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L’histoire cachée de l’une des pires affaires criminelles de l’Eglise catholique

Dark Secret

Dark Secret - RMC BFM Play

Pendant des années, des centaines d’enfants ont été victimes d’abus sexuels de la part de membres du clergé catholique, à Philadelphie. Retrouvez le documentaire Dark Secret, sur la plateforme RMC BFM Play.

Arthur Baselice, Ruth et des centaines d’autres enfants ont été victimes de l’une des pires dissimulations criminelles de l’histoire de la Philadelphie. En 2002, la presse commence à publier des articles sur des centaines de plaintes pour abus sexuels de la part de prêtres, à Boston. Dans cette ville qui abrite le plus grand archidiocèse des Etats-Unis, 80 prêtres étaient inquiétés par ces accusations.

C’est en lisant ces histoires que la procureure Lynne Abraham s’est demandée s’il se passait la même chose à Philadelphie, où siège le deuxième plus grand archidiocèse du pays. Commence alors une enquête qui va la conduire à faire des découvertes d’une ampleur insoupçonnable. Le documentaire Dark Secret, disponible sur la plateforme RMC BFM Play, retrace son combat pour obtenir la vérité.

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En avril 2002, le cardinal Anthony Bevilacqua et d’autres cardinaux sont convoqués à Rome pour un sommet d’urgence, avec le pape. A la suite de cette visite, le Vatican publie une déclaration afin de présenter ses excuses aux victimes d’abus sexuels à Boston, sans pour autant promettre que des actions seront menées pour condamner le clergé.

A son retour de Rome, le cardinal assure que plus aucun prédateur sexuel n’est au sein de l’archidiocèse de Philadelphie. Mais pour la procureure, cette déclaration sonne faux. Elle redouble donc d’efforts pour prouver la culpabilité de l’Eglise catholique dans ces crimes sexuels.

Dès le début de son enquête, Lynne Abraham ne s’attendait pas à être confrontée à un mur. Elle a dû faire appel à des détectives privés pour s’immiscer dans les presbytères et les couvents afin de récupérer des preuves démontrant que le cardinal était au courant des crimes sexuels commis par l’Eglise.

De son côté, le clergé tente par tous les moyens de conclure des accords avec la procureure. “Plus ils essayaient de passer des accords avec nous, plus nous commencions à penser que c’était énorme”, explique-t-elle. L’équipe d’enquêteurs tentent d’obtenir des aveux de la part des prêtres de Philadelphie, mais elle se rend compte qu’ils se protègent tous: “Il y a une culture de la fraternité avant tout”, confie un pasteur.

Jusqu’au jour où quelqu’un leur parle de Monseigneur James E.Molloy qui a travaillé au sein de cet archidiocèse entre 1988 et 1994. Son rôle était de gérer les allégations d’abus sexuels sur enfants quand des plaintes arrivaient. La procureure réussit à le convaincre de leur parler, ce qui va enfin lui apporter des éléments concrets. “Il a dit ‘je savais que ces gens étaient des prédateurs. Je savais à quel point ils étaient mauvais’”. L’homme leur explique que pendant toutes ces années, il a pris des notes à chaque fois qu’un signalement était fait et détaillait tous les sévices subis. Grâce à lui, Lynne Abraham obtient l’accès à des dossiers sur 169 allégations d’abus sexuels.

Les victimes ont vécu le pire

L’un des cas recensé est celui de la petite Ruth. Le père Nicolas Cudemo l’a agressé sexuellement pour la première fois quand elle avait dix ans. Un an plus tard, elle tombe enceinte de lui, mais la religion catholique interdit l’avortement. Pourtant, le prêtre va organiser l’interruption de grossesse et continuer de violer la petite fille. A l’âge de treize ans, elle entre dans une pièce où se trouvent plusieurs prêtres. Rapidement, elle comprend qu’un piège vient de se refermer sur elle.

Elle tente alors de s’enfuir, mais ils la rattrapent, la tirent par les pieds et la viole chacun leur tour. Malgré ces allégations contre le prêtre Cudemo, le cardinal Bevilacqua l’a promu comme pasteur de paroisses à Philadelphie. “Nous parlons de viols d’enfants. Des enfants âgés de dix ou onze ans, garçons et filles ont été pénétrés de force, illégalement, par des membres du clergé. Nos enfants ont été utilisés comme outils de masturbation ou pour des actes dégoûtants de sadomasochisme sexuel” a déclaré la procureure.

Il y a aussi Arthur Baselice. En 1992, il se lie d’amitié avec le père Charles Newman. Jusqu’au jour où son père commence à s’inquiéter du temps qu’il passe avec l’homme d’Eglise. Il découvre finalement que le prêtre donnait de la drogue et de l’alcool à son fils pour abuser de lui. Les enquêteurs se rendent également compte qu’il avait volé 900.000 dollars à l’archidiocèse pour payer les enfants qu’il violait et acheter leur silence. Arthur est finalement mort d’overdose à l’âge de 28 ans.

Le délai de prescription comme compensation

Malheureusement, aucun de ces hommes d’Eglise ne pourra être condamné pour les actes qu’ils ont commis. “Le délai de prescription avait expiré pour chaque affaire. Les victimes n’ont pas eu le droit à la justice”, relate le documentaire.

Finalement, grâce au travail de Lynne Abraham, le délai de prescription pénale est passé de 30 à 50 ans pour tenir responsables ceux qui ont couvert ces abus. “Le jour où la loi sur le délai de prescription a été adoptée et signée par le gouverneur Rendell, le 30 novembre 2007, était le jour où Arthur a fait une overdose. Cela semblait révélateur”.

Découvrez l’histoire cachée de l’une des pires dissimulations criminelles de l’Histoire des Etats-Unis dans le documentaire Dark Secret, sur la plateforme RMC BFM Play.

Alix Mancel