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Tony Meilhon, le meurtrier de Laëtitia Perrais, condamné pour des viols et violences sur son ex-compagne

Tony Meilhon.

Tony Meilhon. - -

Le meurtrier de Laëtitia Perrais a écopé vendredi de 16 ans de réclusion criminelle pour des faits commis sur une ancienne compagne en 2010.

La cour d'assises de Loire-Atlantique a condamné vendredi soir Tony Meilhon à seize ans de réclusion pour viols et violences sur une ancienne compagne. Son avocat a regretté que "le fantôme" de Laëtitia Perrais, qu'il a tuée et démembrée en 2011, n'ait cessé de planer sur le procès.

La cour a assorti sa condamnation d'une peine de sûreté des deux tiers et d'une interdiction de séjour de dix ans en Bretagne et dans les Pays de la Loire à l'issue de sa détention.

"Vous êtes tous des menteurs ici", a lancé à l'énoncé du verdict Tony Meilhon, qui a dit vouloir faire appel.

L'ancienne compagne entendu par visioconférence

Lors de son réquisitoire vendredi après-midi, l'avocat général Thierry Rolland a dénoncé "l'enfer" et le "mécanisme d'emprise d'une perversité absolue" vécus durant neuf mois par cette ancienne compagne de Tony Meilhon, entre mars et décembre 2010.

"Nous sommes au top du top de l'individu dangereux, le psychopathe pervers qui aime faire souffrir", a estimé l'avocat général, en réclamant une peine de 18 ans de réclusion criminelle, dont deux tiers de période de sûreté.

Entendue par visioconférence, près de treize ans après les faits, la victime, âgée de 44 ans, a affirmé avoir été violée par Tony Meilhon à deux reprises, les 24 et 26 décembre 2010. Pour son avocate, l'absence de la victime à ce procès en dit long sur la peur qu'elle éprouve de la moindre proximité avec l'accusé, qui, crâne rasé et gilet gris, s'exprimait d'un ton calme depuis son box.

"Elle a longtemps pensé que cette procédure ne donnerait rien car l'affaire Laëtitia était bien plus grave", a souligné Me Marie-Emmanuelle Beloncle. "Mais aujourd'hui, elle souhaite être reconnue comme une victime et pas seulement comme la dernière compagne de Tony Meilhon."

Un climat de violences

Leur relation de neuf mois, de mars à décembre 2010, entrecoupée de plusieurs ruptures, aurait débuté par deux mois "idylliques", selon les déclarations de la victime. Elle aurait ensuite progressivement basculé dans un climat de violences et de menaces de mort envers elle et ses proches, accentué par les prises d'alcool et de stupéfiants de l'accusé.

Durant les deux jours de ce procès, si l'accusé a reconnu les violences et menaces de mort, tout en les minimisant - "j'ai dû lui mettre deux baffes en une année" -, il a fermement nié les deux viols. Le quadragénaire a affirmé qu'il n'était pas présent à ces moments-là et que la victime avait "sorti l'arme atomique", "la façon ultime de se débarrasser de (lui)".

Interrogé par la présidente de la cour d'assises sur son rapport aux femmes, l'accusé a répondu être devenu violent en foyer d'aide sociale à l'enfance, puis en prison, où il avait passé douze années avant décembre 2010.

"Les gens qui ont grandi dans la violence vont utiliser ce moyen-là", a-t-il estimé.

"Les monstres, cela n'existe pas"

L'avocat de Tony Meilhon, Me Aurélien Ferrand, avait demandé à la cour de l'acquitter sur les faits de viols, faisant valoir l'absence de preuves matérielles sur la présence de l'accusé au domicile de la victime.

"Bien évidemment qu'il y a un fantôme dans cette pièce (celui de Laëtitia Perrais, ndlr) et il est très difficile d'en faire abstraction", a concédé l'avocat, rappelant les centaines de reportages, les livres et même la série télévisée consacrés au meurtrier de Laëtitia Perrais.

Pour Me Ferrand, Tony Meilhon est devenu un "mythe, pas au sens glorieux mais au sens monstrueux du terme. C'est le croque-mitaine de la Loire-Atlantique, celui qui fait peur aux enfants. On lui refuse sa qualité de simple justiciable parce qu'il a commis l'atroce. Mais les monstres, cela n'existe pas".

E.F. avec AFP