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Affaires françaises

Rédoine Faïd, Salah Abdeslam…qui sont les détenus les plus surveillés de France?

Quartier d'isolement en prison (image d'illustration)

Quartier d'isolement en prison (image d'illustration) - Édouard Hue / Wikimédia

En France, certains détenus jugés trop dangereux obtiennent le statut de détenu "DPS", ce qui oblige une surveillance particulière de la part du personnel pénitentiaire.

Au sein d'une même prison, certains détenus ont un statut différent des autres. Il s'agit du statut de "Détenus Particulièrement Surveillés", aussi appelé DPS. Cette catégorie a été créée en réponse aux délinquants les plus dangereux, contestataires ou indisciplinés. Les détenus inscrits dans ce répertoire font l'objet d'une attention toute particulière.

Pour être inscrit dans le répertoire des détenus particulièrement surveillés, une commission locale se réunit chaque année et transmet un avis à une commission nationale, qui rend à son tour son compte rendu au garde des Sceaux afin qu'il tranche sur une possible inscription au fichier DPS.

"Il suffit qu'une seule personne au sein de la commission nationale soit favorable à l'inscription d'un détenu comme DPS pour que la décision soit prise", comme l'explique Me Gérald Pandelon, avocat au barreau de Paris et conseil à la Cour pénale internationale, à RMC Crime.

Les décisionnaires ne laissent que peu de place au doute pour garantir une sécurité maximum.

Tous les ans, de nouveaux détenus sont placés sur la liste des DPS. En France, on en dénombre une centaine dans les différentes maisons centrales. Si cette liste est actualisée chaque année, elle se base sur des critères très précis. "Annuellement, on statue pour savoir si on reconduit le statut de DPS, au regard des critères notés l'année précédente, ou pas".

Des critères très précis

Il existe quatre critères qui définissent, par la circulaire du 18 décembre 2007 et l'article D. 276-1 du code de procédure pénale, les conditions d'inscription d'un détenu sur cette liste, comme l'explique Me Gérald Pandelon.

"Un répertoire des détenus particulièrement surveillés recense toutes les personnes qui remplissent l'un de ces critères".

Cela concerne les détenus impliqués dans la criminalité organisée ou internationale. "Il faut que la personne ait fait l'objet de plusieurs condamnations, notamment pour association de malfaiteurs, ou qu'elle soit fichée au grand banditisme", précise l'avocat. Il y a aussi les détenus qui se sont déjà évadés ou qui peuvent avoir un impact sur l'ordre public.

"Ce sont ceux qui ont réussi leur évasion, on pense notamment à Rédoine Faïd qui, lui, est plus que surveillé".

Puis, il y a ceux qui sont susceptibles de se montrer particulièrement violents. "On pense notamment à ceux qui ont participé à des atteintes graves à la vie d'autrui, des viols, des actes de torture, ou des meurtres en série, comme Michel Fourniret par exemple".

Et enfin, il y a ceux qui font partie d'une mouvance terroriste, comme Salah Abdeslam. "On pense souvent aux terroristes islamiques, mais il y a aussi les Corses et les Basques", précise Me Pandelon.

Vers des conditions de détention encore plus strictes?

Les conditions de détention des détenus fichés DPS varient en fonction de la maison centrale ou de la dangerosité du prisonnier. Si certains sont incarcérés en quartier d'isolement pour garantir leur contrôle, d'autres peuvent rester en quartier ordinaire, mais sous certaines conditions.

"Généralement, leurs cellules se trouvent très proches du poste central des surveillants pénitentiaires", comme l'explique Me Pandelon, "il y a une attention et une vigilance accrue de la part de l'intégralité du personnel pénitentiaire".

Le quotidien de ces détenus particulièrement surveillés a aussi ses petites subtilités. Ils font notamment l'objet de fouilles régulières, changent régulièrement de cellule pour ne pas avoir la possibilité d'établir de plan pour s'évader, par exemple, et chacun de leur déplacement s'accompagne de la mobilisation d'une équipe renforcée de surveillants pénitentiaires.

Selon l'avocat, les mesures mises en place pour surveiller les DPS devraient être encore plus renforcées qu'elles ne le sont actuellement. "Je pense qu'on devrait créer une sorte de maison centrale, dans la maison centrale, car quand on connaît la dangerosité de ces détenus, il faudrait que certains soient définitivement à l'isolement", confie-t-il.

Alix Mancel