À l'ouverture du procès du meurtre de Shaïna, la famille attend "la manifestation de la vérité"

Une photo de Shaïna - Famille
Quatre jours d'audience qui s'annoncent particulièrement éprouvants pour les parties civiles. Après le volet consacré à l'agression sexuelle que Shaïna Hansye a subie à l'âge de 13 ans en 2017, c'est à présent celui de son assassinat, deux ans plus tard, qui va s'ouvrir lundi devant la cour d'assises de l'Oise.
Jusqu'au 9 juin, son meurtrier présumé, aujourd'hui âgé de 21 ans, va comparaître devant la cour d'assises des mineurs de Beauvais, accusé d'avoir tué la jeune fille en 2019 en la poignardant et en brûlant son corps dans un cabanon de Creil.
Et même si le mis en cause nie depuis le début les faits qui lui sont reprochés, "la famille attend la manifestation de la vérité" sur la mort de Shaïna, commente auprès de RMC Crime l'avocate des parties civiles.
Poignardée puis brûlée vive
Le soir du 25 octobre 2019, Shaïna quitte l'appartement dans lequel elle vit avec ses parents. L'adolescente, âgée de 15 ans, part rejoindre son petit ami. Elle vient d'apprendre qu'elle est enceinte de lui après un rapport sexuel non protégé quelques semaines plus tôt, ce que l'intéressé, qui a 17 ans, ne semble pas accepter.
Quelques heures plus tard, une rumeur circule à Creil: une jeune fille aurait été tuée parce qu'elle est enceinte. On commence à murmurer les noms de Shaïna et celui de son meurtrier présumé, jusqu'à ce que la rumeur se confirme: la jeune fille de 15 ans est retrouvée morte, son corps carbonisé après avoir reçu des coups de couteau, dans un cabanon abandonné de la cité.
Agressée sexuellement deux ans auparavant, Shaïna était malgré elle poursuivie par une réputation de "fille facile", ont rapporté des témoins au cours de l'instruction. D'après les déclarations du suspect, c'est pour cette raison qu'il se serait tourné vers elle, dans l'objectif d'avoir un rapport sexuel, rapporte Le Monde. Mais depuis le début de l'instruction, il nie avoir assassiné la jeune fille.
"Leur deuil n'a jamais vraiment débuté"
Avant que ne s'ouvre le procès pour assassinat, quatre autres hommes ont été jugés et condamnés jeudi en appel à des peines allant de 6 mois à deux ans de prison pour avoir agressé sexuellement Shaïna en 2017 dans un immeuble désaffecté, alors qu'elle n'avait que 13 ans.
Avant que ne débute une nouvelle étape judiciaire, la famille de l'adolescente organise en mémoire de Shaïna un rassemblement entre 8 heures et 8h45 devant le tribunal de Beauvais avant le début de l'audience, lundi matin. L'objectif: se recueillir en mémoire de Shaïna, et apporter du soutien à la famille de la victime avant un procès qui s'annonce "très difficile" étant donné les circonstances dans lesquelles le crime a été commis, commente Me Negar Haeri.
"La famille n'a pas pu voir le corps de Shaïna, le parquet les en a dissuadés étant donné l'état du corps. Leur deuil n’a jamais vraiment débuté."
Ses clients se préparent également à voir l'accusé plaider l'acquittement en continuant à nier les faits comme il l'a fait depuis le début. "Ils vont se retrouver face à celui qu’ils pensent être l’assassin de leur fille. Ils vont mettre un visage sur le nom qu’ils connaissent depuis quatre ans. Et du point de vue de la famille, c'est évidemment une violence supplémentaire de voir quelqu'un contester les évidences du dossier."
Failles
Pour l'avocate, l'assassinat de Shaïna n'a rien d'un meurtre dans lequel la victime se trouvait au mauvais endroit, au mauvais moment. C'est parce que les précédentes plaintes déposées par la jeune fille n'ont pas réellement été prises au sérieux que l'on a failli à la protéger face à la réputation qui la poursuivait, explique-t-elle.
"Ça a été un continuum de violence qui souligne une responsabilité collective. Elle a été tuée parce qu'elle était une fille, et d'autant plus parce qu'elle était une 'fille facile', une fille qu'on méprise."
Une méprise de genre qui se superpose, détaille Negar Haeri, à un échec au niveau de certaines politiques publiques qui a conduit au drame. Lieux désaffectés, absence de propositions culturelles, failles dans le système éducatif... Selon elle, l'assassinat de Shaïna reflète les défaillances de "tout ce qui devrait préparer un garçon à ne pas basculer."
3919: le numéro de téléphone pour les femmes victimes de violence
Le "3919", "Violence Femmes Info", est le numéro national de référence pour les femmes victimes de violences (conjugales, sexuelles, psychologiques, mariages forcés, mutilations sexuelles, harcèlement...). C'est gratuit et anonyme. Il propose une écoute, informe et oriente vers des dispositifs d'accompagnement et de prise en charge. Ce numéro est géré par la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF).