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Affaires françaises

Un témoin de Jéhovah condamné à 18 ans de prison pour l'assassinat raté de sa femme

La cour d'assises et le tribunal de Grande instance de Seine-et-marne (image d'illustration)

La cour d'assises et le tribunal de Grande instance de Seine-et-marne (image d'illustration) - Google Street-View

Pour punir ce "projet préparé pendant des semaines", avec "grande méticulosité et sang-froid", l'avocate générale avait requis vingt ans de réclusion criminelle, ainsi que cinq années de suivi socio-judiciaire.

La victime est une miraculée. Un Témoin de Jéhovah de 39 ans a été condamné ce lundi par la cour d'assises de Seine-et-Marne à 18 ans de réclusion criminelle pour avoir tenté d'assassiner sa femme, un projet préparé avec "grande méticulosité" selon l'accusation.

Un second homme, qui est la clé de voûte du dossier, a été condamné à quatre ans de prison dont deux ans et demi de sursis, pour violences volontaires avec arme pour avoir tiré sur le mari.

Les faits pour lesquels les deux hommes viennent d'être jugé remontent au 4 juin 2017, dans le parc du château de Champs-sur-Marne. L'homme avait invité son épouse à un pique-nique romantique dans l'espoir de se faire pardonner après avoir flirté avec une de ses collègues.

"On nous a tirés dessus!"

Pour se racheter, il lui offre un parfum. Mais l'homme demande ensuite à sa compagne, avec qui il partage sa vie depuis 13 ans, de se retourner pour lui faire une surprise. Après avoir patienté quelques secondes dos à son mari, la victime reçoit une balle dans le crâne et perd connaissance.

"J'ai le souvenir de mon cœur qui bat très fort. Avec mon habituel esprit logique, scientifique, je me dis que si mon cœur bat c'est que je ne suis pas morte. Après, je prie", a-t-elle décrit à la cour.

De son côté, l'homme réapparaît après quelques minutes avec une blessure par balle à l'épaule gauche. "On nous a tiré dessus !", lui crie-t-il.

Victime des dogmes des Témoins de Jéhovah

Face à la cour, le membre des Témoins de Jéhovah maintient sa version des faits. Selon lui, ils ont été la cible d'un mystérieux tireur caché à distance, quand la justice lui reproche d'avoir eu recours à un complice caché dans les bois pour maquiller son crime en agression.

Au cours de l'audience, l'avocate générale a insisté sur le rôle qu'a joué le mari dans cette affaire.

"ll n'est pas la victime qu'il prétend être, mais l'auteur du tir contre son épouse."

Selon l'accusation, le mobile du crime serait notamment lié aux règles de la communauté des Témoins de Jéhovah. Adepte de ce mouvement religieux régulièrement accusé de dérives sectaires, le couple devait suivre les lois très strictes de la communauté. Le divorce étant condamnable, il risquait d'être excommunié s'il se remariait. Tandis que s'il était considéré comme veuf, il aurait été libre de refaire sa vie.

Avec un os fracturé, la victime garde comme seule séquelle physique un creux au crâne.

Alix Mancel avec AFP