Il exerçait une emprise sur sa victime: un gigolo jugé après la mort d'un professeur de philosophie en 2019

Tribunal de Lille (image d'illustration) - Google Street View
Dans quelles circonstances exactes est mort Jean-Pierre Mailliot, professeur de philosophie à la retraite, retrouvé inanimé à son domicile lillois en 2019? C'est la question à laquelle tente de répondre la cour d'assises de Lille cette semaine.
Lundi s'est ouvert le procès de Marek F. pour "violences habituelles ayant entraîné la mort sans intention de la donner". L'individu, un gigolo âgé de 34 ans - soit près de 40 ans de moins que la victime - est en effet soupçonné d'avoir exercé une forte emprise sur Jean-Pierre Mailliot et d'avoir précipité son décès en lui infligeant des coups. Ce dernier est mort asphyxié par la régurgitation d'un cocktail d'alcool et de médicaments qu'il avait avalé.
Quarante ans d'écart entre les amants
Selon le récit que livre La Voix du Nord de l'affaire, Jean-Pierre Mailliot est retrouvé mort, chez lui, le 15 mars 2019. Il devait fêter son 70ème anniversaire seulement quatre jours plus tard.
Les enquêteurs remontent dans le passé de cet homme pour tenter d'établir plus clairement le scénario qui a conduit à son décès. Agrégé de philosophie en 1990, Jean-Pierre Mailliot enseignait cette matière au lycée Faidherbe de Lille avant de prendre sa retraite. Toute sa vie, relatent encore nos confrères, il revendiquera sa bisexualité et aura plusieurs amants.
Dix ans avant sa mort, il fait la rencontre d'un jeune toxicomane d'à peine 20 ans, Marek F., et tombe éperdumment amoureux de lui. Dès lors, une relation d'emprise s'installe entre les amants. Bientôt, Jean-Pierre Mailliot ne compte plus les sommes qu'il dépense pour Marek F. Il sombre dans l'alcoolisme et la dépression, en vient aussi à demander de l'argent à certains de ses voisins et anciens amis.
Des ecchymoses suspectes sur le corps
Toujours d'après La Voix du Nord, c'est Marek F. qui, se trouvant avec lui, prévient les secours le soir de la mort du professeur retraité... attirant rapidement l'attention des enquêteurs. Et s'il comparaît cette semaine devant les assises pour "violences ayant entraîné la mort", c'est notamment parce que quatre experts ayant eu à examiner le corps pendant l'enquête ont souligné la présence suspecte d'ecchymoses sur la victime.
Parmi les traces relevées, certaines "ne peuvent avoir été causées que par l'intervention d'un tiers", selon leurs mots.
Marek F., lui, assure ne pas avoir donné de coups à la victime, au sujet de laquelle il répétera plusieurs fois durant l'enquête qu'il la considérait comme un "père" plutôt que comme son amant. Selon lui, la mort de Jean-Pierre Mailliot est due à une chute alors que l'homme avait ingéré une grande quantité d'alcool et de médicaments.
Le verdict devrait tomber ce mercredi, dans la soirée.