"La Nuit du 12": derrière le film aux six César, l'histoire vraie d'un féminicide jamais résolu

"La Nuit du 12" de Dominik Moll - Haut et Court
Fort de ses six César raflés lors de la cérémonie de vendredi dernier, La Nuit du 12 sort à nouveau dans une centaine de salles en France et en Belgique dès ce mercredi. L'occasion pour ceux qui l'ont raté à sa sortie de découvrir ce long-métrage sur un féminicide jamais résolu, et qui a déjà attiré plus de 500.000 spectateurs français.
Dans La Nuit du 12, Dominik Moll met en scène la comédienne Lula Cotton-Frapier dans le rôle d'une jeune femme brûlée vive par un inconnu encagoulé, alors qu'elle rentre chez elle dans la nuit après une soirée, en Savoie. Le film s'attache notamment à retracer l'enquête des policiers chargés du dossier et confrontés à plusieurs suspects potentiels qui ne semblent pas prendre la mesure du drame. Un message au début du film annonce d'entrée la couleur: rongés par l'absence de réponse, ils ne mettront jamais la main sur le meurtrier.
Après être monté sur scène pour récupérer le César du meilleur film, lors de son discours de remerciement, le réalisateur Dominik Moll mentionne "une pensée pour la vraie Clara, la vraie victime de l'affaire qui a donné lieu au film."
"Elle s'appelait Maud", a conclu sobrement le réalisateur.
Car c'est un fait divers bien réel qui a inspiré Dominik Moll pour réaliser son film: le meurtre de Maud Maréchal, dans la nuit du 14 mai 2013 en Seine-et-Marne.
Brûlée vive alors qu'elle rentrait chez elle
En parcourant le livre de la journaliste Pauline Guéna,18.3: Une année à la PJ, publié en 2021, Dominik Moll a découvert le destin tragique de Maud, brûlée vive à l'âge de 21 ans en mai 2013. Si le réalisateur situe son intrigue en Savoie, c'est sur un trottoir de Lagny-sur-Marne, en Seine-et-Marne, que le corps calciné de la jeune femme a été retrouvé, le 15 mai 2013.
La veille, elle passe la soirée chez une amie d'enfance, où elle retrouve plusieurs de ses proches, notamment son frère. Alors qu'elle part vers 2 heures du matin pour rejoindre le domicile de ses parents, à cinq minutes à pied, elle n'atteindra jamais sa destination.
Le lendemain matin, comme le raconte Pauline Guéna dans son livre, un voisin découvre son corps carbonisé sur le trottoir. "Le visage n’est pas reconnaissable, les cheveux ont disparu, les vêtements synthétiques ont fondu et se sont mélangés à la chair. On devine un bout de soutien-gorge. La partie basse du corps, les jambes minces moulées dans un jean, est intacte à partir des hanches. À quelques mètres, on trouve un téléphone dans une coque rose, qui fonctionne encore", écrit la journaliste.
Une dizaine de suspects possibles, mais rien de probant
Dès le début de l'enquête, les policiers identifient Maud et annoncent que la jeune femme a été brûlée vive après avoir été aspergée d'essence, dans la nuit du 14 au 15 mai 2013. Par ailleurs, un briquet a été découvert non loin du corps. Ses proches la décrivent comme une jeune femme sans histoires, qui travaillait comme serveuse dans un restaurant le temps de trouver sa voie.
Les enquêteurs se tournent vers ses ex-petits amis ainsi que vers un amoureux éconduit et un marginal, mais ces pistes ne donnent rien.
Ils vont également se tourner du côté d'une connaissance de Maud, un jeune homme contre lequel elle avait porté plainte après qu'il l'a menacée de la brûler. Malgré tout, cette hypothèse se révèle aussi vaine que les autres.
Petit à petit, sans piste crédible et faute d'éléments probants envers l'un des suspects potentiels, l'affaire commence à s'enliser, malgré la multitude de témoins entendus. À ce jour, le dossier du meurtre non résolu de Maud Maréchal est toujours ouvert au tribunal de Meaux et reste aux mains de la police judiciaire de Versailles. D'après France 3, il pourrait également intéresser le pôle "cold case" de Nanterre, qui a déjà repris 67 dossiers concernant des crimes non élucidés.