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"Nous, on est en prison": ils dénoncent la remise en liberté du meurtrier présumé de leurs enfants

A la maison d'arrêt de Rouen, où était placé le meurtrier présumé de Caroline et Christophe avant sa libération. (photo d'illustration)

A la maison d'arrêt de Rouen, où était placé le meurtrier présumé de Caroline et Christophe avant sa libération. (photo d'illustration) - Robert François - AFP

Caroline et Christophe ont été abattus en février 2019. Leur meurtrier présumé, l'ex-mari de la jeune femme, vient d'être remis en liberté en attendant son procès, après 4 ans en prison. Une aberration pour les parents du couple.

Cette nouvelle les a plongés une deuxième fois dans l'horreur. Les parents de Caroline et Christophe, un couple tué en février 2019 par l'ex-mari de la jeune femme, ont appris le 6 février dernier que le meurtrier de leurs enfants a été remis en liberté dans l'attente de son procès. "Il va reprendre une vie quasi-normale", ont-ils dénoncé auprès de TF1.

"Il va aller se promener en forêt, il va humer la terre", déplore la mère de Caroline. "En cette même terre où nos deux enfants sont ensevelis. Moi, je ne conçois pas ça, pour moi, c'est non."

Car pour eux, la peine qu'ils subissent depuis la perte de leur enfant est incompressible, tandis que le meurtrier présumé de leurs enfants profite de sa liberté. "Lui, il sort de prison, mais nous, on est en prison. Quelque part, c'est le sentiment que j'ai", ajoute le père de Christophe.

Quatre ans de détention

La vie de ces parents a basculé dans la nuit du 4 au 5 février 2019 quand l'ex-mari de Caroline s'est rendu à son domicile, situé à Eu (Normandie), où elle vivait avec son nouveau compagnon, Christophe. Ne supportant pas la nouvelle relation de son ex-femme, l'homme a brandi son fusil et a tiré deux balles à bout portant, ne leur laissant aucune chance de survie.

Interpellé et placé en détention provisoire, il a passé quatre ans derrière les barreaux en attendant son procès. Mais des éléments vont finalement le conduire vers la liberté. Il y a d'abord la pandémie du Covid qui retarde son jugement. Puis, c'est la juge d'instruction qui tombe malade sans être remplacée. Arrive enfin la fin du délai maximum de sa détention provisoire, qui n'a pas été prolongée.

"Il aurait fallu que sa remise en liberté entraîne un risque d'une particulière gravité pour les personnes ou les biens, dit la loi", explique son avocat, Me Fabien Picchiottino, à TF1. "Et en l'occurrence ce n'est pas le cas. Il a un casier vierge, il est inconnu complètement de la justice, jamais une garde à vue."

"C'est impossible"

Désormais libre, l'homme devra se présenter régulièrement au commissariat et ne devra pas quitter le département. Mais le problème, c'est qu'il ne vit qu'à une quarantaine de kilomètres des parents de Caroline et Christophe: un supplice pour les parents qui craignent de croiser sa route un jour.

"Je ne peux pas certifier dans l'état d'esprit que je vais être le jour où je vais le rencontrer. C'est impossible. On va être contraint à rester bientôt enfermés chez nous pour ne pas le voir", confie le père de Christophe.

Car l'accusé ne portera pas de bracelet électronique, il pourra donc circuler librement dans tout le département de la Seine-Maritime. Selon les avocats impliqués dans ce dossier, si tout se passe bien, son procès devrait se tenir au printemps 2024.

Alix Mancel