L'affaire d'Outreau: Myriam Badaoui, la menteuse et le juge dans "Faites entrer l'accusé"

Ce dimanche sur RMC Story, Faites entrer l'accusé revient sur l'affaire des acquittés d'Outreau et sur la personnalité de Myriam Badaoui, la mère de famille de laquelle tout est parti.

C'est une affaire emblématique des erreurs que peut commettre la justice en France. Ce dimanche, Faites entrer l'accusé revient sur les racines de l'affaire d'Outreau ce dossier hors-norme où 14 personnes se sont retrouvées accusées à tort de violences et de viols sur des enfants.

"Faites entrer l'accusé"

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À Outreau dans le Pas-de-Calais, au sein de la Tour du Renard, la famille Delay pose problème depuis des années aux services sociaux: la mère, Myriam Badaoui, semble ne pas savoir s'occuper des trois enfants qu'elle a à charge, et le père Thierry Delay, alcoolique, en est incapable également. À l'école, les enfants Delay semblent de plus en plus perturbés et adoptent des comportements très sexualisés pour leur âge.

Lorsqu'un signalement est fait en 2001 auprès de la police, les enquêteurs découvrent que Thierry Delay s'amuse régulièrement à terroriser ses enfants avant de les violer. Myriam Badaoui, elle, participe et filme ces agressions.

Myriam Badaoui et Thierry Delay en détention provisoire

L'un des garçons révèle que certains voisins prennent également part à ces viols. Interrogée, Myriam Badaoui finit par reconnaître ce dont ses enfants l'accusent. Une information judiciaire est ouverte, et le juge d'instruction Fabrice Burgaud, en charge du dossier, décide de les placer en détention provisoire.

Les enfants livrent une liste de noms de voisins qu'ils désignent comme coupables, mais aussi d'autres enfants qui auraient subi les mêmes traitements dans l'appartement de leurs parents. Deux voisins, Aurélie Grenon et David Delplanque, sont arrêtés, ainsi que d'autres voisins.

Plus d'une vingtaine d'enfants sont interrogés, et ils sont tous catégoriques: les Delay ne s'en sont pas pris à eux. Seule Aurélie Grenon et David Delplanque finissent par avouer avoir participé au viol des enfants Delay.

Des failles dans l'enquête

Auprès du juge Burgaud, Myriam Badaoui abonde de détails sur les violences sexuelles infligées à ses enfants par tous les participants qu'elle dénonce. Elle fait état de tout un réseau pédophile auquel participait son mari, Thierry Delay, en Belgique. Elle lance de nouveaux noms en espérant être remise en liberté.

L'aîné de la fratrie, voyant que ses parents risquaient de rester en prison pendant longtemps, livre d'autres noms d'adultes auprès des enquêteurs, dont un prêtre, un huissier, son épouse et une boulangère. Plus d'une vingtaine d'enfants sont retirés par précaution de leurs familles et sont placés par les services sociaux. Certains d'entre eux, assomés de questions par les policiers, confirment les dires de Myriam Badaoui.

Des failles font jour dans l'enquête: les lieux et les faits mentionnés par Myriam Badaoui ne sont pas tous vérifiés. Les médias s'emparent également de l'affaire en en grossissant certains traits.

Un faux meurtre pèse sur le dossier

Thierry Delay écrit alors au juge Burgaud pour démentir toutes les accusations de son épouse, déclarant qu'elle a tout inventé à propos des personnes qu'elle désigne. Mais rien n'y fait, le juge colle à la version de la mère de famille.

L'un des accusés va également adopter la même stratégie que cette dernière et tente de faire de fausses révélations pour sortir de détention. Il déclare avoir vu Thierry Delay et un autre homme violer et tuer une fillette de 6 ans. Myriam Badaoui, de son côté, confirme et donne d'autres détails sur ce mensonge.

Des fouilles sont organisées pour retrouver le corps de la victime, en vain, puisqu'il n'y a jamais eu aucun meurtre.

"J'ai menti"

Au fil de l'instruction, les accusations s'amoncellent. Le procès s'ouvre à Saint-Omer en 2004. Dans le box des accusés, quatre personnes sont coupables, 13 sont innocentes. À la barre, Thierry Delay maintient sa version: ils ne sont que quatre à avoir violé les enfants. Il ne désigne que sa compagne, Aurélie Grenon et David Delplanque qui ont tous deux avoué.

Confrontée au témoignage de ses enfants, Myriam Badaoui finira par lâcher: "J'ai menti."

Le procureur requiert des peines de prison pour les quatre principaux accusés, mais également pour six autres personnes. Ce que la cour décide de suivre. En appel, en 2005, ces derniers seront finalement acquittés.

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Elisa Fernandez