Itinéraires criminels: Patrick Trémeau, le parcours d'un "criminel pas comme les autres"

Un parking (image d'illustration) - Kenzo Tribouillard - AFP
Il n'y a pas que des dossiers d'affaires non élucidées sur le bureau des juges du pôle de Nanterre. Pour permettre de résoudre ces cold cases, les enquêteurs de ce pôle judiciaire ont décidé de s'intéresser aux parcours criminels de huit tueurs et violeurs français. Ce samedi, RMC Crime revient sur celui de celui qui a été surnommé "violeur des parkings".
À l'inverse de Nordahl Lelandais ou de Jacques Rançon, Patrick Trémeau n'a jamais été condamné pour meurtre. Pourtant, si les juges du pôle se penchent sur son dossier alors même qu'il est sorti de détention en 2021, c'est que la sérialité des viols qu'il a commis les amène à vouloir vérifier qu'il n'est pas impliqué dans des viols jamais résolus.
S'engage alors un véritable travail de fourmi. Car il faut lire entre les lignes d'un casier judiciaire assez épais, puisque l'homme a déjà été condamné pour une vingtaine de viols et tentatives de viol.
Des viols en série
Après avoir grandi dans une famille pauvre de l'Essonne, Patrick Trémeau se forme à la plomberie. Jusqu'à ses 21 ans, rien ne semble dénoter dans son parcours. Mais en 1984, le jeune homme est interpellé pour s'être masturbé devant une auto-stoppeuse, comme le rappelle notamment Marianne. Une première condamnation tombe: il écope de 18 mois de prison avec sursis pour ces faits.
Mais un an après sa sortie, il récidive et commet cette fois un viol à Créteil. Après un nouveau passage au tribunal, il retourne en prison pendant quatre ans. Là encore, l'incarcération n'y fait rien: quelque temps après sa remise en liberté, il s'en prendra à 13 femmes en l'espace de deux ans.
Cette série de viols et de tentatives de viol permet aux enquêteurs de cerner son mode opératoire, qui lui vaudra son surnom de "violeur des parkings": il agit dans les 11e et 20e arrondissements de Paris, tard le soir, profitant de l'obscurité de parkings souterrains pour prendre des jeunes femmes par surprise, armé d'un couteau.
Au procès, "une atmosphère épouvantable"
Interpellé pour d'autres faits, ce sont ses chaussettes, jaunes, qui le trahissent: une victime les a mentionnées dans sa plainte. Rapidement, l'homme avoue les viols et les tentatives commis. L'histoire se répète: il est incarcéré à nouveau, et à sa sortie, on l'interpelle à nouveau après trois viols en 2005.
Lors de son procès, il raconte avoir lui-même été victime de son beau-père, violent et abusif alors qu'il n'était qu'un enfant.
"Personne ne voulait le défendre, c’était déjà une atmosphère épouvantable", raconte auprès de nos confrères celui qui a finalement accepté de prendre sa défense, Me Henri Leclerc.
"On a pris la ville de Saint-Denis pour une poubelle"
Cette fois-ci, il écope de 20 ans de réclusion criminelle. Libéré en 2021, sa sortie et les conditions de sa réinsertion suscitent un vif débat: alors qu'il devait loger dans un appartement à Coulommiers, en Seine-et-Marne, des riverains et des élus se dressent contre son emménagement.
Les services pénitentiaires lui trouvent donc un deuxième point de chute, la ville de Saint-Denis. Là encore, la décision crée du remous.
"On a pris dans cette affaire la ville de Saint-Denis pour une poubelle, c'est inadmissible", lançait le maire de la ville Mathieu Hanotin, en 2021, sur BFMTV.
"On ne peut pas faire comme si Monsieur Trémeau était un criminel comme les autres. À chaque fois qu'il est ressorti, il a reviolé systématiquement. Le contrôle sur cet homme doit être le plus rigide possible", avait-il ajouté.
Agressé à son domicile en 2021
Des mots forts qui ne passent pas inaperçus. "Je trouve toujours très grave qu'un maire ou une autorité administrative s'oppose publiquement à une décision de justice. Et de surcroît, en publiant son communiqué, il créé une publicité supplémentaire au fait qu'il s'est installé dans sa ville et donc, cela le met encore plus en danger", réagissait Me Henri Leclerc auprès du Parisien.
Et Patrick Trémeau n'y coupe pas: une nuit d'août 2021, trois personnes se font passer pour des policiers et agressent l'homme à son domicile. Blessé, celui-ci parvient à s'enfuir et est hospitalisé. Atténuant ses propos, Mathieu Hanotin avait alors dénoncé une "chasse à l'homme" n'ayant pas lieu d'être.
Depuis, le "violeur des parkings" n'a pas fait parler de lui, si ce n'est lorsque son nom a ressurgi à l'annonce de la volonté du pôle de Nanterre de réétudier son parcours. Contacté, son avocat n'a pas donné suite à notre demande d'interview.