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Nicolas Zepeda récuse son avocat, son procès en appel reporté à jeudi

Le Chilien Nicolas Zepeda (c) et ses avocates MMe Jacqueline Laffont (d) et Julie Benedetti (g), au premier jour de son procès devant la cour d'assises du Doubs, le 29 mars 2022 à Besançon

Le Chilien Nicolas Zepeda (c) et ses avocates MMe Jacqueline Laffont (d) et Julie Benedetti (g), au premier jour de son procès devant la cour d'assises du Doubs, le 29 mars 2022 à Besançon - PATRICK HERTZOG © 2019 AFP

C'est finalement Me Renaud Portejoie qui assurera, dès jeudi, la défense du jeune Chilien accusé d'avoir tué son ex-petite amie, Narumi Kurosaki, en 2016.

"Je vous informe que je ne serai pas présent à l’audience mardi matin." Les mots de l'avocat de la défense Antoine Vey, lus par le président de la cour d'assises de Vesoul au premier jour du procès en appel de Nicolas Zepeda mardi, ont précipité le report de l'audience. Jugé pour l'assassinat de son ex-petite amie Narumi Kurosaki en 2016, l'accusé "n'entendait pas maintenir [le] mandat de représentation" de son avocat.

"Dans ce cadre, à défaut de mandat, je vous informe que je ne serai pas présent à l’audience mardi matin. En tout état de cause, dans le respect du secret professionnel, je vous indique que la situation actuelle m’empêchera, en conscience, d’assurer sa défense", a écrit Antoine Vey dans une lettre lue à l'ouverture de l'audience et cités notamment par L'Est républicain.

Le procès, qui devait se tenir de mardi au 10 mars prochain, commencera donc finalement jeudi, avec deux jours de retard. Nicolas Zepeda a demandé à Renaud Portejoie de le défendre lors du procès, non sans avoir auparavant récusé deux avocates commises d'office.

Pourquoi un tel revirement, si proche de l'ouverture du procès? Si Antoine Vey, un ténor du barreau, ne s'est pas étendu sur les raisons de ce changement, on sait que Nicolas Zepeda a toujours été strict sur sa ligne de défense, malgré les éléments au dossier l'accablant.

Un faisceau d'indices, mais pas de corps ni d'aveux

Car dès le début de l'instruction et les premiers soupçons portés sur lui, Nicolas Zepeda le soutient: il n'a pas tué Narumi Kurosaki, étudiante japonaise disparue à Besançon dans la nuit du 4 au 5 décembre 2016, et dont le corps n'a jamais été retrouvé.

Sans aveux ni corps, difficile de prouver que le Chilien est bien l'auteur des faits. Pourtant, un faisceau d'indices met en lumière sa probable implication, de sa présence à Besançon uniquement pour revoir son ex-petite amie après une séparation mal acceptée, à sa géolocalisation dans une zone forestière à deux reprises après avoir acheté un bidon de produit inflammable.

Malgré tout, s'il est le dernier à avoir vu l'étudiante vivante, il n'en démord pas: il n'a rien à voir avec l'assassinat et il le martèle, que ce soit auprès des enquêteurs ou auprès de ses avocats.

"Je nie de toutes mes forces ces accusations"

Lors de son procès en première instance, il avait tenu à le rappeler en ouverture: "Je tiens à dire clairement que je n'ai pas tué Narumi, je nie de toutes mes forces ces accusations."

Témoignage après témoignage, preuve après preuve, il avait opposé ses propres explications. Les cris de terreur entendus le soir où il se trouvait dans la chambre de Narumi, avant qu'elle ne disparaisse? Des "cris de plaisir" pendant un rapport sexuel, rétorquait-il. Et les images d'un individu cagoulé sur le parking de la résidence étudiante, où sa voiture de location avait été localisée? Ce n'est pas lui, affirmait-il.

Ses avocates de l'époque, Me Jacqueline Laffont et Me Julie Benedetti, avaient elle-même tenté d'obtenir de sa part un semblant d'aveux. "Est-ce que l’on peut imaginer qu’une dispute se serait produite et que cette dispute aurait mal tourné?", lui avait lancé la première, citée par Le Monde à l'époque. Réponse de l'accusé: "Non."

"Vous, avez-vous envie de dire quelque chose, une dernière fois ? Je sais ce que vous dites. Je sais ce que vous me dites. Mais là, maintenant, avez-vous envie de dire quelque chose… ou pas?", avait-elle tenté une dernière fois, en vain.

D'après France 3, Nicolas Zepeda devrait adopter la même ligne de défense lors de ce procès en appel: dire qu'il est innocent et, en outre, détourner l'attention sur Arthur del Piccolo, le dernier petit ami de Narumi Kurosaki, qui s'est constitué partie civile.

Elisa Fernandez