RMC Crime
Faites entrer l accusé

Faites entrer l'accusé: Meurtre à la "Breaking Bad"

Photo d'illustration

Photo d'illustration - RMC Story

L'émission Faites entrer l'accusé revient avec l'épisode "Meurtre à la Breaking Bad", ce lundi sur RMC Story. L'histoire du meurtre d'Eva Bourseau en juillet 2015 à Toulouse.

C’est une affaire digne de la série Breaking Bad. À la fin du mois de juillet 2015, Béatrice Weber s’inquiète de ne plus avoir de nouvelle de sa nièce, Eva Bourseau une jeune femme de 23 ans. L’étudiante a emménagé seule à Toulouse mais depuis le 27 juillet 2015, elle ne donne plus aucun signe de vie. L'émission Faites entrer l'accusé revient sur cette macabre histoire, ce lundi sur RMC Story.

"Eva ne répondait plus au téléphone depuis plusieurs jours", raconte sa tante. Et ce silence alarme également Anaïs, l’amie d’enfance de la jeune femme. "Eva pas connectée sur Facebook, c’est pas normal parce qu’elle est tout le temps sur les réseaux normalement", explique-t-elle.

Après 8 jours sans nouvelle, Anaïs décide de prévenir la famille d’Eva. Sur ses déclarations, la mère de la jeune fille décide donc de se rendre sur Toulouse. Le lundi 3 août, vers 21 heures, la mère tambourine à la porte de sa fille, en vain. Elle décide d’appeler les pompiers pour qu’ils viennent enfoncer la porte d’entrée.

En arrivant sur place, ils comprennent immédiatement la situation et l’empêchent d’entrer dans l’appartement en attendant les forces de l'ordre. 45 minutes plus tard, la police judiciaire et le procureur de la République de Toulouse arrivent sur place et découvrent une scène d’horreur. À l’intérieur, ils retrouvent un corps dans une malle en plastique.

>> RETROUVEZ CETTE EMISSION EN REPLAY SUR LA PLATEFORME RMC BFM PLAY

"L'horreur" de la scène de crime

Vers 22 heures, le procureur décide d’appeler un médecin légiste, Dr Anthony Blanc, pour qu’il vienne identifier le corps. En pénétrant dans l’appartement, un détail va le surprendre: "Paradoxalement, quand je rentre dans la pièce, il n’y a pas d’odeur", se souvient-il.

Au pied du lit, il découvre une grande boîte en plastique fermée. En ouvrant la boîte en plastique, le médecin légiste se rend compte qu’elle est remplie de liquide. Il commence alors l’examen et découvre qu’il manque des parties du corps de la victime, des lambeaux de chair, d’os. La dépouille est tellement dégradée qu’il n’ose quasiment pas la manipuler. Il n’a plus d’autre choix que de trouver un signe distinctif pour réussir à identifier la victime.

"Et je vais trouver un tatouage qui était une sorte de petite chauve souris", raconte-t-il. "Cela permet de confirmer que c’est bien Eva Bourseau qui est dans cette boite." Malgré l’état de décomposition avancée du corps, le médecin légiste arrive à distinguer des traces de coups et des lésions, comme si elle avait dû se défendre.

Pour la famille de la victime, c’est le coup de massue. "On apprend toute l’horreur", confie sa tante. "Que c’est Eva qu’on a retrouvée dans une malle. C’est juste impensable."

Une vie qui bascule

Eva Bourseau avait 23 ans. "Elle était dans ses bouquins, dans sa musique, c’était quelqu’un de très tranquille, qui ne fumait pas de cigarette, qui ne sortait pas", raconte Luna Weber, sa cousine.

Mais un an et demi plus tôt, Eva découvre la liberté en emménageant seule dans son appartement. C’est là qu’elle va commencer à sortir. Étudiante en histoire de l’art, elle intègre le groupe très fermé de l'association des faluchards, une confrérie composée d’étudiants en médecine et pharmacie.

"On savait qu’elle sortait beaucoup et qu’elle fumait des pétards de temps en temps", raconte sa tante. Mais Eva goûte aussi aux drogues de synthèse de type LSD ou MDMA. Selon ses proches, elle avait soif de vivre les choses à fond.

