On dit d'elle qu'elle est réglée comme du papier à musique. Par sa taille et son organisation, la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis, dans l'Essonne, s'inscrit parmi les établissements pénitentiaires les plus emblématiques de l'Hexagone. Et elle peut même se targuer d'être la plus grande prison d'Europe, pouvant prendre en charge jusqu'à 4800 détenus.
Avec une telle capacité d'accueil, la prison se doit de suivre un fonctionnement précis. "L'établissement tourne bien, tout est orchestré", nous confirme une représentante d'un syndicat qui a souhaité rester anonyme. Un mécanisme bien huilé donc, quitte à donner à Fleury-Mérogis un petit côté "usine", analyse de son côté Me David Parison, qui y est déjà intervenu pour rendre visite à des clients.
"De la réservation des parloirs à l'accueil assez froid des avocats, c'est un peu l'usine", décrypte l'avocat originaire de l'Aube, soulignant un aspect assez "inhumain" dans cette organisation très carrée.
De Patrick Balkany à Salah Abdeslam
Sans compter les conseillers d'insertion et de probation, ce sont près de 1700 membres du personnel qui s'assurent chaque jour de la bonne marche des différents quartiers de l'établissement, composé d'une maison d'arrêt pour femmes, d'une pour les hommes et d'un quartier dédié aux mineurs.
À l'instar de la prison de la Santé, autre maison d'arrêt francilienne, on y trouve un quartier d'isolement, par lequel sont notamment passées de nombreuses personnalités nécessitant des conditions de sécurité particulières, de Patrick Balkany (qui s'est vu depuis accorder une libération conditionnelle) à Salah Abdeslam (qui a rejoint une prison belge l'an dernier).
Comme dans d'autres établissements, à Fleury-Mérogis, l'accent est mis sur les activités préparant la réinsertion des détenus. Plusieurs formations leur sont notamment proposées, allant de la peinture en bâtiment à la coiffure pour les femmes, et du métier de mécanicien à celui d'infographiste pour les hommes, peut-on lire sur le site du Ministère de la Justice.
En 1987, une association, "Lire c'est vivre", est même née au sein de la maison d'arrêt sous l'impulsion de Robert Badinter afin de promouvoir la culture auprès des détenus. Depuis, ce sont dix bibliothèques qui se sont implantées dans l'établissement ainsi qu'au centre de semi-liberté de Corbeil-Essonne.
"Plus de moyens"
Interrogée, une représentante syndicale indique ne pas voir de problématiques particulièrement importantes à relater sur Fleury-Mérogis. "Évidemment, on est toujours favorables à un travail plus sécurisé du personnel pénitentiaire, on aimerait qu'il y ait plus de moyens. Il y a quelques agressions", déplore-t-elle, citant l'exemple d'un surveillant poignardé à la fin du mois de juin par un détenu.
"Mais c'est un bel établissement, pas du tout vétuste. En-dehors de la maison d'arrêt pour femmes, tout a été rénové récemment. Tout est bien pensé et bien agencé en matière de sécurité", argumente-t-elle.
Quant à la question d'une surpopulation carcérale, alors que la France est régulièrement épinglée par la CEDH sur ce sujet, la représentante syndicale répond sans fard qu'il n'y a "aucun matelas au sol" à Fleury-Mérogis.
Au 1er janvier dernier, selon les chiffres de l'Observatoire International des Prisons, la maison d'arrêt pour hommes de Fleury-Mérogis affichait cependant un taux d'occupation de 129%.