RMC Crime
Cold Cases

Meurtre de Muriel Théron: trente ans plus tard, le tueur de la lycéenne n'a pas été identifié

La lycéenne avait été violée puis tuée alors qu'elle rentrait chez elle après le lycée, le 14 avril 1993, dans le quartier de la Croix-Rousse à Lyon.

Encore aujourd'hui, impossible de mettre un nom sur le meurtrier de Muriel Théron. La jeune fille de 17 ans avait été retrouvée morte dans le quartier de la Croix-Rousse, victime d'un viol avant d'être tuée, le 14 avril 1993.

Trente ans après les faits, le pôle dédié aux crimes sériels et non élucidés de Nanterre (PCSNE) a repris en main le dossier du meurtre de la lycéenne. Une annonce qui suscite un nouvel espoir pour les proches de la victime, représenté par Me Yves Sauvayres.

"C'est le dernier espoir de Monsieur Théron", résume l'avocat, invité de l'émission "Affaire suivante", sur BFMTV, le 26 mars dernier.

Un chemin réputé dangereux

Ce jour-là, l'adolescente quitte son établissement vers 12h30. Elle rend d'abord une courte visite à sa grand-mère et son oncle, puis part prendre le bus sur les coups de 13 heures afin de rentrer chez elle, à Neuville-sur-Saône. Sa grand-mère la met d'ailleurs en garde, lui demandant de faire attention à elle en empruntant la rue Niépce, un raccourci réputé dangereux, souvent fréquenté par des toxicomanes.

Muriel ne rentrera en effet jamais chez ses parents. Inquiet, son oncle se lance à sa recherche en fin d'après-midi et découvre son cartable, abandonné au bord du chemin, ainsi qu'un vêtement lui appartenant. Il contacte alors les gendarmes.

Ce n'est que dans la soirée que la jeune fille est retrouvée morte. Le visage et le corps griffés et en sang, il semble qu'elle ait été étranglée par son agresseur, après avoir été violée, comme en atteste notamment son pantalon, baissé jusqu'aux chevilles.

Une trace de sperme prélevée sur le corps

Parmi les témoignages recueillis, une autre lycéenne explique être passée par le fameux passage et y avoir vu des fourrés bouger, sans avoir compris ce qu'il s'y passait. À ce moment-là, des traces de sperme retrouvées sur le corps de la victime retiennent l'attention des enquêteurs, qui espèrent pouvoir confondre l'auteur des faits grâce à l'ADN retrouvé.

Les forces de l'ordre vont se pencher sur plusieurs pistes, à commencer par celle d'un homme au comportement suspect que deux éboueurs ont vu à bord d'une voiture. Mais celle-ci, comme la piste d'un exhibitionniste qui avait déjà suivi la jeune fille par le passé, ne donnera finalement rien. Au total, 50 suspects sont envisagés et passés en revue, mais le coupable n'a jamais pu être arrêté.

Chargé de l'enquête en tant que procureur de la République de Lyon en 1993, Jacques Dallest, auteur de Cold cases, un magistrat enquête aux éditions Mareuil, raconte que de grands moyens ont été déployés au début de l'enquête pour retrouver le coupable. "On a même survolé les lieux en hélicoptère", explique-t-il auprès de RMC Crime.

L'enquête rouverte en 2015

Faute d'éléments, l'enquête finit par être refermée en 2012. Grâce à l'aide qu'il reçoit de la part d'une association, le père de Muriel parvient cependant à faire rouvrir le dossier, trois ans plus tard, avec un élément concentrant les espoirs: une trace ADN retrouvée sur le foulard de la victime.

Aujourd'hui, la reprise du dossier par le pôle "cold cases" fait renaître l'espoir au sein de la famille. Les proches de Muriel espèrent notamment que les nouvelles techniques d'enquête permettront d'aboutir à l'identification du coupable grâce à l'ADN prélevé sur le foulard.

Alors qu'il avait dû être muté quelques temps après le début de l'enquête, laissant le dossier non résolu à son successeur, Jacques Dallest évoque l'affaire Muriel Théron comme l'une de celles qui l'ont le plus marqué au cours de sa carrière et qu'il aurait aimé résoudre.

"C’est bien de se dire que près de 30 ans après, le dossier n’est pas clôturé, et est toujours suivi par le père. Est-ce qu’on pourra confondre l’auteur? Est-ce qu’il est toujours vivant? C’est une affaire qui m’a ému."

Elisa Fernandez