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Non élucidé: le mystère du meurtre de Bandjougou Diawara, ancien indicateur de la police

Le 13 décembre 2010, Bandjougou Diawara est retrouvé mort sur la route à Noisy-le-Grand. Deux hommes sont au coeur des débats avant d'être finalement acquittés.

Chaque année, près de 1000 homicides sont commis en France. Parmi eux, 80% sont résolus et leurs meurtriers sont appréhendés. Malgré tout, des dizaines de meurtres restent non élucidés. C'est le sujet de l'émission Non élucidé, disponible sur la plateforme RMC BFM Play.

Non élucidé: Bandjougou Diawara retrouvé mort sur la chaussée

Non élucidé: Bandjougou Diawara retrouvé mort sur la chaussée

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L'affaire Bandjougou Diawara en fait partie. Dans la nuit du 13 au 14 décembre 2010, le corps de ce père de famille de 32 ans est retrouvé gisant sur la chaussée de Noisy-le-Grand (région parisienne), à côté de sa voiture.

D'après les premières constatations, il a le crâne fracturé et une trace de balle dans le thorax. Une arme, un fusil à pompe, se trouve sur la banquette côté passager à l'intérieur de son véhicule, ce qui intrigue les enquêteurs du 36 quai des Orfèvres dépêchés sur place.

"Ça fait penser à un règlement de compte" confie Michèle Fines, journaliste.

Un destin "terrible"

La victime était connue des services de police pour trafic de stupéfiants, mais avait décidé de se ranger dans le droit chemin.

"Il avait été condamné à plusieurs reprises dans son passé mais qui avait décidé de changer sa vie. Il voulait quitter la délinquance, la criminalité", explique Me Sylvain Cormier, avocat de la défense.

Il s'était reconverti dans l'immobilier et tout se passait bien. Pourtant, quelques jours avant sa mort, ses proches le trouvaient préoccupé, il avait changé d'attitude. "J'ai l'impression que c'est quelqu'un qui aura été rattrapé par la criminalité alors qu'il voulait, lui, lui tourner le dos. Il y a quelque chose de terrible dans ce destin", avoue Me Cormier.

"On va nourrir un mobile qui n'existe pas"

N'ayant pas de piste, les enquêteurs décident de s'intéresser à la dernière personne à avoir vu Bandjougou Diawara vivant. Il s'agit de Fabrice Da Silva, un agent immobilier de 28 ans à qui tout réussit et qui est très ami avec la victime. Les enquêteurs apprennent que Fabrice avait prêté de l'argent à Bandjougou pour payer son loyer. Interrogé, l'homme affirme pourtant que son ami n'avait pas de dette. Pour les policiers, ce silence confirme que cet argent serait le mobile du meurtre.

Fabrice explique aux enquêteurs que le soir du meurtre, il a vu un de ses collaborateurs, Mickaël Touraine. En se penchant sur lui, ils découvrent que son téléphone a borné ce soir-là à proximité de la scène de crime. L'analyse génétique du fusil tombe au même moment et révèle que l'ADN de Mickaël Touraine est retrouvé sur l'arme du crime. Pour les enquêteurs, le doute n'est plus permis. Ils sont persuadés d'avoir mis la main sur le meurtrier de Bandjougou.

"Du coup, on va se dire qu'il y a peut-être un problème, une dette, et on va nourrir un mobile qui n'existe pas", affirme Me Cormier.

Fabrice Da Silva et Mickaël Touraine sont placés en garde à vue puis incarcérés. Inconnus des services de police, les deux hommes se retrouvent plongés dans le milieu carcéral.

Un enquêteur privé bouleverse l'enquête

Convaincue de son innocence, la femme de Fabrice fait appel à un enquêteur privé. Ce dernier s'intéresse particulièrement à la trace ADN de Mickaël Touraine retrouvée sur l'arme. Un nouvel expert réalise alors une nouvelle expertise.

"Il va déterminer qu'il s'agit en fait d'un mélange de plusieurs ADN et qu'il y a notamment l'ADN de la victime, lequel a des allèles assez semblables à ceux de Touraine. Il va se rendre compte qu'il y a très peu de chance que ce soit l'ADN de Touraine", explique l'enquêteur privé Roger-Marc Moreau.

Il remarque également que l'endroit où le téléphone de Mickaël Touraine a borné se trouve dans un périmètre qui peut correspondre à la scène de crime mais surtout à son domicile. Ce qui met à mal cet élément à charge contre lui.

L'enquêteur découvre aussi que Bandjougou était un indicateur pour la police, ce qui est un fait troublant pour les enquêteurs. Cela pourrait expliquer le règlement de compte. Avec ces nouveaux éléments et après quinze mois de détention, les deux hommes sont relâchés.

Leur procès pour meurtre s'ouvre à Bobigny en 2018. Malgré le manque de preuve, Fabrice Da Silva est condamné à 22 ans de prison et Mickaël Touraine à 18 ans. "Là tout le monde est sidéré", confie Michèle Fines. Ils décident de faire appel de cette décision et leur nouveau procès s'ouvre en janvier 2022 à Créteil. A l'issue de cette audience, les deux hommes sont acquittés.

Retrouvez l'épisode consacré à cette affaire dans l'émission "Non élucidé" sur notre plateforme RMC BFM Play et sur RMC Story.

Alix Mancel