Affaires françaises

Qu'est-ce que l'odorologie, cette technique qui permet de retrouver l'odeur d'une personne sur une scène de crime?

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Pour identifier un suspect dans une affaire criminelle, la police scientifique utilise différentes techniques, dont une bien particulière: l'odorologie. Elle repose sur la reconnaissance de l'odeur d'un individu par des chiens spécialisés.
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Le flair et l'odorat des chiens n'ont plus à faire leurs preuves. Depuis longtemps, ils sont utilisés par la police pour notamment retrouver des personnes disparues, ou détecter des explosifs. Mais il arrive aussi qu'ils soient convoqués pour une technique bien particulière: il s'agit de l'odorologie.

À l'occasion du centenaire de la police scientifique, les membres de cette brigade nous ont ouvert les portes de leur laboratoire parisien pour nous expliquer en quoi consiste cette méthode.

Spécialité méconnue, elle permet, au même titre que la reconnaissance d'empreintes génétiques, d'identifier un criminel. Grâce à la combinaison d'une technique venue tout droit de Hongrie et du savoir-faire des chiens, il est désormais possible de détecter la présence d'une personne grâce à son odeur corporelle. Longtemps non-officielle, l'odorologie a finalement été validée scientifiquement par des chercheurs du CNRS en 2016.

Une technique tout droit venue de Hongrie

Utilisée en France depuis 2003, la technique de l'odorologie a été pensée en 1970 par un médecin hongrois. Elle consiste à prélever l'odeur sur une surface déterminée à l'aide d'un tissu en nylon, fabriqué en Hongrie, dont la composition est gardée secrète. Grâce à des bandes de ce tissu appliquées sur la surface à examiner, les agents récupèrent les empreintes olfactives laissées par un suspect ou une victime.

L'odeur peut rester sur une surface pendant dix jours avant qu'elle ne devienne indétectable. Il est donc important d'intervenir rapidement sur la scène de crime. Sur place, les bandes de tissus sont ensuite placées dans des bocaux stériles pendant une heure pour que l'odeur puisse s'y diffuser. Ce bocal peut être stocké parmi les scellés par la suite, puisque 15 ans après le recueil de l'odeur, celle-ci reste encore identifiable.

De retour au laboratoire de la police scientifique, l'odeur de la victime et/ou du suspect sont ensuite récupérées sur un autre tissu et placées dans un bocal parmi plusieurs autres. C'est là que des chiens, spécialement entraînés par des maîtres-chiens hongrois, interviennent pour effectuer une correspondance. Cette séquence peut être filmée pour ensuite être diffusée au cours d'un procès d'assises, afin de prouver la présence de l'accusé ou de la victime sur la scène de crime, même si ces derniers n'ont pas laissé d'empreinte ADN.

Car l'odeur peut être plus identifiable qu'une empreinte génétique. Et pour cause, chaque individu dispose d'une odeur corporelle qui lui est propre et qu'il garde toute sa vie. Même les jumeaux monozygotes, qui présentent le même patrimoine génétique, ont une empreinte olfactive différente. Cela permet donc de les différencier dans une affaire criminelle pour savoir lequel des deux est coupable.

Elle a permis de résoudre plus de 162 affaires

La technique de l'odorologie a déjà fait ses preuves lors d'enquêtes criminelles depuis son utilisation par les enquêteurs français.

"Entre 2003 et 2016, l'odorologie a été utilisée dans 522 cas à la sous-direction de la police technique et scientifique d'Ecully, et a permis de résoudre 162 affaires judiciaires", a indiqué le CNRS dans un communiqué datant de 2016.

Dans l'affaire de la petite Maëlys, comme le révèle Le Parisien, l'odorologie avait été utilisée. Au cours de l'enquête, Nordahl Lelandais était accusé d'avoir transporté la petite fille dans sa voiture. Mais après une première vérification de son véhicule, aucune trace ADN de l'enfant n'avait été retrouvée, car il avait nettoyé l'habitacle. C'est là que la police est intervenue pour utiliser la technique de l'odorologie, en espérant retrouver l'odeur de Maëlys. Cela aurait prouvé qu'elle serait bien montée à bord.

Mais cette fois-ci, les résultats de l'odorologie n'ont pas abouti, car les chiens sont tombés malades après avoir reniflé les odeurs de détergent utilisé par Nordahl Lelandais pour nettoyer sa voiture.

Alix Mancel

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