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Affaires françaises

Un féminicide maquillé en suicide? Dans le Nord, l'enquête sur la mort d'une femme rouverte

La Sambre passant par Maubeuge dans le Nord.

La Sambre passant par Maubeuge dans le Nord. - Google Street View

Laurence de Schepper avait été retrouvée morte, son corps flottant dans la Sambre en 2018. Alors que l'enquête avait conclu à un suicide, son compagnon vient d'être mis en examen pour assassinat.

Un rebondissement, cinq ans après les faits. Après avoir initialement conclu à un suicide, l'enquête sur la mort d'une femme dont le corps avait été retrouvé flottant dans la Sambre en 2018 a repris du chef d'assassinat, indique le parquet de Valenciennes (Nord) auprès de RMC Crime, confirmant une information du Journal du dimanche.

Contre toute attente, son ex-compagnon a été mis en examen puis placé en détention provisoire le 26 janvier dernier. David C. est suspecté de l'avoir tuée et de s'être ensuite débarrassé de son corps.

"On a eu de telles déceptions auparavant qu'on a été soulagés. Ça a été assez compliqué d'obtenir que l'enquête reprenne et soit menée comme on le demandait", explique l'avocat de la famille de la victime, Me Hugo Van Cauwenberge, auprès de RMC Crime.

"On avait des convictions"

Fin 2017, David C. se rend au commissariat de Maubeuge dans le Nord pour signaler la disparition de sa compagne. Une enquête est ouverte pour "disparition inquiétante", aboutissant, le 11 janvier 2018, à la découverte du corps de Laurence de Schepper , vêtu d'un peignoir rose, flottant dans la Sambre.

Mais en l'absence de preuves et de suspect potentiel, l'enquête est refermée en décembre 2020 par le parquet d'Avesnes-sur-Helpe. C'est en septembre dernier que l'enquête a connu un nouvel élan: convaincus qu'il ne s'agissait pas d'un suicide, les proches de Laurence de Schepper et leur avocat ont lutté pour que le dossier reste ouvert.

Car eux sont depuis toujours persuadés de l'implication de David C. dans la mort de la quadragénaire.

"On peut dire qu'on s'est battus. On avait des convictions, des doutes sur une intervention extérieure, il fallait aller au bout de la démarche", rapporte Hugo Van Cauwenberge.

Selon nos confrères du JDD, la thèse du suicide présentait en effet beaucoup d'incohérences. À commencer par le siège conducteur de la voiture de la victime, découverte non loin de la Sambre, qui était trop reculé pour que Laurence de Schepper puisse atteindre les pédales. En outre, l'autopsie révèle que la quantité d'eau dans les poumons était trop faible pour correspondre à une noyade.

La famille espère un procès

À cela s'ajoute que les proches de Laurence de Schepper ont été intrigués par le comportement de son compagnon alors que celle-ci avait disparu. Cet ex-soignant de 50 ans, adepte du spiritisme et connu pour des maltraitances sur d'anciens patients selon nos confrères, aurait notamment glissé à la sœur jumelle de la victime qu'il pensait qu'"elle était dans le fleuve", avant même la découverte du corps.

En outre, les enquêteurs ont découvert que son téléphone ne bornait pas aux endroits où il avait déclaré se trouver le soir des faits. Sans compter que la victime avait déjà déposé plusieurs plaintes à son encontre, toutes classées sans suite.

Les recours en justice des parties civiles ont fini par porter leurs fruits: l'enquête est reprise en main, cette fois par le pôle criminel du tribunal de Valenciennes, du chef d'assassinat. À présent, indique l'avocat, "la famille attend un débat public" et "espère un renvoi devant une cour d'assises pour avoir de véritables réponses".

Elisa Fernandez