Dutroux, Dupont de Ligonnès, Fourniret: que deviennent ces maisons de l’horreur?

Maison de Jean-Claude Romand - AFP
Les murs auraient une mémoire. Mais alors, que deviennent les lieux où ont été commis des crimes particulièrement sordides? Si certains y voient de bonnes affaires, car le prix de la maison est bradé, d’autres ne peuvent s’empêcher de se remémorer les scènes macabres qui s’y sont jouées. Parce que la maison a fait la une des médias, certains acheteurs y voient une source de revenus. Alors que d'autres maisons restent à la vente pendant des années, sans trouver d’acheteur.
L’affaire Jubillar en est l’exemple parfait. Delphine Jubillar a disparu depuis le 15 décembre 2020. Depuis, son mari est le suspect numéro un dans cette affaire. Et d’après les voisins du domicile du couple, la situation est devenue invivable. Selon les propos recueillis par Le Figaro, chaque nouveau rebondissement dans les recherches pour retrouver Delphine entraîne de nombreux visiteurs dans la rue.
“C’est la folie. Dès qu’on en parle un peu à la télé, l’après-midi, il y a du monde. Les gens font des photos, des travellings en voiture… Un jour, j’en ai trouvé un derrière le grillage des voisins. Il avait escaladé une propriété privée. Les gens n’ont plus aucune limite…”, a-t-il expliqué à nos confrères.
Pour dédramatiser la situation, le voisin s’est amusé à proposer à sa femme de faire des cartes postales à l’effigie de la maison des Jubillar. Si Cédric Jubillar est encore présumé innocent dans la disparition de sa femme, il se pourrait bien que leur maison se transforme en maison de l’horreur, si sa culpabilité est avérée.
Mais pour les bâtisses qui ont été le théâtre de crimes macabres, voici le destin qu’elles ont connu.
La maison de Marc Dutroux
Surnommée “la maison de l’horreur”, la maison de Marc Dutroux est le lieu où il a séquestré, torturé et tué ses petites victimes. Entre 1995 et 1996, le tueur en série belge a enfermé plusieurs jeunes filles dans sa cave.
Le 7 juin 2022, les travaux de démolition ont commencé pour raser cette maison. Ils ont duré une dizaine de jours, dans le quartier de Marcinelle, à Charleroi, en Belgique. A la demande des familles de victimes, les caves, où ont eu lieu les sévices imposés par Marc Dutroux, ont été préservées. A la place, un jardin mémorial sera érigé d’ici la fin de l’année 2023, en hommage aux jeunes filles tuées par le criminel belge.
Baptisé “entre ciel et terre”, des arbres et des fleurs y seront plantés en “symbole de la vie”, a expliqué Sarah Boudervan, porte-parole du bourgmestre de Charleroi. Mais ces caves sont conservées pour une autre raison. Elles pourraient être le terrain de nouvelles investigations dans les enquêtes non-élucidées de disparition de jeunes filles. Avant sa destruction, cette maison a d’ailleurs été le lieu d’exploration urbaine pour de nombreux adeptes.

La maison de Xavier Dupont de Ligonnès
Cette maison, située à Nantes, porte encore les stigmates de l’horreur qui s’est jouée entre ses murs. Le 21 avril 2011, Xavier Dupont de Ligonnès a tué sa femme et ses quatre enfants et a enterré les corps sous la terrasse, dans le jardin. Mise en vente en février 2012, la demeure n’a pas trouvé d’acquéreur pendant quatre ans. C’est finalement en 2015 que cette maison de 122 m² a été vendue. Mais à un prix bien en dessous du prix du marché immobilier. Estimée à 450.000 euros, la bâtisse a trouvé preneur pour 260.000 euros, selon le média Capital.
Les acheteurs ont décidé de la rénover intégralement sans jamais vivre dedans. En 2019, à la fin des travaux, ils l’ont finalement remis en vente. Et cette fois-ci, le couple d'acquéreurs a pu en tirer un plus grand bénéfice puisqu’elle s’est vendue à 479.000 euros.

La maison de Michel Fourniret
Avant sa mort, Michel Fourniret vivait dans le château de Sautou, situé près de Sedan, dans les Ardennes. Il se serait procuré ce pavillon de chasse après avoir volé une partie du trésor amassé par le gang des postiches à l’un de ses co-détenus, Jean-Pierre Hellegouarch, selon les informations relayées par Libération.
Cette bâtisse a été le théâtre de découvertes macabres quand la police a retrouvé, le 3 février 2004, les corps de Jeanne-Marie Desramault et d’Elisabeth Brichet. Depuis, cette luxueuse maison a été revendue à plusieurs propriétaires, dont à un couple de pharmaciens belges qui en avait fait sa résidence secondaire. La dernière vente remonte au mois de janvier 2015, mais aucune information n’a été donnée sur les nouveaux acquéreurs.

La maison de Jean-Claude Romand
Les 9 et 10 janvier 1993, Jean-Claude Romand tue sa femme, ses trois enfants et ses deux parents. Après avoir mené une vie de mensonges pendant 18 ans, le faux-médecin les a tués dans sa propre maison, à Prévessin-Moëns dans l’Ain. Pour dissimuler son quintuple meurtre, il décide d'y mettre le feu.
Après le drame qui s’est joué dans cette demeure, les propriétaires de la maison qu’occupait la famille Romand ont décidé de la garder et de la rénover. Ce qui a étonné le voisinage. “Nous, on voulait que la maison disparaisse”, a déclaré une voisine. Le maire de la commune au moment des faits avait même suggéré à son successeur de faire raser les lieux. “De toute façon, la population bouge beaucoup ici, la plupart des habitants n’étaient pas là au moment des faits”, a-t-il expliqué dans les colonnes de France info.
Pour poursuivre sur les maisons de l'horreur, retrouvez le documentaire Dozier, la maison de correction de l'horreur sur la plateforme RMC BFM Play.