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Faites entrer l accusé

Faites entrer l'accusé: Willy Bardon, la voix du sang

Willy Bardon le 14 juin 2021 dans le box des accusés de la cour d'assises du Nord, à Douai, avant le début de son procès en appel pour le viol et le meurtre d'Elodie Kulik

Willy Bardon le 14 juin 2021 dans le box des accusés de la cour d'assises du Nord, à Douai, avant le début de son procès en appel pour le viol et le meurtre d'Elodie Kulik - DENIS CHARLET © 2019 AFP

Ce dimanche, RMC Story vous propose de découvrir un épisode inédit de Faites entrer l'accusé consacré à Willy Bardon, condamné pour le meurtre d'Élodie Kulik en 2002.

Tuée à seulement 24 ans. Ce dimanche soir, l'émission Faites entrer l'accusé revient sur RMC Story avec un épisode inédit consacré à Willy Bardon, condamné en 2002 pour le viol et le meurtre d'Élodie Kulik.

Faites entrer l'accusé: Willy Bardon, la voix du sang

Faites entrer l'accusé: Willy Bardon, la voix du sang

VOIR L'EPISODE

Le 11 janvier 2002, à Cartigny (Somme), une voiture interpelle les passants. Le véhicule est retrouvé accidenté dans un champ, les clés de contact encore à l'intérieur, mais sans ses occupants. Pour en savoir plus, les gendarmes cherchent à identifier son propriétaire grâce à la plaque d'immatriculation. Il s'agit d'Élodie Kulik, une jeune femme de 24 ans. Immédiatement, ils appellent ses proches, son employeur et les hôpitaux pour savoir où elle se trouve. En vain.

Une enquête criminelle est alors ouverte quelques heures plus tard car sa disparition est jugée inquiétante.

Une scène de crime atroce

Le lendemain, le corps d'une femme est retrouvé dans une réserve agricole isolée à Tertry, à six kilomètres de l'accident. D'après les premières constations, la victime a été dénudée, en partie calcinée, en position dite "gynécologique". Et après vérification, il s'agit bien du corps d'Élodie Kulik. L'autopsie révèle qu'elle a été victime de violences sexuelles et qu'elle est morte asphyxiée, avant d'être incendiée.

Plusieurs indices sont retrouvés autour de son corps comme des mégots de cigarette, une serviette, un préservatif, un tampon hygiénique et une chaussette. Des empreintes ADN sont également retrouvées sur la voiture, le corps d'Élodie, dans le sperme retrouvé dans le préservatif, mais elles ne sont pas enregistrées dans le FNAEG.

Ce sont les pompiers qui vont donner un coup de fouet à l'enquête quand ils informent les gendarmes qu'ils détiennent l'enregistrement d'un appel passé par Élodie vers minuit, la nuit de sa mort. Dessus, ils entendant la voix de la jeune femme hurler à l'aide avant que la communication ne soit coupée.

En analysant de plus près la bande sonore, les enquêteurs découvrent deux voix masculines en arrière-plan disant "ça va aller", "c'est bon?" ou encore "ça y est?"

Une technique révolutionnaire

Malgré ces éléments, l'enquête n'avance pas. En huit ans, trois juges d'instruction sont nommés sur ce dossier, et rien n'y fait. Trois hypothèses se dessinent donc pour justifier l'absence de preuve pour identifier son meurtrier: soit il est décédé, soit il s'est rangé ou alors, il fait partie d'un pacte qui le protège.

En 2010, c'est finalement un officier de la gendarmerie qui va avoir une idée en s'inspirant des États-Unis. Il se dit que si le meurtrier n'est pas fiché au FNAEG, l'un de ses parents l'est peut-être et permettrait d'identifier le suspect. Cette méthode dite de l'ADN de parentèle va porter ses fruits puisqu'elle fait sortir un nom, celui de Patrick Wiard, fiché pour agression sexuelle, qui vit à quelques kilomètres de là. Les enquêteurs s'intéressent donc à sa famille, car le coupable se trouve forcément dans son cercle proche. Il s'agit de son fils, Grégory Wiard, mais ce dernier est mort dans un accident de voiture en 2003.

Pour les proches d'Élodie, c'est un drame. Mais, pour les enquêteurs, il reste encore une chance de rendre justice à la victime en retrouvant le deuxième homme de la bande sonore.

Sa voix l'a trahi

Les enquêteurs s'intéressent à l'entourage de Grégory Wiard et c'est un ami à lui, Willy Bardon, qui va les intéresser. Notamment parce qu'il est placé sur écoute et se montre suspicieux quand il apprend que la police a reconnu son ami comme étant le violeur d'Élodie.

Le 16 janvier 2013, Willy Bardon est placé en garde à vue, mais il nie avoir accompagné Grégory Wiard ce soir-là. Alors les enquêteurs décident de faire écouter l'enregistrement de l'appel d'Élodie passé aux pompiers aux proches du jeune homme. C'est derniers sont unanimes, il s'agit bien de la voix de Willy Bardon.

Il est donc mis en examen pour meurtre et placé en détention provisoire. De son côté, il reste campé sur ses positions: selon lui, il est innocent. Faute de preuve matérielle, il est remis en liberté et assigné à résidence en attente de son procès.

Celui-ci s'ouvre 17 ans après la mort d'Élodie, le 20 novembre 2019, aux assises d'Amiens. L'enregistrement sonore est au cœur des audiences. Face au manque d'éléments à charge, Willy Bardon est convaincu qu'il va être acquitté. Mais la cour en décide autrement et le condamne à 30 ans de réclusion criminelle. À cette annonce, Willy Bardon fait une tentative de suicide dans la salle d'audience en avalant un pesticide.

Il survit et fait appel de sa première condamnation. Son nouveau procès s'ouvre à Douai et la condamnation est identique. Il se pourvoit enfin en cassation, mais sa demande est rejetée.

Alix Mancel