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Affaires françaises

Accident de voiture ou assassinat? Condamné pour le meurtre de son épouse, il clame encore son innocence

Une 2CV photographiée roulant dans les rues de Champlan dans la banlieue de Paris (image d'illustration)

Une 2CV photographiée roulant dans les rues de Champlan dans la banlieue de Paris (image d'illustration) - KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Bruno Joushomme avait été condamné en 1998 à la réclusion criminelle à perpétuité, soupçonné d'avoir voulu maquiller l'assassinat de sa femme en accident pour toucher un important héritage.

Cela fait maintenant 38 ans que Bruno Joushomme n'en démord pas: il n'a pas assassiné son épouse en faisant croire à un accident de 2 CV à Chaville, dans les Hauts-de-Seine. Sorti de prison en 2020 après avoir été condamné à la perpétuité en 1998, l'homme va bientôt se pourvoir en cassation avec son avocat pour demander la révision de sa condamnation, relate le Parisien dans son édition de dimanche.

Et pour la première fois depuis sa sortie de détention, le condamné - aujourd'hui âgé de 60 ans - prend la parole auprès de nos confrères pour clamer, une fois de plus, son innocence.

"Il ne faudrait pas que ça arrive à quelqu'un d'autre. Il faut rétablir la vérité et la justice", lance-t-il.

"J'ai toujours contesté ma condamnation et, de ce fait, je suis sous contrôle judiciaire pendant huit ans encore. (...) Pour commettre un tel crime, il faudrait être fou ou animal."

La question de l'héritage

Le crime en question, c'est celui d'Évelyne Laborde, âgée de 61 ans au moment des faits, en février 1985. Trois mois plus tôt, elle s'est mariée avec Bruno Joushomme, de 40 ans son cadet. Il est le fils de l'une de ses cousines, et ensemble, ils rêvent d'ouvrir un dispensaire en Bretagne, dans un petit fort appartenant à Évelyne, afin d'y accueillir des orphelins éthiopiens.

Selon son récit, un soir de février 1985, Évelyne Laborde prend le volant, avec Bruno Joushomme à ses côtés, mais rate un virage. La 2CV prend alors feu. Le jeune homme parvient à s'extirper du véhicule, mais la porte de son épouse est coincée.

Les premières constatations laissent à penser à un banal et triste accident de la route. Pourtant, la famille de la victime se penche davantage sur le dossier, et finit par porter plainte contre le veuf, persuadée qu'il a voulu déguiser le meurtre de son épouse, pour hériter d'une somme conséquente.

"C'est la triste histoire d'un petit idéaliste un peu 'chtarbé' qui n'a pas vu où il mettait les pieds. Soit dans un panier de crabes (la famille de la victime, NDLR) qui ne parlait qu'héritage, argent et patrimoine", estime, toujours auprès du Parisien, Bruno Joushomme.

Un procès 14 ans après

L'instruction reprend avec ces nouvelles accusations, et finit par aboutir, 14 ans plus tard au procès du jeune homme à Nanterre, en 1998. Il écope finalement d'une peine de réclusion criminelle à perpétuité.

"Quatorze ans s'étaient écoulés. Dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, il est écrit que toute personne a le droit à être jugée dans des délais raisonnables. J'ai l'impression d'être l'un des exemples de la corrosion de ce droit", estime à présent Bruno Joushomme.

Selon son avocat, la requête de révision de sa condamnation devrait être déposée auprès de la Cour de cassation dans les semaines à venir.

Elisa Fernandez