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Sylvie Aubert: une victime oubliée des disparus de l’A6

L'autoroute A6 (image d'illustration)

L'autoroute A6 (image d'illustration) - APPR

Entre 1986 et 1999, plusieurs personnes ont disparu dans le département de Saône-et-Loire, le long de l’autoroute A6. Sylvie Aubert en fait partie. Dans ce regroupement d’une vingtaine d’affaires, sept restent aujourd’hui encore non élucidées.

Le 14 novembre 1986, Sylvie Aubert, une jeune femme de 23 ans, termine sa journée de travail en tant que caissière, à Chalon-sur-Saône. Rapidement, une enquête est ouverte pour tenter de retrouver la trace de la jeune femme. Cinq mois plus tard, son corps est finalement identifié dans la Dheune, une rivière qui traverse la ville de Saint-Loup-de-la-Salle, en Saône-et-Loire. D’après les premières constatations, Sylvie a été étranglée et ses mains ont été attachées avec un fil de fer.

L’enquête a longtemps tourné en rond, ne permettant pas de retrouver l’auteur du meurtre de la jeune femme. Les gendarmes décident donc de comparer les éléments retrouvés sur la scène de crime de Sylvie avec les autres dossiers des disparus de Saône-et-Loire, surnommés "les disparus de l'A6", qui regroupent les affaires criminelles qui se sont déroulés à la même période et dans la même région.

Un tueur en série allemand dans l’oeil du viseur

En juin 2016, la gendarmerie avait lancé un appel à témoins dans l’espoir de recueillir de nouveaux éléments, notamment en rapport avec Ulrich Muenstermann, un homme déjà condamné à deux reprises pour des faits de viol et de meurtre. Un témoin avait rapporté que l’homme se trouvait justement à Chalon-sur-Saône en 1986. Détenu à la prison de Fleury-Mérogis, il a toujours nié fermement être l’auteur de ce meurtre.

La même année, Jean-Pierre Mura a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de Christelle Maillery, une collégienne vivant au Creusot. Elle faisait partie des dossiers regroupant les disparus de l’A6. Les éléments sont comparés avec ceux concernant la mort de Sylvie Aubert, mais rien ne colle. En 2018, un autre homme est condamné pour la mort d’une victime de ce même dossier. Il s’agit de Pascal Jardin, condamné à la prison à perpétuité pour le viol et le meurtre de Christelle Blétry. Mais là non plus, cela ne coïncide pas avec le meurtre de Sylvie.

“Tout n’a pas été fait dans le dossier Aubert”

En janvier 2019, le juge d’instruction a décidé de rendre une ordonnance de non-lieu dans l’affaire de Sylvie Aubert, faute d’éléments probants, ce qui met fin à l’enquête pour élucider sa mort. Les avocats de la famille de la victime ont fait appel de cette décision, obtenant l’annulation de cette ordonnance.

“Cette décision montre que tout n’a pas été fait dans le dossier Aubert. Dès maintenant, il faut travailler les pistes locales. Ça nous laisse un grand espoir, car on pense que ça va relancer les autres dossiers”, a déclaré à cette époque Bernard Homais, le président de l’association qui regroupe les familles des disparus de Saône-et-Loire.

Les avocats spécialisés en cold-case, Didier Seban et Corinne Herrmann, souhaitent que des investigations soient relancées pour déterminer si ce n’est pas l'œuvre d’un tueur en série. Ils demandent à ce que les enquêtes concernant les affaires Sylvie Aubert, Carole Soltiziak, Virginie Bluzet, Marthe Buisson, Nathalie Maire et Vanessa Thiellon soient mêlées.

Alix Mancel