Affaire de la Josacine empoisonnée: 30 ans après, une nouvelle demande de révision du procès

Jean-Marc Deperrois lors de son procès en 1997. - MEHDI FEDOUACH / AFP
Près de 30 ans après le début de l'affaire, le combat continue pour Jean-Marc Deperrois. Son avocate Me Valérie Rosano a déposé mi-janvier une troisième requête pour demander la révision du procès de son client, rapporte-t-elle auprès de RMC Crime, confirmant une information du Parisien.
Alors qu'il a toujours clamé son innocence, celui-ci avait été condamné à 20 ans de prison en 1997, dans l'emblématique affaire de la Josacine empoisonnée.
"C'est le combat d'une vie pour Jean-Marc Deperrois, et pour moi, c'est une question de principe. Je suis intimement convaincue que ce n'est pas lui" qui a tué la petite Emilie Tanay en empoisonnant son flacon de Josacine, nous confie Valérie Rosano.
Un flacon de Josacine
En 1994, la victime, Emilie Tanay, 9 ans, était venu passer la nuit à Gruchet-le-Valasse en Seine-Maritime chez les parents d'un de ses amis, Sylvie et Jean-Michel Tocqueville. Le soir, alors qu'elle doit prendre une dose de Josacine pour soigner une rhino-pharyngite, elle se plaint du goût du sirop, qui lui semble anormal, se rince la bouche dans la cuisine puis retourne jouer.
Quelques heures plus tard, cependant, la fillette meurt. Aussitôt, le regard des enquêteurs se tourne vers Jean-Marc Deperrois, un chef d'entreprise et adjoint au maire bien connu dans le coin.
Amant de Sylvie Tocqueville, il est soupçonné d'avoir voulu empoisonner le mari de celle-ci en pensant que le flacon de Josacine lui était destiné. On estime qu'il a donc introduit du cyanure dans la bouteille, des faits pour lesquels il a été condamné trois ans plus tard.
"Elle aurait dû mourir dans la seconde"
C'est sur ce dernier point que Valérie Rosano, son avocate, monte à présent au créneau. Celle-ci a fait appel au professeur Frédéric Baud, spécialiste du cyanure et médecin réanimateur afin d'examiner les rapports d'expertises du dossier d'instruction.
Selon lui, si du cyanure avait été introduit dans le flacon de Josacine aux doses indiquées, la petite fille serait morte immédiatement, sous le coup d'une "intoxication foudroyante", explique l'avocate.
"Elle aurait dû mourir dans la seconde. Ce qui ne colle pas aux témoignages des personnes présentes, la famille Tocqueville", qui a expliqué qu'entre l'ingestion du produit et la mort de la fillette, celle-ci a eu le temps d'aller aider Sylvie Tocqueville à s'habiller et d'aller jouer.
"Quand on prend une quantité de cyanure aussi importante, les fonctions vitales s'arrêtent immédiatement", explique encore l'avocate.
Intoxication ou accident domestique?
Sur la base de ces nouvelles expertises, Jean-Marc Deperrois et son conseil espèrent que les juges accèderont à cette troisième demande de révision de procès. "Il faut toujours garder espoir", souffle Valérie Rosano, que le rejet des deux demandes précédentes n'a pas découragée.
Après le procès de Jean-Marc Deperrois, un journaliste du Monde, Jean-Michel Dumay, avait mené une contre-enquête pour tenter de prouver l'innocence du condamné. Ses investigations avaient eu pour effet de faire émerger une autre théorie: celle d'un accident domestique maquillé en intoxication.
D'après lui, le flacon aurait donc pu être empoisonné après la mort de la petite Emilie Tanay.
"Les enquêteurs ont pris pour argent comptant que ce flacon était l'arme du crime", explique-t-il sur BFMTV ce dimanche. "Il y a une incohérence entre les témoignages des Tocqueville et les constatations toxicologiques".
Il assure notamment que Jean-Michel Tocqueville lui a confié avoir tenté de faire vomir la petite à l'apparition des symptômes, ce qui n'a jamais été évoqué dans l'enquête.
Cependant, ni cette hypothèse, ni les éléments avancés par Valérie Rosano n'ont jusque-là amené les juges à se repencher sur le dossier.