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Le meurtre de Marie-Louise Jouve en Haute-Loire, 11 ans de mystère

Le meurtre de Marie-Louise Jouve dans le hameau de Saint-Maurice-de-Rocher n'a pas été élucidé.

Le meurtre de Marie-Louise Jouve dans le hameau de Saint-Maurice-de-Rocher n'a pas été élucidé. - Google Street View

En 2011, le soir de la Saint-Sylvestre, une septuagénaire est retrouvée morte dans sa maison près de Roche-en-Régnier. Faute d'éléments suffisants au dossier, un non-lieu a été rendu en 2020.

Onze ans sont passés sans que le mystère du meurtre de Marie-Louise Jouve n'ait trouvé de réponse. Le soir de la Saint-Sylvestre en 2011, cette septuagénaire avait été retrouvée morte, grièvement blessée à la tête dans sa maison du hameau de Saint-Maurice-de-Roche, près de Roche-en-Régnier dans la Haute-Loire. Faute de suspect crédible malgré une mise en examen, le dossier a fait l'objet d'un non-lieu en 202O.

Retour au soir du 31 décembre 2011. Comme le racontent nos confrères du Progrès, de nombreuses personnes se réunissent dans la maison mitoyenne à celle de cette agricultrice retraitée de 77 ans, où vivent sa fille et son gendre. Des enfants du couple et leurs amis s'y préparent avant d'aller réveillonner ailleurs.

S'apprêtant à rejoindre des amis pour la soirée, la fille de Marie-Louise Jouve passe voir sa mère vers 20 heures. C'est là qu'elle découvre son corps gisant dans une flaque de sang, allongé sur le ventre.

Un cambriolage monté de toutes pièces?

Appelés pour ce qu'ils pensent être une chute à domicile, les secours interviennent sur les lieux sans prendre de précautions. Ils ne parviennent cependant pas à réanimer la septuagénaire. À leur arrivée, les gendarmes constatent des traces de coups au niveau du visage de la victime et à l'arrière de sa tête: tout laisse à croire qu'ils ont été infligés par une tierce personne. Pourtant, ils ne retrouvent aucune arme sur place.

Toujours selon Le Progrès, le procureur de l'époque, René Pagis râle alors en découvrant que les lieux ont été souillés par le passage des secouristes, qui ne savaient pas qu'ils intervenaient sur une scène de crime.

À l'intérieur de la maison, on constate un certain désordre: certaines affaires de la victime ont été déplacées. Mais les gendarmes sont convaincus qu'il s'agit d'un "faux cambriolage" car les objets de valeur n'ont pas été emportés.

Deux ans après, le gendre mis en examen

Les enquêteurs privilégient donc la piste d'un meurtre perpétré par une connaissance ou un proche de Marie-Louise Jouve. Pourtant, même en auditionnant plusieurs centaines de personnes, ils peinent à mettre à la main sur un suspect crédible.

Il faudra attendre près de 2 ans pour qu'une première piste se dessine dans leur esprit: en septembre 2013, le gendre de la victime, Yves G., est réinterrogé. Selon les enquêteurs de l'époque, son discours laisse apparaître des incohérences dans son emploi du temps, expliquait à l'époque France 3. Il est alors mis en examen pour le meurtre de sa belle-mère, bien qu'il clame son innocence.

"La mise en examen repose sur des contradictions dans ses déclarations sur son emploi du temps du 31 décembre 2011, mais deux ans après, il est difficile de se souvenir précisément des détails de la journée...", détaillait alors Me Pauline Solvac Tourgon, son avocate de l'époque, qui ajoute que son client s'entendait très bien avec Marie-Louise Jouve.

"L'impression d'être condamné"

Finalement, l'affaire fait l'objet d'un non-lieu en 2020, faute d'éléments suffisamment probants pour conduire à un procès. Les proches de Marie-Louise Jouve ne font alors pas appel de cette décision. Aujourd'hui âgé de 68 ans, l'unique suspect au dossier s'est confié auprès du Progrès.

"Il leur fallait un coupable mais ils n’avaient pas d’élément", regrette-t-il.

Alors que le mobile de l'héritage a été évoqué pendant l'enquête, Yves G. dénonce une théorie illogique selon lui. "Les gendarmes n’avaient pas grand-chose. Ils pensaient que je lui devais de l’argent. Elle rendait d’énormes services. Moi-même, j’ai failli déposer le bilan avec mon entreprise, mes beaux-parents m’ont bien aidé. Je n’irais pas les tuer après ça", explique-t-il, persuadé que le vrai coupable se trouve cependant bien dans l'entourage de la victime.

Alors qu'il vit toujours dans la maison mitoyenne à celle de Marie-Louise Jouve, l'ancien suspect numéro 1 évoque auprès de nos confrères le calvaire qu'ont constitué pour lui dix ans de mise en examen et l'isolement qu'ils subit encore maintenant. "J’ai l’impression d’avoir été condamné, c’est le grand désert. C’est même devenu un site ici: 'Là, c’est la maison de la victime et, là, c’est la maison de l’assassin'. Ça vous démolit. J’ai pensé à quitter le village. Vous ne vous en remettez pas comme ça."

Elisa Fernandez