Une mère et son fils se rejettent la responsabilité du meurtre d'un homme à Pau en 2020

(illustration) - AFP
C'est un dossier qui a connu plusieurs revirements depuis trois ans. À Pau, dans les Pyrénées-Atlantiques, une mère et son fils se rejettent la responsabilité du meurtre sordide d'un sexagénaire en 2020. Les deux individus, issus d'un milieu très marginal, ont été mis en examen pour "meurtre précédé d'actes de torture et de barbarie".
Après presque trois ans de détention provisoire, le juge de la détention et des libertés a récemment prolongé le maintien en détention de la suspecte. Mardi, son avocate a plaidé devant la chambre de l'instruction pour que sa cliente puisse être assignée à résidence avec un bracelet électronique, dans l'attente d'un procès. Une réponse est attendue pour mardi.
"Je crains que la décision de la chambre de l'instruction soit la même que celle du juge de la détention et des libertés...", redoute Me Anna Raina, contactée par RMC Crime.
De multiples actes de torture
Les faits se sont déroulés en octobre 2020. Une association de prévention en addictologie contacte les autorités pour signaler que l'un de ses membres a recueilli le témoignage de son ex-compagne, déclarant avoir poignardé un homme, détaillent nos confrères La République des Pyrénées, qui ont pu assister à l'audience mardi.
Selon eux, les gendarmes interviennent à l'appartement du sexagénaire chez qui elle est hébergée. Là, ils découvrent le corps dans une chambre, gisant au pied du lit, caché sous un matelas. La mère, présente sur les lieux lors de leur intervention, est interpellée et placée en garde à vue.
La victime, un homme de 65 ans, avait développé des sentiments amoureux pour la mise en cause et l'hébergeait ainsi que son fils dans son appartement. "Lui aussi avait une addiction à l'alcool, mais il était bien inséré", avance Me Florence Hegoburu, l'avocate des deux filles de la victime.
On ne connaît pas la cause précise du décès. Cependant, selon nos informations, la victime s'est vidée de son sang après avoir reçu une vingtaine de coups de couteau, des coups de poing et de pied, et après avoir été traînée par terre et forcée d'avaler des morceaux de verre... D'où la volonté du parquet de retenir les actes de torture et de barbarie dans les chefs d'accusation.
Un dossier "odieux"
Après avoir déclaré être l'auteure du crime, la suspecte est finalement revenue, quelques jours après son placement en détention provisoire en octobre 2020, sur ses aveux, dictés selon elle par l'envie de protéger son fils, qu'elle dit être le véritable coupable. "Ma cliente n'a jamais changé de version", explique Me Anna Raina.
Le fils de la mise en cause, jusque-là suspecté d'avoir simplement aidé à nettoyer la scène de crime et à dissimuler les armes, dont un couteau à pain retrouvé plus tard, est finalement placé à son tour en détention provisoire et mis en examen des mêmes chefs que sa mère. Mais tout comme elle, il refuse d'admettre qu'il est l'auteur des faits qui leur sont reprochés.
"Ce dossier est déjà odieux, et cela y rajoute une connotation abjecte", commente Me Florence Hegoburu.
Ses clientes, traumatisées, n'ont pas demandé d'avoir accès au dossier et ont même exigé que les courriers du procureur arrivent au cabinet de leur avocate afin de ne rien savoir des détails de l'enquête. Si aucune des parties ne conteste l'ordonnance de mise en accusation à venir, un procès pourrait se tenir fin 2023 ou début 2024.