"Obsession sur les Troadec": le nouvel épisode inédit du podcast de Faites entrer l’accusé

Pascal et Brigitte Troadec et leurs deux enfants Sébastien et Charlotte. - Police nationale
Un quadruple meurtre d’une violence inouïe. Le 27 février 2017, à Nantes, des proches s’étonnent de ne pas avoir de nouvelles de la famille Troadec composée de Pascal, le père de famille, Brigitte, la mère et leurs deux enfants, Sébastien et Charlotte. Ils préviennent la police qui se rend à leur domicile à Orvault, près de Nantes. En pénétrant dans le domicile familial, les policiers sont étonnés de retrouver de la vaisselle sale dans l’évier et des denrées périmées dans le réfrigérateur. L’Unité pour les personnes disparues prend le relais. Ils découvrent que les deux voitures du couple Troadec sont toujours garées devant la maison. Les lits sont défaits, sans drap dessus et un téléphone couvert de sang est retrouvé dans la chambre du fils. La police judiciaire est donc saisie.
C'est l'histoire fascinante racontée dans ce nouvel épisode du podcast Faites entrer l'accusé.
En analysant la maison, les enquêteurs remarquent des traces de sang dans la cage d’escalier. Une information judiciaire est donc ouverte pour enlèvement, séquestration, suivie de meurtre. Le 1er mars 2017, des éléments vont faire avancer l’enquête. A Dirinon, situé à 250 kilomètres d’Orvault, un pantalon contenant la carte vitale de Charlotte est retrouvé. La zone est donc fouillée. Les enquêteurs retrouvent deux vieux livres d’école au nom du père de famille, à 20 kilomètres de Dirinon. Puis, le lendemain, la voiture de Sébastien, le fils, est retrouvée à Saint-Nazaire, à 60 kilomètres d’Orvault. A l’intérieur, le bluestar, un produit révélateur, révèle de nombreuses traces de sang.
La légende du trésor a détruit une famille
“Dès la première audition à la police du Finistère, les sœurs de Brigitte Troadec ont l’idée qu’une seule personne étrange et bizarre est dans l’entourage de Brigitte et Pascal. C’est Hubert Caouissin”, explique l’avocate des sœurs de Brigitte, Me Cécile de Oliveira. Il s’agit du compagnon de Lydie Troadec, la soeur de Pascal. Et l’homme aurait une dent contre lui.
“Cette opposition viendrait d’un vol commis par Pascal, suite à la découverte, quelques années auparavant, de lingots d’or et de pièces d’or dans un appartement appartenant au père de famille, Pierre” affirme le capitaine Morin de la brigade criminelle de Nantes.
Hubert et Lydie sont donc placés en garde à vue. Et ils ne cachent pas aux policiers la jalousie et la rancœur dont ils font preuve à l’égard de Pascal et Brigitte, critiquant notamment leur train de vie qui aurait augmenté dernièrement. Hubert avoue même avoir monté un dossier pour dénoncer le vol de lingots d’or de son beau-frère au fisc.
Cette histoire d’or viendrait de Pierre, le père de Pascal et Lydie. Il aurait trouvé un trésor en faisant des travaux dans un appartement à Brest. Il aurait récupéré les pièces d’or et les lingots et l’aurait caché dans le toit de son garage et c’est là que Pascal aurait volé le trésor. Il s’agit d’une légende bien connue à Brest. En 1940, les Allemands envahissent la France, la Banque de France aurait voulu évacuer ses réserves en or vers des ports, dont celui de Brest. L’or aurait été chargé sur cinq cargos par des marins et la légende veut qu’une de ces caisses d’or soit tombée dans l’eau. Des recherches n’ont jamais permis de retrouver l’or, mais cela a suffi pour créer cette légende.
“C’était la partie soft”
Le 3 mars 2017, une trace ADN va finalement être retrouvée sur un verre dans la cuisine des Troadec, et celui-ci correspond aux empreintes d’Hubert. Et dans la voiture du fils aussi. “Au niveau de la banquette arrière et du coffre du véhicule, on retrouve les ADN des quatre membres de la famille”, révèle le capitaine Morin. Lydie et Hubert sont arrêtés et confrontés aux éléments qui les accablent. Puis, Hubert passe aux aveux:
“J’ai frappé Brigitte et Pascal. Sébastien avait l’air un peu menaçant, je lui ai mis un coup de pied-de-biche sur la tête. J’ai frappé plus fort, parce que je commençais à vraiment paniquer, le problème c’est qu’il y a une des dents qui est rentrée dans son crâne. C’était foutu, je ne pouvais plus sortir”, a-t-il expliqué aux enquêteurs. “J’ai mis mon pied sur son visage et j’ai retiré le pied-de-biche de sa tête, ça a pissé du sang, il a dû avoir une artère de touché parce que ça giclait”. Il poursuit : “Charlotte avait ouvert la porte de sa chambre, j’ai réussi à me dégager et j’ai mis un coup de pied-de-biche à Charlotte sur la tête”. Il donne également un coup de pied de biche à Brigitte en précisant “c’est comme si elle avait été débranchée, elle est tombée comme ça, pof”. Pour Pascal, il dit qu’il lui a donné un “bon coup sûr la tête”.
Il prévient ensuite les enquêteurs qu’il s’agissait de la partie “soft”. Hubert charge ensuite les corps dans la voiture. Il roule pendant 300 kilomètres jusque chez lui.
“Et là, je les ai découpés avec un couteau de cuisine. J’ai commencé par les têtes parce que c’était difficile de les voir. J’ai mis les viscères dans des sacs plastique. Tout ce qui était gras, peau, os, membres, je les ai brûlés dans la chaudière. J’ai pas mis les têtes, je les avais mises de côté. J’ai travaillé comme un forcené pendant deux jours”.
Il a ensuite enterré les restes dans son jardin. De son côté, Lydie avoue être au courant, mais ne pas avoir participé au quadruple meurtre. Elle l’a aidé à nettoyer la voiture et à cacher l’arme du crime.
Une paranoïa obsessionnelle
Lydie est mise en examen pour modification d’une scène de crime et recel de cadavres. Hubert, lui, est mis en examen pour le quadruple assassinat et atteinte à l’intégrité des cadavres.
Après analyse, un expert psychiatre relève une forme de paranoïa chez Hubert Caouissin. Leur procès s’est ouvert le 22 juin 2021, devant les assises de Nantes. Hubert est condamné à 30 ans de réclusion criminelle et échappe à la perpétuité à cause de la reconnaissance de son trouble psychiatrique. Lydie est condamnée à trois ans de prison dont un avec sursis.