Disparus de l'Isère: trente-cinq ans plus tard, on ne sait toujours pas qui a tué Nathalie Boyer

Un rail de chemin de fer - Photo d'illustration - Whatknot - FLICKR
C'est l'une des affaires les plus coriaces de l'Isère. Nathalie Boyer, 15 ans, a été retrouvée morte au niveau d'un chemin de fer à Saint-Quentin-Fallavier, non loin de Lyon, il y a tout juste 35 ans. Depuis, on ne connaît toujours pas l'identité de son tueur. Une énorme inconnue dans le dossier qui a amené le pôle "cold cases" à reprendre en main les investigations l'an dernier, dès sa création à Nanterre.
"Je ne suis pas dans le besoin absolu d’un procès, mais j’ai espoir d’avoir des réponses, de comprendre. Et s’il y a procès, ce sera tant mieux", avait réagi la sœur de la victime en mai 2022, évoquant auprès du Progrès un fort "besoin de savoir".
Le 3 août 1988, en fin de journée, une femme se rend à la gendarmerie pour signaler la disparition de sa fille, Nathalie, placée dans un foyer sur les périodes scolaires, mais de retour dans sa famille à Villefontaine pour les vacances. Les amies de l'adolescente, originaire de La Réunion, sont les dernières à l'avoir vue et depuis, plus personne n'a de nouvelles d'elle, relatait l'an dernier Le Progrès.
Une enquête est ouverte et les gendarmes se mettent à la recherche de la jeune fille. Ce n'est que le lendemain matin qu'on leur rapporte une découverte macabre: un cheminot de la SNCF est tombé sur le corps de l'adolescente, abandonné le long d'un chemin de fer en lisière du bois de La Verpillère.
Des pistes étudiées, mais toutes abandonnées
L'autopsie confirmera les craintes des enquêteurs: Nathalie Boyer a bel et bien été tuée, égorgée. Elle n'a cependant pas subi de violences sexuelles, comme l'établit l'autopsie.
L'emplacement du corps fait penser aux gendarmes que l'auteur des faits connaissait bien les lieux. S'engagent alors plusieurs semaines de recherches. Plusieurs pistes seront à l'étude, notamment celle d'un couple vivant à Saint-Quentin-Fallavier, connu pour avoir déjà invité des filles mineures à visionner avec eux des films pornographiques. Mais les investigations dans ce sens ne donneront rien.
De même, l'hypothèse d'un ressortissant algérien arrêté à Manchester en Angleterre fait chou blanc. Dans ses affaires avait été retrouvée une coupure de presse relatant le meurtre, mais les gendarmes ont rapidement pu établir qu'il travaillait de l'autre côté de la Manche le jour des faits, abandonnant tout soupçon à propos de l'homme.
La série des "disparus de l'Isère"
Insoluble mystère, le dossier a fini par être mis de côté par les enquêteurs isérois, et a été clos par un non-lieu trois ans après les faits. La famille de Nathalie Boyer et ses avocats, Mes Didier Seban et Corinne Herrmann, tous deux spécialisés dans les "cold cases", n'auront de cesse, pendant des années, de demander la réouverture du dossier, notamment pour que soit étudiée la piste de l'implication d'un tueur en série à l'image de Michel Fourniret.
D'autant que d'autres dossiers de meurtres - comme celui de Rachid Bouzian, 8 ans, en 1990 - et de disparitions d'enfants - comme celle du petit Ludovic Janvier, 6 ans, en 1983 - n'ont jamais été résolus, toutes ces affaires ayant été rassemblées sous l'appellation des "disparus de l'Isère".
À charge à présent pour le pôle de Nanterre d'établir si des rapprochements existent entre ces dossiers et peut-être revenir vers les familles des victimes avec la solution des énigmes, après des années de questions sans réponses.