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Affaires françaises

Franck Lavier, un des acquittés d'Outreau, devant la justice pour des agressions sexuelles sur sa fille

Franck Lavier en juin 2015

Franck Lavier en juin 2015 - Damien Meyer - AFP

Il comparaît ce vendredi pour des agressions sexuelles sur sa fille aînée, qui remonteraient à 2015 et 2016. Il conteste ces accusations.

À nouveau devant la justice. Franck Lavier, l'un des acquittés d'Outreau, comparaît ce vendredi devant le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais, soupçonné d'agressions sexuelles sur sa fille aînée entre 2015 et 2016, alors qu'elle était encore mineure.

Jugé pour "atteintes sexuelles par violence, contrainte, menace ou surprise", il encourt sept ans de réclusion criminelle et 100.000 euros d'amende.

Une enquête préliminaire avait été ouverte dès 2016 après que la jeune fille, alors âgée de 16 ans, a déclaré au sein de son lycée avoir été abusée par son père. Après ce signalement, l'adolescente a été placée de manière provisoire par l'Aide sociale à l'enfance.

Franck Lavier devait originellement comparaître aux assises pour "viol" et "agressions sexuelles" avant que l'affaire ne soit correctionnalisée, les faits étant redéfinis en "agressions sexuelles par ascendant", avec l'accord des deux parties.

Acquitté dans l'affaire d'Outreau

Franck Lavier faisait partie avec sa compagne des acquittés d'Outreau. Il avait été condamné en 2004 à six ans de prison pour le viol de sa belle-fille par la cour d'assises du Pas-de-Calais, puis acquitté l'année suivante par la cour d'appel de Paris. Il avait passé en tout 36 mois en prison.

Le dossier de pédophilie d'Outreau a éclaté en février 2001 et a défrayé la chronique. Il avait abouti à un fiasco judiciaire, après deux procès aux assises en 2004 et 2005. Treize des 17 accusés avaient été acquittés.

Concernant les faits pour lesquels l'homme est jugé ce vendredi, son avocate Me Fabienne Roy-Nansion assure qu'il les conteste. Selon elle, la plaignante, aujourd'hui âgée de 23 ans, "n'a jamais réussi à s'intégrer dans sa famille" biologique. Elle avait été placée en famille d'accueil de ses 20 mois à ses 6 ans, lorsque l'affaire d'Outreau a éclaté.

Quant à Me Isabelle Steyer, qui représente l'association La Voix de l'enfant, partie civile dans ce procès, elle affirme que le dossier a souffert d'un "délai hallucinant". "Quand il y a des mineurs, les dossiers devraient être une priorité", a-t-elle commenté auprès de l'AFP.

Condamné en 2012 pour "violences habituelles"

Franck Lavier et son épouse, Sandrine Lavier, ont déjà été condamnés en 2012 pour des faits relatifs à des violences sur leurs enfants: ils avaient écopé de dix et huit mois de prison pour des maltraitances commises toujours sur leur fille aînée, mais aussi sur son petit frère.

En s'appuyant sur les constatations de médecins, l'accusation évoquait alors des mauvais traitements, les enfants ayant été obligés de rester à genoux sur un balais pendant plusieurs heures en guise de punition. Des traces de coups de latte de sommier avaient aussi été constatées sur le bout des doigts de l'aînée.

Pendant une perquisition au domicile du couple, les enquêteurs avaient également découvert des vidéos prises entre 2008 et 2009 lors de soirées arrosées dans le même appartement: on y voyait des adultes plus ou moins dénudés s'adonner à des simulations d'actes sexuels en présence des enfants. Franck et Sandrine Lavier avaient cependant été relaxés pour les faits de "corruption de mineurs", pour lesquels ils comparaissaient également.

Selon les déclarations du parquet auprès de l'AFP, une demande de huis clos a été formulée pour cette nouvelle audience. La question sera tranchée à l'ouverture des débats.

Elisa Fernandez avec AFP