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"Le Serpent", un meurtrier de retour en France après 22 ans de détention au Népal

Le tueur en série françaisi Charles Sobhraj consulte son smartphone à l'aéroport de Doha, où il est en transit, le 23 décembre 2022 au Qatar

Le tueur en série françaisi Charles Sobhraj consulte son smartphone à l'aéroport de Doha, où il est en transit, le 23 décembre 2022 au Qatar - Atish PATEL © 2019 AFP

Dans le podcast BFMTV "Le Titre à la une", l'avocate de Charles Sobhraj revient sur le retour en France de son client, meurtrier français de 78 ans libéré fin décembre après avoir passé 22 ans en prison au Népal.

C'est l'un des personnages les plus fascinants des faits divers de ces dernières années. Le Français Charles Sobhraj, surnommé "Le Serpent", a passé la moitié de sa vie derrière les barreaux d'une prison népalaise. Le 22 décembre, la plus haute juridiction du pays a ordonné sa libération, rendant possible son retour en France deux jours plus tard. Le podcast produit par BFMTV "Le Titre à la une" lui consacre un épisode ce mardi.

À l'âge de 78 ans, Charles Sobhraj est "très en forme et plein de projets", indique son avocate Me Isabelle Coutant-Peyre. Depuis son retour, il est libre de ses mouvements puisqu'aucune poursuite n'est engagée à son encontre en France.

"J'en profite pour dénoncer la terminologie de 'tueur en série'. En Inde, il n'a jamais eu de condamnation pour meurtre. Il eu une condamnation pour une tentative d'empoisonnement sur des étudiants", tient à corriger l'avocate.

Il dénonce de "fausses accusations"

Son client, rendu célèbre notamment après la sortie d'une série produite par Netflix et inspirée de son parcours, a été condamné au Népal en 2004 à la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre d'une touriste américaine. Dix ans plus tard, il est également reconnu coupable de l'assassinat du compagnon de celle-ci.

Il lui a également été reproché d'avoir tenté d'empoisonner un groupe d'étudiants français en voyage en Inde en 1976. Ils avaient finalement réussi à le neutraliser, puis à le remettre aux forces de l'ordre.

À propos de la série qui lui a été consacrée, Le Serpent, Charles Sobhraj compte porter plainte contre Netflix pour dénoncer de "fausses accusations", ajoute son avocate. "Le scénario a été fait par un ancien consul, un adversaire farouche de Charles Sobhraj. Il a toujours payé la police et les juges pour fabriquer des dossiers contre lui. Il a fait cette série à charge en inventant tout un tas d'accusations fausses".

Un livre à paraître

C'est ce même consul que le criminel et son conseil accusent d'avoir falsifié des documents pendant des années au Népal afin d'aggraver son cas. "On commence à rassembler les éléments pour démontrer les falsifications faites par la police", relate à présent Isabelle Coutant-Peyre.

"Tout a été bâti sur de faux documents", a déclaré de son côté Charles Sobhraj dans l'avion qui le conduisait à Doha, où il a transité avant d'arriver à Paris. "J’ai beaucoup de choses à faire. Je dois poursuivre de nombreuses personnes en justice, y compris l’Etat du Népal."

Si, pour l'heure, il ne souhaite accorder aucune interview, il compte bien livrer sa version des faits dans ses mémoires, à paraître le 9 février prochain et co-écrites avec Jean-Charles Deniau. Un documentaire du même auteur devrait sortir à peu près en même temps.

"Quelqu'un qui se préoccupe des autres"

Son avocate, qui échange régulièrement avec lui, le décrit comme un homme "calme et modeste", à l'encontre de l'image du manipulateur que certains ont pu dépeindre ces derniers jours.

"C'est quelqu'un de très empathique, qui se préoccupe des autres tout en réfléchissant aux moyens de sortir de ce guêpier, de ce piège. Il n'a cessé de se battre depuis le début. Il ne s'est jamais lassé de recommencer des procédures" pour demander sa libération, indique son conseil.

L'avocate met également en cause l'Etat français, auquel elle reproche d'avoir abandonné Charles Sobhraj aux autorités népalaises. Pour autant, Isabelle Coutant-Peyre l'assure: la cavale, c'est fini pour Charles Sobhraj. "Qu'on ne vienne pas s'imaginer qu'il va repartir dans sa vie d'aventurier, plus le temps pour ça."

Elisa Fernandez