Les investigations dans trois "cold cases" liés à Michel Fourniret sont closes, un procès se profile

Michel Fourniret - AFP
Les investigations dans trois "cold cases" concernant Michel Fourniret ont été closes début février, ouvrant la voie au procès de son ex-épouse Monique Olivier, mise en examen pour complicité notamment dans l'enlèvement d'Estelle Mouzin en 2003.
Depuis la mort en 2021 de Michel Fourniret, Monique Olivier est la seule personne mise en cause dans ces trois dossiers: les enlèvements de Marie-Angèle Domèce en 1988 et d'Estelle Mouzin en 2003, dont les corps n'ont pas été retrouvés, ainsi que le meurtre de Joanna Parrish en 1990.
Les investigations terminées, la défense de Monique Olivier peut faire ses observations, puis le parquet prendre ses réquisitions. Il reviendra ensuite à la juge d'instruction Sabine Kheris de trancher sur la tenue, ou non, d'un procès. S'il a lieu, il pourrait se tenir en novembre 2023, selon des sources proches du dossier.
"La vérité judiciaire est importante pour les familles de victimes. Elles se sont tellement battues pour l'obtenir", a déclaré à l'AFP Didier Seban, avocat des familles Domèce, Parrish et Mouzin. "Il y aura naturellement un avant et un après procès, même si l'absence de Michel Fourniret à ce procès fera ressortir les fautes de notre système judiciaire", a-t-il anticipé.
Des aveux progressifs
Monique Olivier, aujourd'hui âgée de 74 ans, a déjà été condamnée à la réclusion à perpétuité pour complicité de quatre meurtres et d'un viol en réunion commis par Michel Fourniret, puis à vingt ans de réclusion pour un cinquième meurtre. Elle s'était installée en 1987 avec le tueur lorsqu'il était sorti de prison. Ils ont eu un fils ensemble puis divorcé en 2010.
Avant la mort de son ex-mari, Monique Olivier avait commencé à livrer des informations à la justice. Elle avait donné aux enquêteurs une première liste de victimes en juin 2004, puis contredit l'alibi du tueur en série le jour de la disparition d'Estelle Mouzin en novembre 2019. Quelques mois plus tard, Michel Fourniret avouait à la juge Kheris sa responsabilité.
Monique Olivier avait ensuite déclaré en août 2020 que son ex-mari avait séquestré, violé et tué la fillette à Ville-sur-Lume (Ardennes). L'ADN partiel d'Estelle Mouzin avait été retrouvé sur un matelas saisi en 2003 dans cette maison.
Puis, en avril 2021, Monique Olivier avait reconnu la première fois un rôle dans la séquestration d'Estelle, précisant avoir accompagné Michel Fourniret près du bois d'Issancourt-et-Rumel pour enfouir le corps de la fillette.
Des corps introuvables
Reste l'énigme des corps, dans deux de ces trois dossiers. Depuis juin 2020, une dizaine de campagnes de fouilles ont été organisées dans les Ardennes pour retrouver celui d'Estelle Mouzin. Une autre campagne a également eu lieu fin janvier, dans l'Yonne, pour celui de Marie-Angèle Domèce. Sans résultat.
Au 18 janvier, le pôle "cold cases" était saisi de 67 dossiers à l'instruction, dont huit parcours criminels, et une vingtaine d'enquêtes préliminaires. Parmi eux, plusieurs dossiers concernant encore Michel Fourniret.
Parmi eux celui de Lydie Logé, disparue à 29 ans dans l'Orne en 1993, et dans lequel M. Fourniret avait été mis en examen en 2020. Selon une source proche du dossier, la juge Kheris enquête aussi sur le potentiel rôle du tueur dans la disparition, en 2003, de Florence Bloise, à l'âge de 38 ans dans les Yvelines.