L'histoire vraie derrière... le film "Le cas Richard Jewell"

"Le cas Richard Jewell", réalisé par Clint Eastwood en 2019. - Malpaso Productions
ALERTE SPOILER: Si vous n'avez pas vu le film Le cas Richard Jewell, l'article ci-dessous dévoile des éléments importants de l'intrigue.
Héros ou coupable? La question plane tout au long de l'avant-dernier film de Clint Eastwood, Le cas Richard Jewell. En 2019, le réalisateur américain mettait en scène un agent de sécurité d'abord érigé en héros pour avoir déjoué un attentat lors d'un concert à Atlanta, avant de devenir le suspect numéro 1 dans l'enquête.
Tour à tour porté aux nues puis détesté, Richard Jewell est un personnage d'autant plus fascinant que son histoire est basée sur celle d'un agent de sécurité qui se rêvait policier et qui a défrayé la chronique aux Etats-Unis dans les années 1990.
Érigé en héros, puis pointé du doigt
Retour en juillet 1996. Les Etats-Unis célèbrent les Jeux Olympiques d'été et un concert est organisé au sein du parc du Centenaire à Atlanta, dans l'État de Géorgie. Plusieurs milliers de personnes sont réunies à cette occasion lorsque, vers 1 heure du matin, Richard Jewell, agent de sécurité issu de la classe moyenne qui assure ce soir-là la sécurité du parc, repère un sac posé sous un banc.
Il cherche en vain son propriétaire avant d'alerter ses responsables, conduisant à l'évacuation de la zone. En parallèle, un appel anonyme au 911 prévient qu'une bombe va exploser dans le parc. Si deux personnes mourront suite à l'explosion et 110 autres seront blessées, l'agent de sécurité intervient juste à temps pour éviter un massacre.
Les premiers temps suivant cet attentat historique, Richard Jewell sera érigé en héros national par les médias comme par le président Bill Clinton, qui le remerciera pour son action, comme le relate notamment un article de Vanity Fair datant de 1997.
Le rêve tournera cependant bien rapidement au cauchemar: le FBI ne tarde pas à suspecter Richard Jewell d'être l'auteur même de l'attentat. Le mobile que les enquêteurs lui attribuent: avoir voulu se placer sous le feu des projecteurs, lui qui rêvait de quitter sa condition d'agent de sécurité pour intégrer les forces de police.
Des éléments troublants
Le FBI cherche notamment à savoir s'il est la personne qui a contacté anonymement la police le soir de l'attentat pour prévenir qu'une bombe allait exploser. Harcelé par les médias, accusé de toutes parts de ne pas être le sauveur qu'il prétendait être, Richard Jewell, lui, continue de crier son innocence.
Des détails troublants sont par ailleurs mis à jour concernant le parcours et la personnalité de l'agent de sécurité. Selon Sud-Ouest, celui-ci avait notamment reçu une formation en traitement d'explosifs quelque temps auparavant et qu'il était passionné par les armes.
Un de ses anciens employeurs racontera également qu'il avait des doutes quant à son implication dans l'attentat, étant donné sa tendance à vouloir "trop en faire" et se mettre en avant.
Blanchi trois mois plus tard
Victime d'un acharnement médiatique et judiciaire, Richard Jewell sera finalement blanchi trois mois plus tard: un ancien militaire proche des mouvements extrêmistes sera reconnu coupable de l'attentat à sa place, en 1998.
"C'est une grande tragédie américaine (...), une situation typique dans laquelle quelqu'un a non seulement été faussement accusé mais a aussi fait une grande action pour la société. Il a sauvé des vies, c'est un héros qui a été diabolisé en un jour ou deux. C'est la chute ultime", expliquait Clint Eastwood lors de la sortie de son film, dans une interview pour Allociné.
Richard Jewell est mort en 2007 d'une défaillance cardiaque liée à son diabète. Suite au lynchage médiatique dont il a fait l'objet, et soutenu par son avocat, Watson Bryant, il aura signé des accords financiers avec plusieurs organes de presse avant son décès en guise de réparation.