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Héritage mortel dans l'Aveyron: poussé par ses avocats, l'accusé exprime des regrets

Le double homicide a eu lieu à Castelnau-de-Mandailles, dans l'Aveyron, en mars 2019.

Le double homicide a eu lieu à Castelnau-de-Mandailles, dans l'Aveyron, en mars 2019. - Google Street View

Jugé depuis lundi devant la cour d'assises de Rodez, l'homme accusé d'avoir tué sa soeur et son beau-frère en 2019 pour une histoire d'héritage a enfin évoqué des remords.

Depuis maintenant deux jours, la cour d'assises de Rodez tente de reconstituer la dernière soirée d'Henriette et Firmin, deux retraités tués à Castelnau-de-Mandailles dans l'Aveyron en 2019 sur fond de tensions autour d'un héritage familial. Mardi, à la barre, l'accusé Joël Ayral a fini par exprimer des remords, poussé par ses avocats, après s'être débattu avec le récit qu'il fait du double meurtre, comme le rapportent nos confrères de La Dépêche.

L'homme de 66 ans a d'abord maintenu la version selon laquelle il n'a agi que par légitime défense face à sa soeur de 72 ans et son beau-frère de 82 ans qui, dit-il, l'ont agressé alors qu'il taillait un arbuste sur un terrain qu'il disputait au couple depuis la mort de son père.

Mais un élément contredit l'hypothèse d'une violente attaque de la part d'Henriette et Firmin: il y a une différence considérable de corpulence entre Joël Ayral et celle les deux retraités, dont l'état de santé s'était dégradé depuis plusieurs années.

"Arrêtez de reconstruire la scène dans votre tête!"

Preuve de l'improbable récit dans lequel a commencé à s'engouffrer l'accusé mardi, ses avocats l'ont enjoint à ne pas tenter de mentir. "Pour bien vous juger, il faut se rapprocher de la vérité", a d'abord soufflé Me Jean-Marc Darrigade, toujours cité par nos confrères.

Mais c'est son autre conseil, Me Alexandre Martin, qui s'emportera finalement en le pressant de dire la vérité. "On n'en a rien a foutre de ça, M. Ayral. Il y a deux morts là! Vous savez ce que ça veut dire, vous êtes humain! (...) Vous n'avez pas contrôlé votre colère après toutes ces années, point! Arrêtez de reconstruire la scène dans votre tête", a-t-il lancé à son client.

"J'étais un animal, j'étais un animal... je regrette", a finalement déclaré Joël Ayral au terme de cette joute verbale.

Les victimes et l'accusé se livraient une guerre ouverte depuis des années autour d'une parcelle de terrain héritée du père de Joël et Henriette. Plusieurs fois, le premier a tenté en vain de saisir les tribunaux pour réclamer le terrain, et menaçait depuis longtemps déjà d'utiliser une méthode plus radicale pour régler leurs conflits, selon les parties civiles. Si la préméditation est retenue, l'homme encourt la réclusion criminelle à perpétuité pour ce double meurtre.

Elisa Fernandez