Faites entrer l'accusé: le meurtre inavouable de Sylvain Dromard
Le 15 juillet 2010, le téléphone retentit chez les pompiers. Il est 22h10. Au bout du fil, Sylvain Dromard est affolé. Il explique être rentré de son travail, et avoir découvert sa femme Laurence dans une mare de sang à leur domicile à Saint-Martin-D'Ablois, dans la Marne. Pour lui, c'est un cambriolage qui a mal tourné. Des bijoux sans grande valeur et de l'argent auraient été dérobés au couple.
Les secours se rendent sur place et ils sont suivis pas les gendarmes. Une fois sur place, ils découvrent que la femme respire encore, mais son pouls est faible. Son mari se tient à ses côtés. Les urgentistes prennent en charge la victime. Mais elle fait un arrêt cardiaque, et meurt aux urgences d'Epernay à 1h20 du matin.
Le 19 juillet 2010, une information judiciaire est ouverte contre X pour homicide volontaire. Trois jours plus tard, le rapport d’autopsie tombe sur le bureau du juge d'instruction. Laurence Dromard a reçu des coups répétés et violents. Le tueur s’est acharné sur cette femme. Les gendarmes recherchent l'arme du crime, mais elle reste introuvable.
Sylvain Dromard est un artisan menuisier. Sa femme était coiffeuse à Saint-Martin-d'Ablois. Ils sont mariés depuis presque 20 ans, et ont eu deux filles, une âgée de 19 ans, l'autre de 14 ans. Le mari gagne bien sa vie, l'homme a acheté plusieurs appartements, et plusieurs hectares de vignes lui appartiennent. Il est connu pour être un charmeur, et un homme à femmes. Laurence Dromard était au courant de ses aventures, et préférait passer outre les incartades de son mari. Elle ne voulait pas le quitter, et préférait garder sa famille.
Une rivalité amoureuse
Le 14 juillet, la veille du drame, le couple est allé voir le feu d'artifice, avant de rejoindre la fête du village. Le lendemain, la famille devait partir en vacances.
Le mari est alors auditionné par les gendarmes. L'homme récite son emploi du temps de façon très précise. Ce dernier explique être revenu à 20h30. A ce moment-là, sa femme arrosait le jardin. Il est ensuite reparti faire un devis chez un client à Epernay. Vers 21h50, Sylvain Dromard revient chez lui et découvre sa femme en train de mourir. Il met 20 minutes avant de prévenir les secours. Mais le témoignage d'une voisine ne corrobore pas sa version. Cette femme explique avoir vu la victime s'occuper de son jardin à 19h00, et non à 20 h 30.
Au cours de sa première audition, le mari livre aussi une information très intime aux gendarmes. Il leur explique entretenir une relation avec Murielle Bonin. Les deux amants se sont rencontrés dans l’entreprise où sa maîtresse travaillait. Même si l'homme enchaîne les conquêtes, cette relation-là est différente des autres. Il l'a même installée dans un de ses appartements à Saint-Martin-d'Ablois. Mais une rivalité s'est créée entre l'épouse de Sylvain Dromard et celle qu'il fréquente. Elles se haïssent, et un incident survient quelques mois avant la mort de Laurence Dromard. Le 24 avril 2010, Murielle Bonin reçoit la visite de l'épouse de son amant à son domicile. Une dispute éclate, et des coups sont échangés entre les deux femmes. A la suite de cette altercation, la maîtresse obtient 7 jours d'arrêt de travail.
La maîtresse accuse son amant du meurtre de sa femme
Le 11 août, les gendarmes entendent cette femme. Elle dit ne pas se souvenir de la journée du 14 juillet, mais se rappelle très bien de son emploi du temps du lendemain. Le mari et le maîtresse, sont les deux principaux suspects dans cette affaire. Les gendarmes les surveillent. Même après la mort de son épouse, les deux amants continuent de se parler et de se voir en cachette.
Quelques mois après, les gendarmes les placent tous les deux en garde à vue. Face aux enquêteurs, ils restent sur leurs positions, et ne flanchent pas. L'horloge tourne, et les forces de l'ordre tentent le tout pour le tout. Murielle Bonin tombe dans le panneau, et craque. Cette dernière explique être au courant de ce qui est arrivé à Laurence Dromard. Elle raconte que Sylvain Dromard a cogné sa propre femme plusieurs fois, et l'a laissée pour morte avant de l'achever.
L'homme avait tout planifié, et s'est constitué un alibi pour camoufler le meurtre. Ensuite, il a pris des bijoux pour faire croire à un cambriolage. Les gendarmes s'interrogent, car la maîtresse décrit la scène avec beaucoup de détails. Elle se défend en expliquant que son amant lui a tout raconté, et qu'il ne voulait pas qu'elle participe à ce projet macabre. Sylvain Dromard réfute les accusations de sa maîtresse. L'homme aurait un mobile. Il aurait été consulté un notaire pour savoir combien allait lui coûter un divorce, et les frais sont très élevés.
Sylvain Dromard est décédé en 2018
Lui est mis en examen pour assassinat, et elle, pour complicité d’assassinat. Les deux sont envoyés en prison. Après un an de détention, ils sont remis en liberté, mais restent mis en examen. Le juge décide de les renvoyer devant les assises. Le procès s’ouvre le 3 février 2016 à Reims. Mais Sylvain Dromard n’est pas là.
Deux jours plus tôt, l'homme a eu un accident de voiture sur l'autoroute. L'audience est donc reportée au 27 juin 2016. Les deux accusés comparaissent libres. Après plusieurs jours, la cour d'assises rend son verdict, le mari est condamné à 30 ans de réclusion criminelle et sa maîtresse à 18 ans de prison pour complicité.
Ils font appel de la décision de justice. Un an après, ils sont jugés une seconde fois, mais cette fois-ci devant la cour d’assises de Troyes. La peine de Sylvain Dromard est confirmée, Murielle Bonin est quant à elle acquittée. En 2018, l'homme est retrouvé mort dans sa cellule à la prison de Châlons-en-Champagne.
L'épisode de Faites entrer l'accusé est à retrouver sur RMC Story ce lundi à 21h10, puis en replay sur RMC BFM Play.