Il n'y a pas que des dossiers d'affaires non élucidées sur le bureau des juges du pôle de Nanterre. Pour permettre de résoudre ces cold cases, les enquêteurs de ce pôle judiciaire ont décidé de s'intéresser aux parcours criminels de huit tueurs et violeurs français. Ce samedi, RMC Crime revient sur l'itinéraire de Pascal Lafolie, mis en examen 27 ans après le meurtre d'une jeune fille dans l'Aisne.
Le 24 mai 1994, Nadège Desnoix est retrouvée morte dans un buisson situé sur un sentier de Château-Thierry. L'adolescente de 17 ans est laissée pour morte après avoir été poignardée à huit reprises et étranglée.
Dès l'ouverture de l'enquête pour meurtre, plusieurs pistes sont passées en revue par le parquet de Soissons. On envisage notamment une implication de Michel Fourniret, étant donné l'âge de la victime. Finalement, cette hypothèse est écartée.
Une correspondance ADN, 27 ans plus tard
Une trace ADN a été prélevée sur le corps de la victime, mais elle ne correspond à aucun auteur connu à l'époque. L'affaire reste au point mort durant de longues années et l'espoir commence à se tarir chez les proches de la jeune fille.
Pourtant, la "reine des preuves" finit bien par parler... 27 ans plus tard. Fin 2021, une correspondance est établie entre l'ADN retrouvé sur le corps et celui d'un certain Pascal Lafolie, 55 ans, qui vient de faire l'objet d'une procédure judiciaire pour "violences conjugales".
L'individu, interpellé le 30 novembre 2021 sur son lieu de travail à Rennes, en Ille-et-Vilaine, reconnaît les faits lors de sa garde à vue. Il déclare avoir eu une "pulsion" et s'en être pris à Nadège Desnoix à ce moment-là, la forçant à pratiquer une fellation. Il rejette cependant toute notion de préméditation.
Des faits d'agression sexuelle et de viol
Depuis la mise en examen de Pascal Lafolie et son placement en détention provisoire, l'instruction est toujours en cours, confirme à RMC Crime le procureur de Soissons, Julien Morino-Ros. Mais si le pôle de Nanterre s'intéresse à lui, c'est qu'il traîne derrière lui un lourd passé judiciaire.
En 1997, alors qu'il est père de deux petites filles, il force une mineure à monter dans sa voiture pour lui imposer une relation sexuelle. Il est condamné une première fois, mais cela ne le dissuade pas de repasser à l'acte, trois ans plus tard. Il s'en prend cette fois à une femme majeure qu'il viole. Des faits pour lesquels il est à nouveau condamné en 2002.
Pourtant, alors qu'il était depuis inscrit au fichier des délinquants sexuels, le Fijais, son ADN n'avait jamais été prélevé, empêchant jusqu'ici la résolution du cold case de Nadège Desnoix.
Les deux faces de Pascal Lafolie
Alors que des voisins l'ont décrit dans les médias comme quelqu'un de "gentil" et "serviable", sa sœur en a dressé un portrait plus noir auprès du Parisien après son arrestation. Elle explique que Pascal Lafolie a passé une partie de son enfance en Afrique du Sud avant de revenir en Seine-et-Marne. À cette époque-là, "tout le monde l'appréciait", déclare sa sœur.
Tout dérape en 1997, lorsqu'il est condamné pour agression sexuelle sur mineur à l'âge de 30 ans. Mis face à sa culpabilité, "il n'a pas conscience de l'ampleur des dégâts qu'il cause", explique son beau-frère, toujours auprès de nos confrères.
"Il se dédouane de tout, il dédramatise", assure-t-il.
Surtout, son comportement lorsqu'il est en présence de sa nièce inquiète la sœur du mis en cause: "Quand il la prenait sur ses genoux, sa respiration changeait, sa jambe bougeait bizarrement. On lui a dit d'arrêter."
Alors que l'enquête se poursuit, l'homme n'a pas encore été renvoyé devant une cour d'assises pour le meurtre de Nadège Desnoix. S'il l'est, il encourt cette fois-ci la réclusion criminelle à perpétuité.