Que devient Myriam Badaoui de l'affaire d'Outreau?

Myriam Badaoui, le 8 juin 2004. - Philippe Huguen - AFP
Taxée de menteuse, Myriam Badaoui est à l'origine des nombreux rebondissements de l'affaire d'Outreau, survenu en 2004 dans le Pas-de-Calais. Connu pour ses erreurs en matière de justice française, ce dossier hors norme est né des déclarations alarmantes des trois enfants de Myriam Badaoui et son mari Thierry Delay. Après un signalement des services sociaux, ces derniers révèlent aux policiers que leur père les viole régulièrement, pendant que leur mère filme ces agressions. Ils vont même plus loin en affirmant que plusieurs voisins participent à ces viols.
Pendant l'instruction, Myriam Badaoui avait dénoncé six suspects d'attouchements et de viols sur des enfants avant de finalement revenir sur ses déclarations. Le procès très médiatique de l'affaire d'Outreau s'était tenu devant la cour d'assises de Saint-Omer, en mai 2004, condamnant la mère de famille à 15 ans de réclusion criminelle pour viols sur enfants.
Incarcérée à la prison de Rennes, elle a finalement été libérée en septembre 2011 après avoir purgé la moitié de sa peine. Lors de sa remise en liberté, la cour d'assises de Paris avait ordonné un suivi sociojudiciaire de dix ans.
"Ma cliente a bénéficié de la remise classique de peine que l'on accorde à tout détenu qui travaille en prison et dont le comportement est irréprochable. Autre restriction à sa liberté: elle n'a pas le droit d'évoquer publiquement l'affaire durant un an", avait déclaré son avocat, Me Jérôme Crépin, au magazine Le Point au moment de sa libération.
"La prison est ma maison"
Au cours de son incarcération, Myriam Badaoui a suivi une formation en hôtellerie-restauration, comme l'indique son avocat. Mais depuis sa libération, cette dernière n'aurait pas réussi à trouver un emploi. La raison: son nom qui a été très médiatisé.
"Ma cliente a le droit à l'oubli, comme tout être humain. Elle veut qu'on arrête de la fustiger. Lors de certaines permissions de sortie à Rennes, quand elle montrait sa carte de transport dans le bus, il y avait toujours un chauffeur pour dire son nom tout haut et provoquer les plaisanteries", a-t-il indiqué.
Si elle aurait pu disparaître des écrans radar, Myriam Badaoui a de nouveau été confrontée à la justice. Le 29 août 2019, elle a été jugée devant le tribunal correctionnel de Rennes pour vol de téléphone portable et falsification de chèques. Comme le rapportait Le Parisien à l'époque, elle s'en était prise à deux femmes porteuses de handicaps visibles en leur arrachant leurs sacs à main avant d'encaisser des chèques à son nom.
"Je ne sais pas ce qui m'a pris. Depuis un an, je perds les pédales, je suis en train de perdre pied", avait-elle déclaré pour sa défense. A l'issue de ce procès, elle a été condamnée à huit mois de prison avec mandat de dépôt, complétée d'une interdiction de détenir une arme pendant cinq ans.
Lors de ce deuxième procès, son identité, connue de tous, a été une nouvelle fois abordée. "Je ne trouve pas ma place dans le monde extérieur, mon nom est un obstacle. Je garde pourtant l'espoir de m'en sortir, mais parfois, je pense que la prison est ma maison", avait-elle déclaré, appuyé par les déclarations de son avocate, "son nom a des incidences sur tous les efforts qu'elle fait pour s'intégrer. Elle est du coup extrêmement isolée".
Aujourd'hui âgée de 57 ans, elle vit désormais en Bretagne. Son avocate a révélé qu'elle avait entamé des démarches pour changer de nom et vivrait de l'allocation aux adultes handicapés.