RMC Crime
Cold Cases

Le meurtre de Leïla Afif, mère de famille tuée en 2000 en Isère, n'a toujours pas été résolu

(Photo d'illustration) Des dossiers de justice archivés.

(Photo d'illustration) Des dossiers de justice archivés. - LUDOVIC CAILLERE / AFP

Le corps de cette femme de 40 ans avait été retrouvé dans un canal le 12 mai 2000. Depuis, son meurtre n'a jamais été résolu.

Le dossier, qui s'apprête à fêter son 23e anniversaire, est l'un des premiers repris par le pôle "cold cases" de Nanterre. Le 12 mai 2000, le corps de Leïla Afif est retrouvé sans vie à La Verpillère, une commune iséroise située au sud-est de Lyon. L'autopsie révèle que cette mère de famille a été tuée par balle.

Vingt-trois ans plus tard, son meurtre n'a jamais été résolu, laissant ses enfants dans l'incompréhension. "L’une de mes sœurs, l’un de mes frères ont quitté cette terre sans savoir. Moi, je ne conçois pas de mourir sans savoir", commentait l'an dernier sa fille aînée, Dounia, interrogée par le Dauphiné Libéré.

Alors que le dossier est toujours en cours d'instruction au pôle dédié aux crimes sériels et non élucidés, les proches de la victime ne sont pas près de renoncer à connaître la vérité.

"Il y a une certaine incompréhension chez mes clients, une colère saine aussi, de ne pas savoir pourquoi on s'en est pris à leur mère. On attend que ça avance. Nous avons plein de questions pour la nouvelle juge d'instruction, qu'on a hâte de rencontrer", explique auprès de RMC Crime Me Wissam Mahlaoui, leur avocat.

Des suspects, mais jamais de mises en examen

Le 7 mai 2000, Leïla Afif se rend à Saint-Quentin-Fallavier pour inscrire l'un de ses fils en BEP, retraçait Dounia, l'aînée de la famille, auprès du Dauphiné Libéré l'an dernier. Mais en fin de journée, ses enfants ne la voient pas revenir à leur domicile de Vaulx-Milieu, et constatent qu'elle est injoignable. Un élément d'autant plus troublant que leur mère ne s'est jamais absentée très longtemps de chez elle sans les prévenir.

Alertée, la police se lance à la recherche de cette femme de 40 ans. Mais il faut attendre cinq jours avant que son corps sans vie ne soit découvert dans le canal de la Bourbe, à La Verpillère.

Afin d'identifier la victime, les policiers demandent aux médias locaux de diffuser la photo des bijoux retrouvés sur elle. C'est grâce à un pendentif que les enfants de Leïla Afif sont fixés sur le sort de leur mère. L'autopsie révèle ensuite que la mère de famille, qui élevait seule ses enfants, a été abattue d'une balle dans la nuque.

Au cours des investigations, plusieurs personnes seront soupçonnées et placées en garde à vue. Une arme est même découverte, cachée sous un pot de fleurs au domicile d'un proche, rappellent nos confrères. Pourtant, en l'absence de preuves, les recherches ne débouchent sur aucune mise en examen. Trois ans après l'ouverture de l'information judiciaire, un non-lieu est rendu dans le dossier.

Une "plaie" à panser

C'est un dossier très vieux et parfois peu compréhensible que Me Wissam Mahlaoui reprend lorsqu'il accepte d'être l'avocat des enfants de la victime, il y a une dizaine d'années.

"Je n'ai pas de jugement à porter sur la qualité de l'enquête, les moyens d'enquête de l'époque n'étaient pas les mêmes qu'aujourd'hui", commente-t-il. "Qu'il y ait eu des ratés, je n'en doute pas. Mais ils n'étaient pas volontaires."

Le procureur de Vienne de l'époque, en charge du dossier, parvient à faire interrompre la prescription. "C'était un gros danger pour nous", commente l'avocat, qui estime que la reprise du dossier par le pôle de Nanterre constitue un nouveau motif d'interruption de la prescription.

S'il remue beaucoup de souvenirs douloureux, ce nouveau sursaut dans le dossier relance l'espoir chez les proches de la disparue. Alors que 23 années de procédure judiciaire ne sont pas parvenues à apporter un début de réponse, ils aspirent à comprendre dans quelles circonstances Leïla Afif est morte, ce jour de mai 2000. "On fait revivre une anxiété ancienne, mais en même temps l'espoir renaît. Une plaie se rouvre, mais il faut la soigner."

Elisa Fernandez