"Non élucidé": Janine Sopka, le mystère de la femme découpée

Le corps démembré de Janine Sopka a été retrouvé sur les rives de la Sambre, à Locquignol dans le Nord. - Capture Google Street View
C'est un mystère qui reste entier, presque 20 ans plus tard. Dans le Nord, les membres d'un corps de femme découpés sont retrouvés dans des sacs plastique dans plusieurs canaux autour de la commune de Locquignol. La victime s'appelle Janine Sopka. Pour résoudre le meurtre de cette retraitée de 59 ans, les gendarmes ont envisagé plusieurs pistes, sans qu'aucune n'aboutisse réellement.
Le 25 février 2003, un homme chargé de l'entretien des espaces verts de la base nautique débute son travail au matin. Comme d'habitude, il nettoie les rives du canal de la Sambre. Mais cette fois-ci, un élément retient son attention: un sac en plastique à moitié immergé, que lui et ses collègues décident d'ouvrir.
"On s'est aperçu qu'il y avait un talon. On a vu le restant du pied. Là, on s'est dit que c'étaient des parties d'un corps humain", raconte-t-il.
Le témoignage de ces agents d'entretien va donner de précieuses indications aux enquêteurs: ils assurent n'avoir pas remarqué la présence du sac lors de leur nettoyage de la veille. Il aurait donc été déposé dans la nuit du 24 au 25 février.
Une retraitée de 59 ans identifiée
Au cours de leurs recherches, les gendarmes finissent par mettre la main sur deux autres sacs, l'un contenant des objets religieux, l'autre un tronc humain de femme. Quelques jours plus tard, le parquet d'Avesnes-sur-Helpe ouvre une information judiciaire pour "homicide volontaire".
À partir de ces différents éléments, les médecins légistes tentent de deviner la cause de la mort. Ils découvrent des lésions sur les poumons de la victime et en concluent que la victime a sûrement été asphyxiée. Par ailleurs, ils parviennent à établir que les membres du corps ont pu être découpés à l'aide d'une scie électrique.
En parallèle, les enquêteurs finissent par faire le lien avec la disparition d'une retraitée de 59 ans, Janine Sopka.
"C'était quelqu'un qui avait bon coeur, quelqu'un de vivant, qui pouvait être enthousiaste, voire euphorique", raconte l'ancien procureur d'Avesnes-sur-Helpes, Bernard Beffy, en charge à l'époque des investigations.
La perquisition du domicile de Janine Sopka ne donne rien. Mais en fouillant dans le passé de la retraitée, les enquêteurs comprennent cependant qu'elle avait pour habitude de multiplier les aventures sans lendemain. Ils se tournent donc immédiatement vers les amants de la victime, notamment vers celui qui l'a vue pour la dernière fois, et un autre homme à la réputation violente. Ces pistes n'aboutissent finalement à rien.
Un mis en examen, mais jamais de procès
La piste du tueur en série surnommé le "dépeceur de Mons", en Belgique - un autre cold case -, est également envisagée, de nombreuses similitudes apparaissant dans le mode opératoire ainsi que dans le profil des victimes, généralement des femmes seules et isolées. Pourtant, les enquêteurs écartent également cette piste.
En recentrant leur enquête sur les environs du crime, les gendarmes sont intrigués par des propos agressifs que tient le patron d'une scierie non loin: en effet, l'homme n'hésite pas, devant eux, à traiter Janine Sopka de "fille facile". "C'est un homme qui parle simplement, un peu bourru", défend son avocat, Me Vincent Demory.
"Si mon client n'avait pas été propriétaire d'une scierie, il y a tout lieu de penser qu'on ne se serait pas intéressé à lui", affirme-t-il encore.
Des traces de sang sont pourtant retrouvées à plusieurs endroits de la scierie, un élément que ne parvient pas à expliquer le propriétaire des lieux. Ce dernier est mis en examen et placé en détention provisoire. Il est pourtant libéré quelque jours plus tard, faute de preuves assez incriminantes. Malade, il est mort 7 ans plus tard, alors qu'il était toujours mis en examen. Jusqu'au bout, il clamait son innocence.
Suite à ce décès, le parquet a rendu une ordonnance de non-lieu, clôturant définitivement le dossier du meurtre de Janine Sopka.
Retrouvez l'épisode consacré à Janine Sopka dans l'émission "Non élucidé" sur la plateforme RMC BFM Play.