“Mohammed Merah, la traque”: le nouvel épisode du podcast de Faites entrer l’accusé

Domicile de Mohammed Merah - AFP
Ce terroriste a fait trembler la France pendant onze jours. Le 11 mars 2012, un motard se fait tirer dessus sur le parking du gymnase de la cité de l’Hers, à dix kilomètres de Toulouse. L’homme meurt d’une balle dans la tête alors qu’il avait rendez-vous pour vendre sa moto. Les policiers arrivent rapidement sur place et constatent que la victime est un militaire. Il s’agit d’Imad Ibn Ziaten, un sergent-chef de 30 ans. Selon les premières informations, deux témoins ont aperçu le tueur et il était en scooter. Une enquête pour homicide est alors ouverte.
Quatre jours plus tard, le 15 mars 2012, le tueur au scooter réapparaît. A Montauban, trois militaires se font tirer dessus en pleine rue. Parmi eux, deux succombent à leurs blessures et le troisième est gravement blessé. “Ces projectiles, nous les avons comparés au projectile retrouvé dans la boîte crânienne de la première victime. Et là, nous allons trouver des micros traces qui vont nous permettre d’affirmer que c’est la même arme”, explique le commandant Serge Martin, expert balistique de la police scientifique de Toulouse. A partir de ce moment-là, la piste terroriste est envisagée, mais reste toujours une hypothèse.

Les policiers craignent désormais que l’homme au scooter ne récidive. Ils appellent donc du renfort et 50 enquêteurs viennent en aide à la police judiciaire de Toulouse.
Des enfants juifs pris pour cible
Le 19 mars 2012, vers huit heures du matin, les policiers sont appelés en urgence. “On apprend que c’est l’école Ozar Hatorah qui a été attaquée”, raconte le brigadier chef Antoni de la division criminelle de Toulouse. En arrivant devant l’école, ils découvrent le corps d’un homme, ainsi que celui de deux enfants. Puis, en pénétrant dans l’enceinte de l’établissement, ils tombent sur le corps d’une petite fille. Au total, l’assaillant aura fait quatre victimes au sein de l’école juive: Jonathan Sandler, un enseignant âgé de 30 ans et ses deux fils, Arié, cinq ans et Gabriel, trois ans, puis Myriam Monsonégo, la fille du directeur de l’école, âgée de huit ans. Un adolescent de quinze ans sera également grièvement blessé en tentant de porter secours à la petite Myriam.
“Même si les victimes ne présentent pas le même profil, évidemment, nous procédons immédiatement au rapprochement d’autant que plusieurs témoins signalent que l’individu a pris la fuite sur un scooter”, explique Eric Voulleminot, le patron de la sous-direction antiterroriste de 2010 à 2014.

Désormais, 150 enquêteurs s’activent sur cette affaire pour arrêter au plus vite l’assaillant. En tuant des militaires et des personnes de confession juive, l’acte terroriste ne fait plus aucun doute pour les policiers. La direction centrale du renseignement intérieur se met sur ce dossier et relève deux noms qui pourraient correspondre à l’auteur de ces meurtres. Il s’agit de deux frères fichés comme étant des islamistes radicaux: Abdelkader et Mohammed Merah. Leurs domiciles sont donc placés sous surveillance et le RAID se prépare à effectuer leurs interpellations.
“Il attendait de tuer des policiers”
Le 21 mars 2012, vers trois heures du matin, les équipes du RAID sont en position pour interpeller Mohammed Merah. Contre toute attente, l’homme est réveillé et contre-attaque en leur tirant dessus. “Il nous a immédiatement insulté en nous disant qu’il avait déjà tué des militaires, qu’il avait tué des enfants et qu’il attendait de tuer des policiers”, confie Amaury de Hauteclocque, le chef du RAID de 2007 à 2012. C’est une opération difficile, car l’homme refuse de se rendre et blesse plusieurs agents.

Il finit par accepter de communiquer avec le médiateur du RAID et explique qu’il est allé au Pakistan pour récupérer un mandat d’Al Qaida pour tuer et qu’il a été entraîné par le groupe d’islamistes sur place. L’homme donne ensuite l’emplacement de son scooter et d’une de ses voitures à l'intérieur de laquelle les enquêteurs retrouvent l’arme qui a servi à tuer les militaires et les victimes de l’école juive. Avec le scooter et l’arme du crime, les policiers n’ont plus de doute: Mohammed Merah est bien l’auteur des attentats.
Plus de 24 heures après le début de l’intervention du RAID, Mohammed Merah reste toujours retranché dans son appartement. Les opérateurs décident donc de lancer l’assaut pour le neutraliser. Mais en pénétrant dans son domicile, les agents se font tirer dessus. “Vous imaginez le courage des gens du RAID qui interviennent et se font tirer dessus au 11.43, eux essayaient de le neutraliser. Le but, c’était de le prendre vivant”, explique Christian Lothion, le patron de la Direction centrale de la police judiciaire. Présentant un trop grand danger, Mohammed Merah sera finalement tué par les snipers après plus de 30 heures de siège.
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