Films et séries criminels

L'histoire vraie derrière... le film "Le procès Goldman"

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Une image tirée du film "Le Procès Goldman" de Cédric Kahn. - Unifrance
Dans un film remarqué lors de la Quinzaine des cinéastes à Cannes, le réalisateur Cédric Kahn retrace le procès du demi-frère de Jean-Jacques Goldman, accusé d'un double meurtre en 1969.
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Il a fait une entrée remarquée en mai à la Quinzaine des Cinéastes et bénéficie d'excellentes critiques depuis sa sortie en salles mercredi. Dans Le Procès Goldman, le réalisateur Cédric Kahn relate le procès de Pierre Goldman, activiste d'extrême-gauche accusé d'un double meurtre en 1969, puis acquitté.

Une figure ambigüe d'autant plus fascinante que Pierre Goldman a réellement existé et que le procès en appel dont il est question dans le long-métrage s'est vraiment déroulé en 1976.

Les faits pour lesquels l'activiste - également demi-frère du chanteur et compositeur Jean-Jacques Goldman - est alors jugé remontent au 19 décembre 1969. Ce jour-là, vers 20h30, un homme armé entre dans une pharmacie parisienne et tue deux pharmaciennes. Un policier qui tente alors d'intervenir est également grièvement blessé dans le braquage.

D'abord condamné à la perpétuité

Comme le rappelle 20 minutes, la police mettra plusieurs semaines à identifier un suspect. Mais l'un de ses indicateurs lui fait passer l'information selon laquelle il s'agit de Pierre Goldman, un braqueur engagé à gauche et âgé de 26 ans. Selon cette personne, le jeune homme est l'auteur d'au moins quatre braquages, dont celui du 19 décembre, commis dans le quartier.

Le suspect est finalement interpellé cinq mois plus tard, en avril 1970. Mais s'il reconnaît en garde à vue être bien impliqué dans trois des braquages qui lui sont imputés, il nie être le tireur de la pharmacie.

Son procès en première instance s'ouvre en 1974. Malgré ses démentis et le doute qui plane sur les audiences, Pierre Goldman est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.

Il est finalement acquitté

En détention, il écrit un livre, Souvenirs obscurs d'un juif polonais né en France, qui remportera un grand succès. De nombreux auteurs et artistes, à l'image de Simone de Beauvoir ou d'Yves Montand, le soutiennent publiquement et crient à l'injustice. Dans un article du Monde, François Mitterrand affirme à son tour qu'il ne croit pas en la culpabilité de Pierre Goldman dans le double assassinat.

Coup de théâtre en 1975: à la suite d'une erreur de procédure - un procès-verbal n'a pas été signé - la Cour de Cassation annule le procès qui s'est déroulé un an auparavant.

Son deuxième procès, qu'a choisi de raconter Cédric Kahn dans son film, s'ouvre donc en 1976. Cette fois-ci, le doute profite à l'accusé, et Pierre Goldman est seulement condamné pour les trois braquages qu'il a reconnus en garde à vue. Il est en revanche acquitté pour celui de la pharmacie. "Il y a eu une clameur immense dans la salle, beaucoup d’émotion. Finalement, celui qui était le plus en retrait, c’était Goldman", se souvient auprès de 20 minutes Me Pascal Pouillot, qui a assisté au procès.

Relâché de prison six mois plus tard, Pierre Goldman sera tué trois ans après sa sortie, le 20 septembre 1979, en pleine rue à Paris. Si des témoins ont vu deux hommes lui tirer dessus à bout portant, ils ne seront jamais identifiés. Pierre Goldman sera inhumé au cimetière du Père-Lachaise, en présence de Simone de Beauvoir et de Jean-Paul Sartre notamment. Aujourd'hui, l'assassinat de l'activiste demeure un cold case.

Elisa Fernandez

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