Six mois avant sa mort, cette fureur de vivre prend une autre tournure:

"Elle aimait le luxe, et on lui a proposé de vendre de la drogue et elle y a vu le moyen de se faire beaucoup d’argent facilement."

Ses amis vont rapidement s’éloigner d’elle pour fuir cette vie de débauche. Et trois mois avant sa mort, Eva prend conscience de sa solitude.

Le 26 juillet 2015, la veille du drame, Anaïs va dormir chez son amie, qu'elle n'est pas vue depuis longtemps. Ce soir-là, Eva voulait se confier. "Elle était un peu perdue", se souvient-elle. "Elle se sentait en danger." Les policiers vont découvrir grâce à des messages sur le téléphone d’Eva qu’elle avait des dettes auprès de ses fournisseurs de drogues. Elle parle d’un certain Guillaume et d’un Taha Mrani Alaoui.

Un crime inspiré d’une série

Contre toute attente, le 5 août 2015, ce dernier se présente au commissariat car il a des révélations à faire. Les enquêteurs l'arrêtent immédiatement et le place en garde à vue.

Le jeune homme de 23 ans assure aux enquêteurs qu’il n’est pas responsable de la mort d’Eva mais qu’il est juste intervenu pour masquer le corps de la jeune fille. En revanche, il affirme qu'il connaît le tueur et qu’il s’agit de son ami Zackariya Banouni, qui l’aurait appelé pour l’aider à faire disparaître le corps.

C'est ensuite Mrani Alaoui qui aurait proposé de le dissoudre dans l’acide.

"Quand il a cette idée, il s’inspire de la série télé Breaking Bad", explique Me Rigole, son avocate.

Dans cette série américaine très connue, un professeur de chimie impliqué dans un trafic de drogues se débarrasse d’un témoin gênant dans un bain d’acide.

Zackariya Banouni et le fameux Guillaume sont également arrêtés et placés en garde à vue. Immédiatement, le premier avoue être l’auteur du meurtre de l’étudiante mais ne s’étale pas sur les détails.

"Eva devait de l’argent à Guillaume, et il venait pour récupérer cet argent et faire peur à Eva pour qu’elle paye", explique Me Catala, l’avocat de Zackariya Banouni.

Cependant, dans sa version, il affirme que Taha Mrani Alaoui a participé au meurtre et qu’il a également asséné les coups mortels à Eva. Interrogé une nouvelle fois, il finit par reconnaître sa complicité dans le meurtre de la jeune fille.

"Ce sont des monstres"

Le procès des deux hommes s'ouvre devant les Assises de Toulouse, le 23 octobre 2018. Si Guillaume a été blanchi, Taha Mrani Alaoui et Zackariya Banouni, eux, comparaissent pour meurtre. Le plus difficile pour les proches d’Eva c’est qu’aucun des deux hommes ne montre des remords durant l’audience.

"Ce sont des monstres", estime Anaïs, l’amie d’enfance d'Eva.

"L’image qui a été donnée d’Eva, c’était que c’était une droguée, une toxico", confie Béatrice Weber, la tante de la victime. "Eux, étaient vus comme des prodiges, avec des capacités impressionnantes, un avenir certainement fantastique. Donc là, on a honte." Pour la famille, c’est un coup dur: selon les proches d'Eva, la drogue est au cœur des débats et est vue comme l’unique responsable du meurtre.

Pendant ce procès, il est démontré que c’est Taha Mrani Alaoui qui a voulu tuer Eva, qui a décidé de se débarrasser de son corps dans l’acide, et qui a fait porter le chapeau à son ami. À l’issue de l’audience, Zackariya Banouni est condamné à 25 ans de réclusion criminelle, Taha Mrani Alaoui est condamné à 30 ans. Aucun des deux hommes n’a fait appel de la décision.

Retrouvez l'épisode "Meurtre à la Breaking Bad" de Faites entrer l'accusé, ce lundi sur RMC Story.

Alix Mancel