Faites entrer l'accusé: Jean-Paul Leconte, le tueur de la Somme

Jean-Paul Leconte comparaît le 1er février 2005 au palais de justice d'Amiens (Somme) pour le viol et le meurtre de Patricia Leclercq, 19 ans, tuée en juillet 2002. - DENIS CHARLET / AFP
Le 11 janvier 2002, des automobilistes aperçoivent une voiture accidentée sur une petite route près de Péronne, dans la Somme. Alertés, les gendarmes arrivent sur place et identifient rapidement la propriétaire du véhicule abandonné. Il s'agit d'Elodie Kulik.
Cette nuit-là, la jeune femme rentrait d’une soirée passée chez un ami et rejoignait son domicile à Péronne. Le soir de l'accident, il faisait froid et brumeux et aucun témoin n'était présent.
Deux jours plus tard, le corps d'Elodie Kulik est retrouvé en partie calciné dans un champ. Sur les lieux, des mégots de cigarette et un préservatif usagé sont retrouvés. L'autopsie révèle que la jeune femme a été violée puis tuée, mais l'enquête piétine: les enquêteurs n'ont aucun suspect.
Six mois plus tard, une autre jeune femme
Six mois plus tard, à quelques kilomètres de là, une femme et sa fille sont témoins d'une scène pour le moins étrange. Elles rentrent à leur domicile autour de 23 heures quand elles aperçoivent une cycliste. Peu de temps après, son gendre emprunte le même chemin et voit un vélo abandonné dans un champ. L'homme raconte la scène à ses beaux-parents. Quelques membres de la famille décident de retourner sur place, mais ne retrouvent aucun blessé, ni même la trace d'un accident.
Deux jours plus tard, le 8 juillet 2002, un corps est retrouvé dans un champ à Buire-sur-l'Ancre. Les enquêteurs identifient la victime, il s'agit de Patricia Leclercq. Âgée de 19 ans, la jeune femme revenait de son travail et rentrait chez elle à vélo. Aucun suspect n'est identifié pour ce meurtre, les investigations se poursuivent.
Un troisième meurtre, deux procès
Six semaines après avoir la découverte du corps de Patricia Leclercq, celui d’une autre femme est retrouvé sous une camionnette. La victime s’appelle Christelle Dubuisson, elle rentrait à pied chez son père à Villers-Bretonneux.
L'enquête avance finalement grâce à un ADN recueilli sur les vêtements de Patricia Leclercq. Le 22 novembre 2002, l'empreinte génétique est identifiée: elle correspond à un certain Jean-Paul Leconte, un délinquant sexuel qui habite à quelques kilomètres du lieu du crime. L'homme venait tout juste de sortir de prison après avoir passé 13 ans derrière les barreaux pour viol.
Arrêté quelques jours plus tard, le suspect nie les faits qui lui sont reprochés. Il est mis en examen pour le meurtre de la jeune femme de 19 ans, mais aussi pour celui de Christelle Dubuisson. Son implication dans le meurtre d'Elodie Kulik est en revanche écarté: il était en prison au moment des faits.
Un premier procès se tient le 31 janvier 2005 pour le meurtre de Patricia Leclercq. Après plusieurs heures de délibéré, Jean-Paul Leconte est déclaré coupable et condamné à la perpétuité assortie de 22 ans de sûreté. Il fait appel, mais écope de la même peine. Un troisième procès s'ouvre le 24 novembre 2008 pour le meurtre de Christelle Dubuisson. Le verdict tombe: l'homme est condamné une nouvelle fois à la perpétuité.
Un autre homme condamné dans l'affaire Elodie Kulik
Dans l'affaire Elodie Kulik, c'est finalement un autre homme qui a été condamné: Willy Bardon. Avant de mourir, la jeune femme avait appelé les secours, un enregistrement glaçant de 26 secondes considéré comme la pièce maîtresse du dossier, où ses hurlements se mêlent à deux voix d'hommes.
L'enquête avait patiné dix ans, jusqu'à l'identification d'un suspect, Grégory Wiart, grâce à une nouvelle technique d'analyse ADN. Mais l'homme était décédé entre temps. Fouillant son cercle proche, la justice avait mis en cause Willy Bardon, reconnu par plusieurs témoins sur l'enregistrement.
Ni son ADN, ni aucune autre "preuve scientifique" formelle de sa présence n'ont été retrouvés sur la scène de crime. Mais il a été condamné en première instance en décembre 2019, puis en appel en juillet 2021 à 30 ans de réclusion criminelle pour l'enlèvement, la séquestration, le viol et le meurtre de la jeune femme. Des faits qu'il a toujours niés.