"Je suis un escroc, pas un assassin": comment "le Serpent" dément être un tueur dans son livre

Charles Sobhraj, dit "Le Serpent", en interview pour BFMTV, après sa libération - BFMTV
"Je n'ai jamais tué personne." Une nouvelle fois, Charles Sobhraj clame son innocence dans un livre qui paraît ce jeudi aux éditions de l'Archipel. Dans Moi, le Serpent, celui que l'on a accusé d'une vingtaine de meurtre et qui vient de rentrer en France après des années derrière les barreaux au Népal, revient à l'âge de 78 ans sur ce qui l'a mené d'escroqueries en évasions.
Pendant sa détention, Charles Sobhraj envoie en douce au documentariste Jean-Charles Deniau, qu'il a rencontré par l'intermédiaire de son avocate, des photos de feuilles de papier sur lesquelles il raconte en longueur son parcours et ses déboires avec la justice.
Les années passant, le journaliste accumule ainsi des centaines de pages sur la vie de celui qui a été surnommé "Le Serpent" pour son habileté à s'extirper de situations compliquées. Grâce à son aide, Charles Sobhraj écrira donc le livre qui paraît ce jeudi, avec un objectif en tête: affirmer une fois de plus qu'il n'a jamais tué personne.
Manipulations, somnifères et évasions
Tombé dans les escroqueries à la fin de l'adolescence, l’idée de détrousser des touristes en les droguant à l’aide de somnifères lui vient, dit-il, alors qu’il se dirige vers l’Inde avec sa femme et sa fille, dans les années 1970.
"Je me dis qu’avec ce procédé sans violence, je ne risque pas grand-chose. Les touristes s’endorment, je les détrousse de leur argent, de leur traveller’s, de leurs appareils photo, de leurs passeports, puis ils se réveillent, ni vu ni connu", écrit-il.
Chronologiquement, il raconte les mutiples frasques pour lesquelles il s’est retrouvé derrière les barreaux. De sa jeunesse à la fin des années 1990, il drogue, soudoie, s’évade de détention, raconte des histoires pour que ses victimes tombent dans le panneaux et passe, toujours, entre les mailles du filet.
Sauf lorsqu'il croise la route d'un groupe d'étudiants ingénieurs français en vacances en Inde, en 1976. Alors qu'il a pour projet de "rafler tous leurs passeports, traveller’s, bijoux, appareils photo en une seule fois", les somnifères qu'il leur administre en leur faisant croire qu'il s'agit d'un médicament contre la dysenterie font effet plus rapidement que prévu. Le groupe ne tarde pas à le soupçonner de vouloir les empoisonner et, prévenant la police, participe à son arrestation.
Des "dossiers fabriqués" de toutes pièces
Des empoisonnements, oui, mais rien qui n'ait conduit à la mort de ses cibles, assure-t-il dans son ouvrage. Charles Sobhraj, qui aura été accusé d'une vingtaine de meurtres au total, revient également au coeur de son livre sur les divers crimes auxquels il a été associé.
Le meurtre d'une touriste américaine, en 1975, sur une plage thaïlandaise? Et celui de Laurent Carrière, un jeune Canadien, la même année? Des "dossiers fabriqués" pour lesquels il a été condamné à tort, assure-t-il.
"Je comprends qu’ils vont fabriquer de toutes pièces un dossier pour me faire plonger. Aucun juge, devant le barnum médiatique, ne prendra le risque de m’acquitter", déclare-t-il.
Sur le dossier de la mort d’un routard israélien auquel il sera aussi relié plus tard, Charles Sobhraj rappelle que les enquêteurs avaient à l’époque conclu à une mort naturelle. "Dossier clos pour la police locale", déclare-t-il. Plus tard, jugé pour ce meurtre, il sera finalement acquitté, faute de preuves. Malgré tout, il sera quand même emprisonné pour d'autres faits par une justice qu'il juge "corrompue" et dont il veut prouver la partialité.
Libéré en raison de son âge au Népal et rentré en France en décembre, Charles Sobhraj fait à présent de nombreuses apparitions sur les plateaux télé et dans les médias pour clamer sa propre vérité: "Je suis un escroc, c’est une évidence, mais pas un assassin."
Moi, le Serpent, co-écrit par Charles Sobhraj et Jean-Charles Deniau, est disponible dès maintenant aux éditions de l'Archipel.