L'histoire vraie derrière... la mini-série "Laëtitia", disponible sur Netflix

Marie Colomb et Noam Morgensztern dans la série "Laëtitia" de Jean-Xavier de Lestrade. - Netflix
C'est une affaire qui a tenu en haleine le public par sa violence comme par la personnalité du coupable, jusqu'à inspirer un réalisateur français. Dans la mini-série Laëtitia, actuellement disponible sur Netflix, Jean-Xavier de Lestrade retrace en six épisodes l'affaire Laëtitia Perrais, une jeune fille assassinée à l'âge de 18 ans en Loire-Atlantique par Tony Meilhon, un multirécidiviste qui venait de sortir de détention.
Le premier épisode de la série s'ouvre sur la disparition inexpliquée d'une jeune fille. De manière assez fidèle, le réalisateur retrace à partir de là l'enquête, l'arrestation du suspect ainsi que le procès qui a clotûré l'affaire.
Laëtitia Perrais, tout juste majeure, travaille comme serveuse dans un hôtel de La Bernerie-en-Retz, non loin de Pornic où elle vit avec sa soeur jumelle Jessica, dans une famille d'accueil. Le 19 janvier au matin, Jessica retrouve le scooter de sa sœur couché sur la route, non loin de leur maison. Mais Laëtitia, elle, est introuvable.
Un suspect identifié
Le procureur de Saint-Nazaire reçoit alors un signalement pour disparition inquiétante. Alertées, les forces de l'ordre se mettent sur ses traces. En interrogeant des témoins, les enquêteurs apprennent que, le soir de sa disparition, la jeune fille a quitté son travail à bord de la voiture d'un homme qui était venu la chercher. Elle a été vue pour la dernière fois dans un bar en compagnie de ce même individu.
La police parvient à identifier un suspect, Tony Meilhon, âgé de 31 ans. Le 20 janvier, vers 4 heures du matin, elle procède à l'interpellation de ce multirécidiviste, qui affiche déjà 13 condamnations à son casier judiciaire,
Si l'on ne sait pas encore comment le trentenaire est lié à la disparition de Laëtitia Perrais, il est mis en examen pour "enlèvement et séquestration suivi de mort" le 22 janvier, soit trois jours après les faits.
Le corps dispersé dans des étangs
Mais les enquêteurs sont confrontés à un problème de taille: la jeune fille demeure introuvable. D'énormes moyens sont alors mobilisés pour la retrouver.
En garde à vue, Tony Meilhon joue avec ses interlocuteurs, racontant en partie ce qu'il a infligé à Laëtitia Perrais, sans pour autant révéler l'emplacement du corps. En parallèle, une grande quantité de sang est retrouvée dans la voiture qu'il utilisait le soir de la disparition, une découverte qui confirme la piste d'un meurtre.
Il faut attendre encore neuf jours avant que plusieurs morceaux du corps, dont la tête de la jeune fille, ne soient retrouvés dans un étang. Le tronc est retrouvé début avril par une promeneuse dans un autre étang.
L'autopsie révèle que Laëtitia Perrais a reçu une trentaine de coups de couteau et qu'elle a été étranglée. En reconstituant le déroulé des faits de la nuit du 18 au 19 janvier, un scénario se dessine plus clairement: la jeune fille aurait refusé un rapport sexuel avec Tony Meilhon, puis est repartie sur son scooter après avoir confié par message à un ami qu'elle venait d'être violée.
Le multirécidiviste l'a ensuite prise en chasse, renversant son scooter et l'enfermant dans le coffre de sa voiture avant de la tuer et de la démembrer. Pour ces faits, il sera condamné en 2013 à la réclusion criminelle à perpétuité avec 22 ans de sûreté. Une peine confirmée en appel deux ans plus tard.
Un tournant politique
Au-delà de la violence des faits, si l'affaire a fait parler d'elle, c'est aussi parce que sa médiatisation a fait surgir un débat sur lequel Nicolas Sarkozy lui-même a été amené à s'exprimer: alors que Tony Meilhon venait de sortir de prison au moment des faits, son suivi par les services judiciaires n'avait jamais été assuré, malgré un passif criminel chargé.
"Quand on laisse sortir de prison un individu comme le présumé coupable, sans s’assurer qu’il sera suivi par un conseiller d’insertion, c’est une faute. Ceux qui ont couvert ou laissé faire cette faute seront sanctionnés", déclarait-il lors d'un déplacement le 25 janvier 2011.
Une réflexion qui a par la suite déclenché la colère de nombreux magistrats français qui se sont mis en grève pour dénoncer un manque de moyens dans les tribunaux.