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Crimes internationaux

Un surveillant pénitentiaire empoisonné à trois reprises par une de ses collègues

Un infirmier prépare une seringue (image d'illustration)

Un infirmier prépare une seringue (image d'illustration) - Angela Weiss © 2019 AFP

Des infirmiers de la prison d’Huelva, en Espagne, ont été empoisonnés à la méthadone par une de leurs collègues. L’enquête a révélé qu’elle enviait le poste de son supérieur.

Il a vécu un véritable cauchemar. Domingo Camacho, un surveillant de l’infirmerie pénitentiaire de la prison d’Huelva, en Espagne, a été victime d’un triple empoisonnement à la méthadone et autres drogues, en 2018.

Selon les informations d'El Pais, c’est une infirmière de son service, Elena Martinez, qui a été jugée en octobre dernier pour sept délits de “blessures intentionnelles”. Elle risque jusqu’à 23 ans de réclusion criminelle.

Les infirmiers perdaient leurs repères

Lors de l’été 2018, Domingo Camacho a remarqué que ses repas, qu’il avait cuisinés lui-même et conservés dans des boîtes hermétiques, avaient un goût amer. Quelques mois plus tard, le 9 novembre de la même année, c’est au tour du médecin de la prison de remarquer que ses lentilles, qu’il avait également cuisinées, n’avaient pas le même goût que d’habitude. Les deux hommes n’ont pourtant jamais soupçonné être victimes d’un empoisonnement.

Il faudra attendre que six infirmières de la prison se plaignent d’étourdissements et de vomissements après avoir bu un café ensemble pour que cette thèse soit explorée. Un test de dépistage aux drogues a été effectué et a révélé l’impensable. Ils ont tous été empoisonnés.

Après avoir dénoncé les faits dont ils ont été victimes, la police et l’administration pénitentiaire ont ouvert une enquête. Domingo a fourni une analyse de ses cheveux pour relever les traces de méthadones antérieures. L’homme a pu identifier au moins trois dates où il pense avoir été empoisonné, car il a présenté des séquelles ces jours-là. Vertiges, vomissements, étourdissements, perte de repère, l’homme a dû être conduit à l’hôpital car il ne comprenait pas ce qui lui arrivait.

“C’était un cauchemar, un thriller”

Elena Martinez est arrêtée un mois plus tard. Un soulagement pour ses collègues de l’infirmerie de la prison espagnole qui ne quittaient plus leurs repas des yeux. Mais certains restent encore choqués de ce qu’ils ont subi.

“Cela a été un cauchemar, un thriller. Je ressens surtout de l’incrédulité et beaucoup de colère”, explique Domingo,

“Ma vie était en danger, si l’hôpital avait fait un test de dépistage sur moi, et qu’ils avaient vu de la méthadone dans mon corps, comment j’aurais pu justifier cela? J’aurais même pu écraser quelqu’un à moto ou me faire arrêter lors d’un contrôle de routine”.

De son côté, l’accusée nie les faits qui lui sont reprochés. Après analyse, la jeune femme ne souffre d’aucune maladie mentale.

“Il y a des gens mauvais, point final, tout le monde n’a pas de pathologie”, insiste la victime.

Domingo Camacho a remarqué que depuis qu’il a pris la direction de l’infirmerie de la prison, les frictions entre Elena et lui ont augmenté. Il est persuadé qu’elle convoitait son poste. L’homme veut désormais qu’elle soit punie pour ce qu’elle a fait. “Si une personne a tenté de me tuer, qu’elle en paie le prix”.

Alix Mancel