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Michel Fourniret et Monique Olivier ont-ils pu sévir en Bretagne entre 1990 et 2000?

Monique Olivier et Michel Fourniret

Monique Olivier et Michel Fourniret - Netflix

Le pôle "cold case" étudie les années durant lesquelles le couple Fourniret-Olivier s'est régulièrement rendu en Bretagne. Des vérifications sont en cours pour savoir s'ils ne pourraient pas être impliqués dans le meurtre non résolu de Marie-Michèle Calvez.

On les appelle les "années blanches" du couple Fourniret-Olivier. Celles durant lesquelles il n'existe aucune trace de passages à l'acte du tueur en série et de son épouse, mais sur lesquelles le pôle dédié aux crimes sériels et non élucidés (PCSNE) de Nanterre se penche actuellement, selon les informations du Télégramme.

Une interrogation existe notamment dans le parcours criminel du duo: en dehors du Grand-Est, de l'Yonne et de la Seine-et-Marne, Michel Fourniret et Monique Olivier n'ont-ils pas pu faire des victimes en Bretagne, où ils se sont rendus régulièrement entre 1990 et 2000?

Comme l'ont découvert les avocats Didier Seban et Corinne Herrmann, spécialisés dans les cold cases, le tueur en série et sa compagne se sont notamment rendus à plusieurs reprises en Pays Bigouden, où une partie de la famille de Monique Olivier vit. D'après nos confrères, ils sont également passés par les Côtes-d’Armor, dans une maison de vacances à Perros-Guirec.

Une implication dans le dossier Marie-Michèle Calvez?

C'est notamment sur un dossier en particulier que l'ombre de Michel Fourniret pourrait planer. Au mois de décembre, le pôle de Nanterre a accepté de reprendre les investigations autour du meurtre non résolu de Marie-Michèle Calvez, 40 ans, assassinée au Guilvinec dans le Finistère en 1994.

Le corps de la victime avait été retrouvé dans une voiture calcinée, sur un terrain vague situé près d'une ancienne conserverie. Les enquêteurs se mettent rapidement sur la piste de l'implication d'une personne figurant dans son entourage, soupçonnant notamment un voisin. Cette piste a cependant été abandonnée à l'époque.

Dans le dossier monté l'an dernier par l'avocat Didier Seban et sa cliente, la sœur de Marie-Michèle Calvez, à destination du pôle de Nanterre, figuraient dix pages de demandes. Parmi elles, de nouvelles analyses ADN, des auditions auprès des personnes qu'elles fréquentaient à l'époque... et l'étude de la piste d'un tueur en série de passage en Bretagne.

Interrogé par RMC Crime en février, Me Didier Seban précisait cependant que si cette théorie méritait d'être vérifiée, elle n'était pas privilégiée par rapport à celle de l'implication d'un proche. Si cela reste donc une hypothèse parmi d'autres pour l'instant, la juge d'instruction en charge du dossier au pôle de Nanterre vérifie si Michel Fourniret n'a pas pu croiser la route de la jeune femme, en septembre 1994.

Des précédents en Loire-Atlantique

D'autant que le tueur a déjà sévi sur la côte ouest, à 250 kilomètres au sud du Guilvinec, à Rezé. En novembre 1990, les deux individus sont appelés à comparaître devant le tribunal correctionnel de Nantes: alors que Michel Fourniret, dès les prémices de leur relation, avait promis à Monique Olivier de se venger de son ex-mari qui, dit-elle, était violent avec elle, ils sont jugés pour avoir détruit des toiles appartenant à cet homme.

Ils sont donc de passage à Nantes ce 20 novembre pour y entendre leur condamnation lorsque Natacha Danais croise par malheur la route de leur camionnette blanche. La petite fille de 13 ans, qui faisait des courses dans une grande surface avec sa mère, était retournée quelques minutes sur le parking pour récupérer un portefeuille oublié dans leur voiture. C'est là qu'elle accepte de monter aux côtés du couple qui prétextait être perdu. Son corps sera retrouvé quelques jours plus tard sur une plage vendéenne.

Des années après, en 2004, les enquêteurs avaient fini par relier le tueur en série à ces faits, prouvant que l'homme avait déjà commis des meurtres en dehors de son lieu de résidence.

De 1990 à 2000, les enquêteurs n'ont retrouvé aucun indice de nouveau passage à l'acte du couple. "Une perversion aussi aboutie que celle du couple ne permet pas une interruption de dix ans", estime cependant Francis Nachbar, procureur interrogé dans le documentaire consacré à leur parcours criminel, Dans les yeux de Monique Olivier, sur Netflix.

Elisa Fernandez