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Affaires françaises

Disparition de Lydie Logé: 29 ans de mystère, une piste mais pas de certitudes

Michel Fourniret a reconnu au mois de mars 2020 avoir tué Estelle Mouzin, disparue depuis 2003.

Michel Fourniret a reconnu au mois de mars 2020 avoir tué Estelle Mouzin, disparue depuis 2003. - BFMTV

La piste Fourniret semble être privilégiée pour expliquer la disparition de Lydie Logé en décembre 1993. Mais la mort du tueur en série en 2021 fait s'éloigner l'espoir de retrouver le corps de la jeune femme.

Près de 29 ans jour pour jour après la disparition de Lydie Logé, les enquêteurs semblent avoir trouvé l'identité de son ravisseur: ce ne serait autre que Michel Fourniret, qui, selon Le Parisien, aurait avoué à demi-mot le meurtre de la jeune femme, le 18 décembre 1993 dans l'Orne. Pourtant, après la mort du tueur en série, une inconnue de taille figure toujours au dossier: le corps de la disparue n'a jamais été retrouvé.

En 1993, fraîchement divorcée et âgée de 29 ans, Lydie Logé vit seule dans le petit village de Saint-Christophe-le-Jajolet, dans l'Orne. Dans la journée du 18 décembre, elle fait ses courses de Noël en compagnie d'une amie, comme le raconte Libération. Le soir-même, elle rentre chez elle et passe quelques coups de fil, mais le lendemain, lorsque son ex-mari vient à son domicile pour ramener leur fils chez sa mère, celle-ci ne donne plus signe de vie.

À l'intérieur, à première vue, rien d'anormal: tout laisse à croire que la jeune femme habite encore les lieux. Les enquêteurs refusent d'ouvrir une enquête immédiatement, laissant penser que Lydie Logé a pu partir de son plein gré. Deux mois plus tard, sans nouvelles de la disparue, le parquet décide finalement d'investiguer.

Un rapprochement avec Michel Fourniret

Mais l'enquête tatônne: aucun indice ne permet d'orienter les policiers sur une hypothèse plutôt qu'une autre. La théorie de l'ex-mari coupable est un temps abordée, puis abandonnée. Après quelques fausses pistes et beaucoup d'incertitudes, un non-lieu est prononcé en 2009.

Il faut attendre 2016 pour que l'Office central de répression des violences aux personnes (OCRVP) recense un certain nombre d'empreinte génétique non identifiées sont dans les scellés appartenant à Michel Fourniret. L'analyse de ces relevés sera déterminante dans le dossier: parmi ces empreintes, l'une d'entre elles fait apparaître le même code génétique que celui de la mère de Lydie Logé, établissant un lien entre la disparue et le tueur en série.

D'après ces éléments, l'Ogre des Ardennes et son ex-épouse, Monique Olivier, ont été mis en examen en 2020 pour "enlèvement et séquestration suivi de mort" pour le premier et "complicité" pour la deuxième, concernant le dossier de Lydie Logé.

Le doute subsiste

Malgré tout, après la mort du tueur, le doute plane encore sur sa réelle implication dans ce fait divers en particulier: outre l'absence de dépouille, la disparition de la jeune femme s'est déroulée dans un département où il n'a pas vécu, et date de la décennie 1990, durant laquelle aucune autre de ses victimes n'a été recensée.

De plus, le criminel présentant, dans ses dernières années, une défaillance de santé mentale, le doute est permis quant à la crédibilité à accorder à ses propos.

"Un crime fait écho à un autre. Mais ils les avouent et les confondent entre eux", déplorait en 2021 auprès de l'AFP Me Didier Seban, l'avocat de plusieurs proches des victimes du tueur en série et de son ex-compagne. "Ce qui étonne, c'est l'ego absolu de ce personnage, la fierté qu'il tire de son œuvre criminelle. C'est le tueur qui vous emmène dans ses crimes. Il est absolument pervers, absolument insupportable."

Aujourd'hui, la question de la tenue d'un procès malgré l'absence du principal accusé se pose encore: il est en effet possible que Monique Olivier comparaisse, elle, pour "complicité". Comme ce sera probablement le cas dans l'affaire de la petite Estelle Mouzin.

Elisa Fernandez