La série-documentaire Désignés coupables, de Netflix, revient sur cette affaire qui a empoisonné les relations entre la France et le Mexique.

Ce documentaire est sorti hier sur Netflix, remuant une nouvelle fois Florence Cassez qui doit revenir sur l'histoire qui a hanté sa vie.

"C'était un choc. Quand j'ai vu la série en avant-première, le mois dernier, ça a été très violent. J'avais mis de côté toutes ces peurs, ces douleurs, et tout est revenu sous forme de cauchemars", explique-t-elle à nos confrères de La Voix du Nord.

Le 9 décembre 2005, Florence Cassez et son petit ami Israel Vallarta sont arrêtés au ranch Las Chinitas, au Mexique. Les images de leur arrestation ont été diffusées à la télévision. Le couple est accusé d’avoir orchestré plusieurs enlèvements et d’avoir séquestré leurs victimes. Ils sont aussi accusés de délinquance organisée et de possession d’armes à feu réservées à l’armée. Le documentaire “Désignés coupables: l’affaire Florence Cassez”, sur Netflix, revient sur cette affaire judiciaire qui a bouleversé la France.

Florence Cassez a 28 ans quand elle décide de rejoindre son frère Sébastien, installé au Mexique avec sa femme. Pour elle, c’est l’occasion d’apprendre l’espagnol et de vivre une nouvelle expérience. Là-bas, la jeune française fait la rencontre d’Israel Vallarta par l'intermédiaire de son frère. Il lui présente comme étant “son ami de confiance au Mexique”. Le jeune homme tombe sous le charme de Florence et une idylle commence à naître entre eux. “On a fini par se donner un bisou et notre relation a débuté”, raconte Florence Cassez face aux caméras. Elle décide de s’installer avec lui dans son ranch Las Chinitas.

Le taux d’enlèvements bat des records au Mexique

A cette période, le Mexique vit l’une des plus grandes crises de son histoire, et le nombre d’enlèvements explose. C’est l’enlèvement de la jeune Valéria, 18 ans, qui va être l’élément déclencheur de cette affaire. Le 13 septembre 2005, la jeune fille se présente au commissariat pour signaler l’enlèvement dont elle a été victime. Elle raconte que le 31 août, vers 6h30, elle a quitté son domicile pour se rendre en voiture au lycée. Sur le chemin, une voiture se serait mise en travers de la route et deux hommes se seraient approchés et auraient brisé la vitre de sa voiture avec la croche de leur arme. Ils l’auraient ensuite obligé à monter avec eux et l’auraient séquestré dans une maison. Le seul élément dont Valéria est sûre c'est qu’il s’agissait d’une volvo blanche. Le ravisseur appelle la mère de la jeune fille pour lui réclamer une rançon de 10 millions de pesos.

A ce moment-là, une agente de la brigade d’investigations du Mexique décide de placer le téléphone de la mère de Valéria sur écoute pour enregistrer les appels qu’elle reçoit des ravisseurs de sa fille. Un des hommes finit par la rappeler pour lui dire de réunir l’argent dans un sac. Valéria sera finalement libérée. En étudiant cet appel, les enquêteurs auraient reconnu la voix d’un homme qui se ferait appeler “le patron”, et qui serait à la tête de plusieurs enlèvements de chefs d’entreprise de confession juive.

Amoureuse du mauvais garçon

Le 4 décembre 2005, Valéria est interrogée une nouvelle fois. “Le patron m’a demandé si j’avais besoin de quelque chose, et j’ai dit ‘un miroir’. Il m’a répondu que ce n’était pas possible, mais qu’il allait faire une exception”, raconte-t-elle aux enquêteurs. La jeune fille explique qu’elle a entendu la perceuse fixer le miroir au mur et, en pensant que c’était fini, s'est retournée et aurait aperçu le visage de celui qui se fait appeler “le patron”, dans le reflet.

A la suite de ces rélévations, les agents circulent dans les rues avec la jeune fille dans l’espoir qu’elle se souvienne de la route ou d’un quelconque élément. “Valéria finit par identifier une personne à bord d’un véhicule, il s’agit d’une volvo”, explique Emmanuelle Steels, journaliste. Les policiers suivent la voiture jusqu’à ce qu’elle s’arrête devant une propriété qui n’est autre que le ranch de Las Chinitas. Ils auraient alors découvert qu'Israel Vallarta était au volant et qu'il se faisait appeler “le patron”. A partir de ce moment, l’homme devient le suspect numéro un dans ces affaires d’enlèvements et Florence Cassez devient sa complice, celle qui l’aiderait à organiser les rapts. Elle passera sept années en prison, au Mexique.

Un nouveau départ ?

17 ans plus tard, Florence Cassez vit avec sa fille de sept ans mais cette histoire fait désormais partie intégrante de son quotidien:

"J'ai fini par renoncer à oublier toute cette histoire, c'est impossible. On ne passe pas sept années en prison, à crier son innoncence, sans que cela laisse des traces indélébiles. Je vais devoir vivre avec cela totue ma vie, je le sais aujourd'hui."

Son souhait serait qu'Israel Vallarta sorte de prison et soit lui aussi innocenté dans cette histoire. "Il faudrait vraiment qu'il sorte, maintenant! Voilà 17 ans qu'il est en détention préventive officieuse, comme on dit là-bas. Cette situation est dénoncée par les associations de défense des droits de l'homme, parce que tout porte à croire qu'il est innocent", explique-t-elle au média local.

La vie de Florence Cassez reste un combat au quotidien. Elle doit désormais subvenir seule aux besoins de sa fille qui a perdu son papa en juin 2020. Mais son expérience derrière les barreaux mexicains a renforcé sa capacité à se battre.

"Je me bats tous les jours pour aller bien, être positive, surmonter les galères en me répétant que le pire est derrière moi et en gardant en tête ma priorité: le bien-être de ma fille", a-t-elle avoué à nos confrères de Paris Match.

Découvrez l’histoire qui a conduit la jeune française Florence Cassez a passer sept ans en prison au Mexique et qui est à l’origine d’un incident diplomatique entre l’ancien président de la République française, Nicolas Sarkozy, et le président du Mexique, Felipe Calderon, en 2011, dans le documentaire "Désignés coupables: l'affaire Florence Cassez" sur Netflix.

Alix Mancel