RETOUR SUR. L'affaire Aldo Buzzetti, un meurtre en famille à Noël

Image d'illustration. - Unsplash Canva
Un réveillon de Noël qui a tourné au drame, 19 ans plus tôt. En 2014, une femme et son fils ont été jugés pour le meurtre d'Aldo Buzzetti, leur mari et père, le soir du 24 décembre 2003 à Paris. Après une dispute liée à l'alcoolisme de son époux, Marie-France Buzzetti lui a administré une forte dose de somnifères. Leur fils, Stéfano, a ensuite pris la décision d'étrangler son père avec des câbles électriques.
Tout commence en octobre 2009, à Boissy-Saint-Léger, lorsqu'une femme vient signaler la disparition de son père. Selon ses dires, même si elle ne le voit pas régulièrement, elle n'a plus eu de nouvelles de sa part depuis six ans déjà. L'homme en question, Aldo Buzzetti, un ouvrier dans le bâtiment d'origine italienne et âgé de 59 ans, s'est séparé de sa mère il y a plusieurs années pour se remarier avec une dénommée Marie-France, avec qui il a eu deux autres enfants.
Mais les relations entre les deux tournent rapidement au vinaigre: à cette époque, Marie-France et Aldo se disputent souvent à propos de l'alcoolisme de ce dernier, qui pouvait devenir violent après avoir bu. Auprès de la fille d'Aldo, Marie-France explique donc que son mari est parti sans laisser de traces, et qu'il serait rentré dans son pays natal après une énième confrontation le soir de Noël 2003.
Une enquête ouverte en 2009
Une enquête est cependant ouverte, six ans plus tard, pour tenter d'éclaircir les circonstances de la disparition d'Aldo Buzzetti.
C'est le nom du fils du disparu, Stéfano, qui va mettre la puce à l'oreille des policiers: ce dernier est bien connu de leurs services, son casier judiciaire faisant état de plusieurs condamnations, notamment pour le meurtre sauvage d'une jeune femme rencontrée sur internet. Interrogé, tout comme sa mère et l'un de ses frères, ce dernier maintient que son père est parti en Italie et qu'il n'a plus donné de nouvelles depuis.
Leur version va cependant être mise à mal lorsque les enquêteurs font le rapprochement entre la disparition d'Aldo Buzzetti en décembre 2003 et la découverte, en février 2004 dans une forêt de Guigneville-sur-Essonne, d'un corps qui n'avait pas pu être identifié. L'analyse des empreintes digitales confirme qu'il s'agit bien de la dépouille de l'ouvrier.
C'est finalement la compagne d'un autre fils de Marie-France qui avouera aux enquêteurs que son époux a été contacté par son frère le lendemain de Noël afin d'aller enterrer le corps d'Aldo Buzzetti.
15 ans de réclusion criminelle
À partir de là, Marie-France déroule le récit d'une soirée de Noël qui vire au cauchemar: le 24 décembre au soir, alors qu'il devait rentrer pour le réveillon, Aldo est introuvable. Selon le récit de la suspecte, il serait finalement revenu vers minuit, et aurait commencé à hurler, furieux qu'on ne l'ait pas attendu pour le repas.
Elle lui fait alors avaler une forte dose de somnifères. Le lendemain, elle raconte à son fils Stéfano ce qu'il s'est passé la veille. Ce dernier, excédé, finit par prendre des câbles électriques et étrangle son père, toujours affaibli par les cachets.
Marie-France, Stéfano et son autre fils ont été jugés aux assises de Paris en mai 2014, la première pour complicité, le second pour meurtre et le dernier pour recel de cadavre. Selon l'AFP, lors de l'audience, la mère est revenue sur l'alcoolisme de son mari, qui le rendait parfois très violent physiquement et verbalement.
"J'aurais dû partir avec mes enfants", a-t-elle regretté, décrivant les coups et les gifles dont elle a ainsi fait l'objet pendant plusieurs années sans jamais porter plainte.
Selon elle, son fils a toujours été "protecteur" face aux agissements du père. Au terme du procès, le second fils est condamné à 18 mois de prison avec sursis. Marie-France et Stéfano sont pour leur part condamnés à 15 ans de réclusion criminelle.